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Édition du lundi 20 janvier 2025
Culture

Budget 2025 : un temps menacées, les radios locales retrouvent leurs crédits au Sénat

Malgré un coup de rabot sur la culture, les sénateurs ont voté le maintien des subventions aux radios locales et adopté la création d'un fonds de soutien d'urgence aux structures culturelles en difficulté financière, ainsi que des crédits pour la préservation du patrimoine.

Par A.W.

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Un fonds de soutien pour les festivals en difficulté, des crédits pour la réhabilitation des monuments et bâtiments patrimoniaux ainsi que le maintien des subventions aux radios locales. 

Malgré des annulations de crédits visant à atteindre un déficit public de 5,4 % de PIB en 2025, les sénateurs ont adopté, en fin de semaine dernière, quelques avancées dans les budgets de la culture et des médias, dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2025.

Ces votes restent néanmoins encore hypothétiques puisqu’une commission mixte paritaire réunira, dans les prochains jours, sénateurs et députés pour trouver un texte de compromis, après le vote du budget par la chambre haute.

Coup de rabot et confusion 

Reste que c’est dans une confusion patente que la mission consacrée aux crédits de la culture a été adoptée, vendredi, par le Sénat. 

Opérant de la même manière que lors de l’examen de la mission dédiée au sport, le gouvernement a choisi de déposer ses amendements à la dernière minute, afin de minorer certains engagements inscrits dans le texte initialement conçu par le gouvernement Barnier et repris par le nouvel exécutif. Dans la foulée, certains sous-amendements ont été adoptés par les sénateurs pour modifier les choix de la ministre de la Culture, Rachida Dati.

Résultat, le budget dédié est devenu illisible à une partie des sénateurs, ceux-ci ne comprenant plus exactement ce pour quoi ils votaient et si le budget était finalement revu à la hausse ou à la baisse.

« Pour moi, c’est la confusion, je n’y comprends rien », s’est notament agacée la sénatrice écologiste de la Gironde, Monique de Marco, qui a demandé des précisions lors de la séance : « J’aimerais que l’on me donne une explication qui me permette de pouvoir comprendre ce qu’il se passe avec l’amendement du gouvernement et le sous-amendement du président de la commission pour que je puisse voter en mon âme et conscience car je suis dans l’impossibilité de faire un choix ».

A en croire l’ancienne ministre de la Justice, le budget de la rue de Valois pour 2025 prévoirait ainsi « une baisse nouvelle de 50 millions d’euros »  par rapport à ce qui était initialement prévu. Une diminution qui s'ajoute à une coupe de 100 millions d'euros arbitrée par le précédent gouvernement en décembre, alors que celui-ci s’était engagé à verser une rallonge de 300 millions d’euros.

Festivals : création d’un fonds de soutien d’urgence 

Malgré ce coup de rabot, Rachida Dati a fait adopter un amendement débloquant des fonds essentiellement fléchés vers la préservation du patrimoine, pour « la rénovation et à la réhabilitation des monuments et bâtiments existants […] en particulier dans les territoires » 

En parallèle, ce budget prévoit la création d’un fonds de soutien d’urgence aux structures culturelles en difficulté financière qui pourraient être amenées « à disparaître »  dans les prochains mois, sans aide. « Il faut bien comprendre que ce n’est pas un fonds de compensation, là où les élus locaux vont se désengager. […] C’est pour sauver du spectacle vivant ou de la création artistique, capitale pour nos politiques culturelles publiques […] que nous devons absolument et impérativement sauvegarder », a expliqué Rachida Dati à l’origine de l’amendement, citant notamment le Festival d’Aix-en-Provence. Mais « nous en avons d’autres », a-t-elle prévenu. 

L’enveloppe consacrée à ce fonds serait finalement portée à 40 millions d’euros après l’adoption d’un sous-amendement du président centriste de la commission, Laurent Lafon.

À noter que le Pass Culture, dispositif qui accorde aux jeunes de 15 à 18 ans 300 euros pour leurs achats culturels, a vu son montant réduit par les sénateurs, contre l'avis du gouvernement.

Radios locales : les crédits du FSER rétablis

Du côté des radios locales, le soulagement devrait être de mise. Sous la menace de coupes « drastiques »  lors de la présentation du projet de budget, celles-ci voient leur avenir s'éclaircir après l’adoption du budget consacré aux médias et à l’industrie culturelle. 

Alors que le Fonds de soutien à l'expression radiophonique (FSER) devait initialement être amputé de quasiment un tiers de ses crédits, le gouvernement Barnier s’était finalement engagé à ne pas y toucher devant la levée de bouclier des responsables des quelque 750 radios associatives locales et des élus locaux. 

Le gouvernement Bayrou a donc décidé de tenir la parole de son prédécesseur puisque la ministre de la Culture a demandé à la chambre des territoires de rétablir les crédits du FSER alloués aux radios locales au même niveau que l’an passé, soit environ 35 millions d’euros. Plusieurs sénateurs ont même fait adopter des amendements augmentant légèrement cette enveloppe, alors qu’une baisse de 10 millions d’euros visait leurs subventions. 

« Nombre de nos concitoyens, dans tous nos territoires, sont à juste titre très attachés »  à ces radios locales, « dont le financement dépend pour plus de 40 % du FSER », avait reconnu l’ancien ministre du Budget Laurent Saint-Martin, en novembre dernier, assurant que « les collectivités territoriales n’ont pas à prendre le relais de ce financement et ne le feront pas ».

On peut  également rappeler que Rachida Dati s’était dit, lors de son audition devant l’Assemblée, l’automne dernier, « assez favorable »  à ce « qu’on mette des critères de contrôle »  pour l’attribution des subventions à ces radios locales qui « ne sont pas toutes de même qualité et de même niveau, et [ne procèdent pas] parfois de la même nécessité ».

S’agissant de l'audiovisuel public (France télévisions, Radio France...), le Sénat a voté un effort supplémentaire d'économies de 80 millions d'euros, moindre que celui proposé par le gouvernement.
 

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