Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 14 octobre 2021
Crise sanitaire

Vers un retour des règles dérogatoires pour les réunions des conseils municipaux et communautaires

Le gouvernement a adopté hier en Conseil des ministres son projet de loi visant à prolonger la période de sortie de l'état d'urgence jusqu'à l'été prochain. Il prévoit aussi de changer, à nouveau, les règles en matière de réunions des organes délibérants des collectivités locales.

Par Franck Lemarc

Baptisé « diverses dispositions de vigilance sanitaire », ce texte vise à permettre à l’exécutif de faire face à une éventuelle nouvelle vague de l’épidémie et lui donne les outils législatifs pour le faire. 

Où en est-on ?

En l’état actuel des choses, depuis le 2 juin dernier, le régime législatif en vigueur est celui de la « sortie de crise sanitaire ». Ce régime permet au gouvernement de déclencher par décret des mesures telles que l’état d’urgence sanitaire sur tout ou partie du territoire, l’utilisation du pass sanitaire pour accéder à certains établissements recevant du public, le couvre-feu, voire le confinement, etc. Ces mesures sont bornées par deux échéances : le 15 novembre, ce sera la fin du pass sanitaire ; et le 31 décembre, la fin du régime dit de « sortie de crise »  permettant d’instaurer l’état d’urgence. 

Le gouvernement veut se donner la possibilité de pouvoir dégainer à nouveau ces mesures jusqu’à l’été prochain. Comme l’a expliqué le porte-parole du gouvernement, hier, à la sortie du Conseil des ministres, il est « trop tôt »  pour effectuer un « désarmement sanitaire ». « Si l’amélioration de la situation sanitaire est aujourd’hui avérée, le risque de rebond épidémique demeure toutefois réel, alors que le virus continue de circuler fortement à l’échelle mondiale, et à l’approche de la période hivernale, propice à une accélération de la circulation virale », précise le gouvernement dans le compte-rendu du Conseil des ministres. 

Recours possible au pass sanitaire jusqu’à l’été

Le premier article du projet de loi reporte donc du 31 décembre 2021 au 31 juillet 2022 la fin du régime de « sortie de crise ». Une fois le texte adopté, cette disposition permettra donc au gouvernement, si besoin, de rétablir le pass sanitaire. Le texte permet aussi de prolonger jusqu’en juillet prochain la possibilité, pour le gouvernement, de prononcer par décret l’état d’urgence sanitaire. Le texte proroge directement l’état d’urgence sanitaire en Guyane jusqu’au 31 décembre prochain. 

Le gouvernement a beaucoup insisté sur le fait que ces dispositions ne signifiaient pas une prolongation de fait du pass sanitaire jusqu’à l’été prochain, mais seulement une possibilité d’y avoir recours : « La prorogation du régime ne signifie pas à cet égard que les mesures seront in fine mobilisées. » 

L’article 3 du texte concerne l’obligation vaccinale pour les personnels de santé. Il est notamment écrit de façon plus claire qu’auparavant que le respect de l’obligation vaccinale, pour les agents publics, doit être contrôlé « par leur employeur ». Le texte prévoit de durcir les peines punissant l’usage de faux certificats de vaccination, et contient diverses dispositions prorogeant certaines mesures prises pendant la crise, comme le dispositif de chômage partiel, jusqu’à l’été 2022.

On peut noter qu'à ce stade, le texte n'apporte aucune précision sur la question toujours floue de la vaccination obligatoire des personnels de crèche (lire Maire info du 22 septembre).

Conseils municipaux et communautaires

La mesure qui intéressera le plus les élus est certainement celle qui est mentionnée à l’article 5 du projet de loi, alinéa 10 : le gouvernement souhaite rétablir les règles dérogatoires qui ont été en vigueur pendant 18 mois sur les réunions des organes délibérant des collectivités territoriales et de leurs groupements. 

On atteint là des sommets dans le manque d’anticipation. Rappelons en effet que ces règles (possibilité de tenir les réunions « en tout lieu », réunions en visioconférence, règles spécifiques de quorum, etc.) ont pris fin le 1er octobre dernier. Depuis, les conseils municipaux et communautaires doivent à nouveau se réunir dans les conditions du droit commun. Mais si le texte est adopté en l’état, il faudra donc revenir aux règles dérogatoires abandonnées quelques semaines plus tôt, et ce jusqu’au 31 juillet 2022. Il eût été indiscutablement plus simple de prolonger directement ces règles au mois de septembre – comme l’AMF avait d’ailleurs invité le gouvernement à le faire à la rentrée. 

Quoi qu’il en soit, lorsque la loi sera adoptée (ce qui devrait aller assez vite), communes et EPCI auront à nouveau la possibilité de se réunir selon les conditions fixées par l’ordonnance du 1er avril 2020 et la loi du 14 novembre 2020. Maire info reviendra évidemment en détails sur ce point le moment venu.

L’examen du texte en séance publique à l’Assemblée nationale va débuter dès mardi prochain, suivi d’un examen au Sénat prévu pour le 28 octobre. Le texte devrait donc être adopté et promulgué tout début novembre. 

Accéder au texte du projet de loi.
 

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