Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 26 novembre 2021
Crise sanitaire

Olivier Véran annonce le démarrage dès demain d'une nouvelle campagne de vaccination de masse

Olivier Véran a dévoilé hier, lors d'une conférence de presse, les mesures décidées la veille en Conseil de défense face à la cinquième vague. La stratégie retenue mise totalement sur la vaccination et les gestes barrières, et le gouvernement n'envisage pour l'instant ni limitation des rassemblements ni restriction des déplacements. 

Par Franck Lemarc

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© Min. de la Santé

« Un jour sans fin » … L’expression a été utilisée hier par le ministre de la Santé pour évoquer la situation, et c’est en effet l’impression que l’on peut ressentir avec le retour de la conférence de presse du jeudi, lors de laquelle sont annoncées les mauvaises nouvelles et les nouvelles mesures. Pourtant, du côté des associations d'élus, les annonces d’hier ont dû être plutôt bien reçues, puisqu’elles ont été entendues sur à peu près tous les sujets. 

Ni confinement ni couvre-feu

« Oui, la France connaît à son tour une 5e vague », a déclaré le ministre en introduction, et celle-ci sera « sans conteste plus forte et plus longue »  que la 4e vague de cet été. Les chiffres de ce matin le confirment : le nombre de personnes infectées chaque jour se maintient au-dessus de 30 000, et le taux d’incidence a dépassé les 200 à l’échelle nationale entre hier et aujourd’hui : il s’établit à présent à 214. Certains départements connaissent des taux bien plus élevés, supérieurs à 300 : c’est le cas de la Haute-Corse et du Haut-Rhin (380 et 309 cas pour 100 000 habitants) ; l’Ardèche dépasse même déjà les 400 (436). 

Le gouvernement estime malgré tout qu’il n’y a pas de risque immédiat de saturation des hôpitaux : « La donne a changé »  par rapport aux vagues de 2020, grâce au vaccin, s’est réjoui Olivier Véran. Il n’y aura donc « ni confinement, ni couvre-feu, ni fermeture anticipée des commerces, ni limitation des déplacements ». Le ministre a insisté sur le fait que « si nous n’avions pas cette couverture vaccinale, nous serions déjà submergés, foudroyés par cette nouvelle vague », parce que le variant Delta est beaucoup plus contagieux que la première souche du virus. Sans le vaccin, « nous serions déjà à cette heure tous confinés ». 

Rappel vaccinal pour tous les adultes

L’arme principale dégainée par le gouvernement sera donc le rappel vaccinal, dont l’efficacité est « impressionnante ». Le gouvernement a décidé d’ouvrir le rappel à « tous les adultes de 18 ans et plus »  et seulement cinq mois après leur dernière injection, au lieu de six jusqu’à présent.  19 millions de personnes environ vont donc devoir à nouveau se faire vacciner, et ce sera possible, en théorie, dès demain, samedi 27 novembre. En théorie, parce que dans les faits, il est déjà très difficile, de trouver un rendez-vous avant la fin du mois de décembre.  

Le ministre a également précisé que les personnes qui ont été atteintes par le covid-19 après la double injection devront attendre cinq mois à partir de leur infection pour bénéficier du rappel. 

Cette nouvelle campagne aura lieu dans les centres de vaccination – dont le ministre a déclaré que certains d’entre eux allaient « rouvrir »  ou « être amplifiés »  – mais aussi dans « 15 000 pharmacies », dans les cabinets de médecine de ville, mais aussi « chez les sage-femmes, les infirmiers, les kinésithérapeutes » . Le gouvernement souhaite également « continuer de convaincre »  les réfractaires de se faire vacciner. « Nous allons développer à nouveau des opérations avec des médiateurs sanitaires (…)  en lien avec les collectivités locales, redévelopper des barnums de vaccination notamment dans les centres commerciaux. »  La France ne manquera pas de vaccins pour conduire cette nouvelle campagne, puisque « 25 millions de doses »  sont actuellement en stock. 

Pass sanitaire désactivés

Autre mesure importante : les règles concernant le pass sanitaire vont évoluer, comme on pouvait s’y attendre. On savait déjà que le pass sanitaire des personnes de plus de 65 ans n’ayant pas fait leur rappel serait désactivé le 15 décembre. On a appris hier qu’il en sera de même, à partir du 15 janvier, pour le reste de la population, c’est-à-dire les personnes de 18 à 64 ans primo-vaccinées depuis plus de sept mois. 

Par ailleurs, la durée de validité d’un test antigénique ou PCR pour bénéficier du pass sanitaire, pour les personnes non vaccinées, passe de 72 heures à 24 heures. Le ministre a été très clair : « Si vous n’êtes pas vacciné et que vous souhaitez bénéficier du pass sanitaire, vous devrez vous faire tester tous les jours, à vos frais. » 

Renforcement des gestes barrières

« Nous devons collectivement nous ressaisir »  en matière de gestes barrières, a demandé Olivier Véran. Gel hydro-alcoolique, masques, « poignées de main », les gestes barrières « reculent »  par « lassitude ou par un sentiment de fausse réassurance », a déploré le ministre, qui a indiqué que le masque deviendrait obligatoire par décret « en intérieur, dans les lieux couverts par un pass sanitaire ». Les préfets seront également habilités à imposer le port du masque à l’extérieur « dans des lieux tels que les marchés de Noël ou des brocantes ». L’accès aux marchés de Noël sera « lui aussi soumis au pass sanitaire », a également indiqué le ministre.

Ces mesures ont été, pour beaucoup d’entre elles, déjà officialisées par décret ; et le ministre de l’Éducation nationale a indiqué, à la suite d’Olivier Véran, les mesures décidées pour les écoles (lire articles ci-dessous). 

L’AMF satisfaite

Ces annonces ont de quoi satisfaire les associations d’élus – en particulier l’AMF – dans la mesure où elles correspondent à la plupart de leurs demandes (lire Maire info d’hier). Reçu par le Premier ministre hier, le président de l’AMF, David Lisnard, avait notamment dit « son opposition dans la durée à toute éventuelle interdiction des rassemblements, mesures de confinement, de couvre-feu ou de fermeture des équipements », et ce « dans un souci de préserver la vie démocratique, économique, culturelle, sportive et touristique du pays, et considérant que les professionnels de ces secteurs ont su faire preuve de leur efficacité et responsabilité pour offrir les meilleures conditions de sécurité possibles », indique un communiqué de presse de l’AMF paru hier. Les communes répondront « présent »  dans cette nouvelle phase, a assuré David Lisnard, et « le gouvernement peut compter sur les maires de France ». L’association demande néanmoins que la médecine de ville « se substitue progressivement aux centres de vaccination », et insiste une nouvelle fois sur la nécessité d’un remboursement « systématique et objectivé »  des charges induites par les centres de vaccination. L’AMF, sur ce sujet, a obtenu du Premier ministre l’assurance « d’une collaboration étroite »  avec le ministre de la Cohésion des territoires afin de « lever les difficultés rencontrées localement ». 

Un nouveau variant ?

Le monde n’en a hélas pas fini avec l’épidémie de covid-19 : ce matin, des nouvelles inquiétantes arrivent d’Afrique du Sud, où le ministère de la Santé a annoncé, dans une conférence de presse, la détection d’un nouveau variant doté « d’un potentiel de propagation extrêmement rapide ». Les scientifiques sud-africains disent craindre que ce nouveau variant puisse être en partie résistant aux vaccins. Ce variant est déjà sorti d’Afrique australe, puisqu’un premier cas a été détecté à Hong-Kong. L’Organisation mondiale de la santé va se réunir aujourd’hui pour étudier ce variant mais, d’ores et déjà, plusieurs pays comme la Grande-Bretagne et Israël ont interdit aux ressortissants de plusieurs pays d’Afrique de pénétrer sur leur territoire. La France les a rejoints dans cette voie aujourd'hui en fin de matinée, en suspendant immédiatement les vols en provenance d'Afrique australe. « À compter d’aujourd’hui et sans délai, les voyageurs en provenance d’Afrique du Sud, du Lesotho, du Botswana, du Zimbabwe, de Mozambique, de Namibie et d’Eswatini, quel que soit leur statut vaccinal, ne pourront plus entrer sur le territoire national, pour une durée minimale de 48 heures. Les personnes ayant voyagé au cours des 14 derniers jours dans l’un de ces pays sont invitées à se signaler aux autorités et à réaliser dans les meilleurs délais un test de dépistage RT-PCR », indique ce matin Jean Castex dans un communiqué.

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