Maire-info
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Édition du lundi 6 décembre 2021
Crise sanitaire

Covid-19: le gouvernement étudie de nouvelles mesures mais exclut de revenir aux jauges

Nouvelles mesures ou simples recommandations ? Un Conseil de défense sanitaire va décider aujourd'hui de la stratégie à adopter alors que l'épidémie de covid-19 flambe sur tout le territoire et touche de nombreux enfants.

Par F.L. avec AFP

Le chef de l'État Emmanuel Macron a promis d'apporter des réponses avec « pragmatisme, proportion et philosophie », face à une situation épidémique qui n'a cessé de se dégrader au cours des dernières semaines.

À la faveur d'un variant Delta très contagieux et d'une efficacité vaccinale s'émoussant avec le temps, le nombre de nouveaux cas quotidiens se compte désormais en dizaine de milliers, avec 42 252 cas dimanche. Plus inquiétant, le nombre de patients hospitalisés est aujourd’hui supérieur à 11 000, un seuil qui n'avait plus été atteint depuis fin août. Plusieurs hôpitaux ont réactivé leur « plan blanc », mesure qui permet la déprogrammation d'opérations non urgentes et de solliciter des renforts de personnels.

Cette cinquième vague a déjà poussé plusieurs pays européens à mettre en place de nouvelles restrictions. La Belgique a notamment décidé hier d’avancer d’une semaine des congés scolaires de Noël en les faisant démarrer le 17 décembre. Outre-Quiévrain toujours, une jauge à 200 personnes a été fixée pour les événements en intérieur.  

La France ne semble pas être sur cette ligne : « En étant vigilants et responsables, nous avons tous les moyens de passer Noël ensemble », a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal dans un entretien au Parisien dimanche. « Il faut restreindre au maximum le virus et restreindre au minimum les contraintes sur nos libertés », a renchéri Christophe Castaner, le patron des députés LaREM.

Gestes barrières

Alors que le taux d'incidence explose chez les enfants, la vaccination des 5-11 ans devrait être au programme de ce Conseil de défense sanitaire. Les taux d’incidence atteignent en effet des sommets jamais constatés dans cette tranche d’âge : chez les 6-10, le taux d’incidence était la semaine dernière de 1855 cas pour 100 000 en Ardèche, 1812 dans la Drôme, 1717 dans les Hautes-Pyrénées. Il est supérieur à 1000 dans 34 départements.

La Haute autorité de santé (HAS) a déjà donné son feu vert pour vacciner les enfants présentant des risques de faire des formes graves de la maladie (souffrant par exemple de maladies hépatiques chroniques, de maladies cardiaques et respiratoires chroniques ou d'obésité) mais ne s'est pas encore prononcée pour les autres.

« Si elle devait le faire positivement, et qu’une décision politique était prise en ce sens, les vaccinations pourraient démarrer au début du mois de janvier sur la base du volontariat », a indiqué Gabriel Attal.

Le gouvernement devrait aussi marteler la nécessité de respecter les gestes barrières, plusieurs études ayant noté un recul de la vigilance des Français.

Le porte-parole du gouvernement a exclu en revanche le retour des jauges, assurant que l'objectif est « d'éviter d’avoir à reprendre des mesures générales qui concernent tout le monde ». La question est particulièrement sensible du fait du lancement des grands meetings de campagne, comme ceux qui ont eu lieu ce dimanche et qui ont réuni plusieurs milliers de personnes. Le Conseil constitutionnel a récemment rappelé qu’il n’était pas légal de subordonner l’entrée à ces meetings à la présentation d’un pass sanitaire. Ce qui a provoqué la colère du professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon, à Paris, qui déclarait ce matin que « le virus se fout de la Constitution »  et dénonçait dans ces meetings « une machine à clusters ». 

Rappel : plus de 10 millions de Français ont déjà franchi le pas

Le gouvernement mise toujours sur le vaccin et la dose de rappel, qui permet de considérablement « booster »  l'immunité, a souligné vendredi Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, qui conseille le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire.

Alors que les rendez-vous sont pris d'assaut, le gouvernement promet l'ouverture de nouveaux créneaux, martèle qu'il n'y aura pas de pénurie de doses et invite à ne bouder aucun vaccin à ARN messager (Pfizer mais aussi Moderna).

Pour ne rien arranger, la diffusion du variant Omicron, possiblement plus contagieux et résistant aux vaccins, pèse comme une épée de Damoclès. Seize cas sont désormais confirmés en France, selon le dernier bilan officiel en date de samedi des autorités sanitaires. Un bilan appelé à évoluer rapidement. Au Danemark, les autorités ont déjà dénombré 183 cas.

Les scientifiques surveillent aussi un nouveau variant, détecté pour la première fois au Congo et en France.  « Il porte beaucoup de mutations, sans atteindre le nombre record d'Omicron, et il a lui aussi un potentiel de transmission important », a souligné dans le JDD le virologue Bruno Lina. Mais « en attendant davantage de certitudes sur ces variants, (…) notre problème, pour les fêtes, c'est Delta », a-t-il rappelé.

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