Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 18 octobre 2021
Crise sanitaire

Covid-19 : faut-il s'inquiéter d'une éventuelle cinquième vague ?

Alors que plusieurs départements connaissent aujourd'hui un allègement relatif des mesures sanitaires, une petite inquiétude commence à monter sur le fait que l'épidémie a cessé de reculer et, même, reprend de la vigueur dans certains départements. 

Par Franck Lemarc

Ce sont 11 départements qui, ce matin, peuvent lâcher un peu la bride sur les contraintes sanitaires, avec notamment la fin de l’obligation pour les enfants des écoles élémentaires de porter le masque en intérieur (lire Maire info de jeudi). Mais pour la première fois depuis que ce mouvement d’allégement des contraintes a été lancé, un département – celui de la Lozère – est au contraire repassé du vert au rouge, puisque son taux d’incidence est repassé au-dessus des 50 cas pour 100 000 habitants. 

Chiffres de nouveau à la hausse

Le gouvernement le répète depuis plusieurs jours : l’épidémie a cessé de décroître. Pour dire les choses plus clairement, elle repart même à la hausse, même si les chiffres ne sont pas fulgurants : le taux d’incidence est remonté de 11 % en quatre jours entre le 14 et le 17 octobre, revenant à 48,5, c’est-à-dire très proche du seuil d’alerte, en-dessous duquel la France est repassée le 30 septembre. Le nombre de cas positifs était, hier, en hausse de 35 % par rapport à celui publié le dimanche précédent. 

Dans certains départements, la hausse est inquiétante : ainsi, dans les Pyrénées-Orientales, le taux d’incidence a grimpé de 53 % en une dizaine de jours. Dans l’Aveyron, la préfecture a publié un communiqué vendredi pour indiquer que « l'évolution sanitaire montre une forte augmentation des cas positifs au covid-19 ». Elle ajoute que « le taux d’incidence risque de remonter dans les prochains jours au-dessus du seuil d’alerte. (…) De nombreux cas positifs sont apparus récemment notamment en milieu scolaire, dans les entreprises, associations et clubs sportifs ». 

L’évolution de la situation sera donc à surveiller de très près, avec une difficulté nouvelle : la fin des tests gratuits, depuis vendredi, va forcément avoir une incidence sur le nombre de tests et donc sur la surveillance de l’évolution épidémique.

Optimisme relatif

Certains experts ne cachent pas leur crainte devant la possibilité d’une cinquième vague, due à la fois au relâchement des gestes barrières et à la baisse des températures – qui a notamment pour conséquence une moindre aération des locaux. « Il y a un risque non négligeable de reprise épidémique, disait d’ailleurs mercredi dernier le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, et si l’hiver est propice, un échappement immunitaire n’est pas à exclure ». 

Ce risque est d’ailleurs devenu une réalité aujourd’hui en Grande-Bretagne, qui fait face depuis plusieurs jours à une flambée des cas (45 000 nouveaux cas vendredi, contre 4 900 en France). L’incidence a de nouveau atteint, dans le pays, les chiffres de janvier dernier. Il faut toutefois rappeler qu’outre-Manche, il n’existe plus de mesures de restriction ni de pass sanitaire. 

Mais cette flambée épidémique n’a pas, et de loin, les mêmes conséquences qu’il y a 10 mois, car un élément majeur fait toute la différence : c’est le vaccin. 80 % des Britanniques de plus de 12 ans ont reçu les deux doses de vaccin, ce qui a pour conséquence qu’à taux d’incidence égal, on meurt dix fois mois du covid-19 que l’hiver dernier. Alors qu’au début de l’année, il y a eu jusqu’à 1500 morts par jour en Grande-Bretagne, ce chiffre est d’environ 150 aujourd’hui. Et les hospitalisations sont, elles aussi, beaucoup moins nombreuses : 7 000 patients sont hospitalisés pour covid-19 outre-Manche, contre 40 000 en janvier. 

C’est précisément cela qui incite les experts à un certain optimiste, en France également. Comme l’épidémiologiste Didier Pittet, qui expliquait ce week-end dans la presse que le virus ne va très probablement pas disparaître – pas plus que ne disparaît celui de la grippe – mais que la vaccination à grande échelle va permettre de le gérer sans asphyxie du système de santé. Selon les modélisations du Conseil scientifique, une reprise de l’épidémie, même forte, cet hiver, n’aurait pas les mêmes conséquences que ce qui s’est passé depuis mars 2020, et serait largement gérable… sauf apparition de nouveaux variants qui échapperaient à la protection du vaccin. 

C’est demain, à l’Assemblée nationale, que va débuter l’examen du projet de loi du gouvernement prévoyant la prolongation de la période de « sortie de crise »  jusqu’à l’été prochain, avec, notamment, une possibilité préservée pour l’exécutif de remettre en vigueur le pass sanitaire en cas de besoin après le 15 novembre. 

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