Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 3 décembre 2021
Crise sanitaire

Covid-19 : annulations en cascade dans l'évènementiel, qui « revit mars 2020 »

« On revit mars 2020 », s'alarme un chef d'entreprise de l'évènementiel. Déjà très éprouvé par la pandémie, le secteur subit une avalanche d'annulations ces derniers jours, les entreprises préférant renoncer aux séminaires ou évènements festifs de fin d'année face à la nouvelle vague de covid-19.

Par R. Frasquet, AFP

« Nous avons recensé 460 annulations ces quinze derniers jours, avec une accélération effroyable cette semaine, pour des prestations prévues en décembre et janvier », rapporte Cédric Angelone, coprésident du syndicat des activités évènementielles (SAE), qui regroupe 350 entreprises et 20 métiers, sur un secteur très éclaté.

Agences de communication, d’hôtesses, d’audiovisuel, entreprises de nettoyage, de sécurité, traiteurs, décorateurs, menuisiers... L’évènementiel fait travailler tout un écosystème de PME, déjà très éprouvé par de longs mois d’inactivité dus à la crise sanitaire et qui doit sa survie aux aides versées par l’État.

« Il faut se rendre compte de la brutalité de ce qu’on est en train de vivre : quelle industrie peut voir son carnet de commandes se vider en 15 jours ? », demande le chef d’entreprise basé à Marseille. « On revit mars 2020 », dit-il à l’AFP.

Actualisé lundi, le protocole sanitaire national en entreprise du ministère du Travail précise que « les moments de convivialité réunissant les salariés en présentiel dans le cadre professionnel ne sont pas recommandés ».

S’ils sont tout de même organisés, ils doivent se tenir « dans le strict respect des gestes barrières » : port du masque, aération/ventilation des lieux, distanciation de deux mètres quand le masque est retiré.

Mais alors qu’un fort rebond de l’épidémie est en cours en Europe et que de premiers cas du nouveau variant Omicron – au degré de dangerosité encore inconnu – ont été confirmés en France, les entreprises préfèrent annuler par prudence les évènements prévus, à l’instar de BNP Paribas qui a « totalement suspendu »  les « temps de convivialité en présentiel »  dans ses murs, selon une porte-parole.

Extras déjà fragilisés

Chez les Traiteurs de France, qui réunit les leaders du secteur, 37 entreprises de plus de 1 500 salariés, on évoque un « nouveau coup de massue »  pour un secteur « déjà sévèrement touché »  par la crise. « En moins d’une semaine, plus de 430 réceptions pour 155 147 convives ont été annulées, entraînant une perte de chiffre d’affaires de près de 6,9 millions d’euros », calcule l’organisation.

Basée à Morières-lès-Avignon depuis 1959, l’entreprise familiale Helen Traiteur qui emploie 67 personnes contre 87 avant crise, a vu partir en fumée la moitié de son chiffre d’affaires de décembre et janvier comparé à 2019, après une perte d’activité de 85 % en 2020 et 60 % cette année. « Depuis une semaine, c’est la catastrophe : on a perdu des affaires signées, et de nombreuses autres qui étaient en passe de l’être, comme des cérémonies de vœux qui ne seront pas reportées » , dit son PDG Éric Louis.

Or une réception annulée touche une cascade de professionnels : loueurs de matériel et de salles, fournisseurs alimentaires, blanchisseurs, décorateurs, fleuristes... ainsi que des serveurs et des chefs employés en « extras », déjà très fragilisés par la crise, qui « n’arrivent pas à régénérer leurs droits Assedic », constate le chef d’entreprise, alors que le secteur affronte une pénurie de main d’œuvre.

Souvent, le client promet de reporter l’évènement et exige du prestataire qu’il rembourse l’acompte versé.

Une PME qui devait organiser cinq évènements réunissant plus d’un millier de collaborateurs d’une grande entreprise, a appris l’annulation des trois derniers, dont l’un prévu le lendemain à Toulouse, après une réunion de crise. Son équipe, qui avait fait 400 km en camion, a dormi à l’hôtel avant de faire demi-tour.
Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Économie assure être « en dialogue permanent avec tous les secteurs, particulièrement les plus fragilisés ». « On a bien entendu que c’était la fin du ‘’quoi qu’il en coûte’’ mais notre secteur a manifestement encore besoin de cousu-main », affirme Roland Héguy, président du principal syndicat de l’hôtellerie restauration, l’Umih.

Pour les professionnels, le fonds de solidarité et le chômage partiel grâce auxquels l’événementiel a survécu, doivent être réactivés.

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