Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 30 novembre 2023
Economie

Coup de froid sur la réindustrialisation en 2023, en attendant une « grande année » 2024

Le solde des annonces d'ouvertures et fermetures d'usines est resté positif en France sur les onze premiers mois de l'année, mais se réduit par rapport à 2022, traduisant un coup de froid sur la réindustrialisation depuis les records de 2021, indiquent les données du cabinet Trendeo.

Par Isabel Malsang (AFP)

En pleine « semaine de l’industrie», et des quelque 5 500 événements organisés dans toute la France et à Bercy pour promouvoir l’industrie et encourager les jeunes à choisir cette voie, le recensement effectué par Trendeo montre un « fort freinage »  sur les ouvertures de nouveaux sites industriels cette année, souligne David Cousquer, le gérant-fondateur de Trendeo.  

Côté pile, de janvier à novembre, Trendeo a recensé 125 annonces d’ouvertures de nouvelles usines et 98 de fermetures de sites en France, soit un solde positif de seulement 27 nouvelles usines annoncées depuis début 2023. Ce chiffre se compare à un solde net de 83 nouvelles usines sur les onze premiers mois de 2022, de 116 en 2021 (au plus haut du recensement), une seule en 2020 l’année du Covid, et cinq en 2019.

« Ce qui est mauvais, c’est que le freinage concerne beaucoup de secteurs à la fois, même s’il n’a pas du tout l’ampleur de ce qui s’est passé au début des années 2010 », indique David Cousquer à l’AFP. 

Agroalimentaire

Loin des unes de la presse nationale, ce refroidissement touche en particulier les industries alimentaires, la plasturgie et les équipementiers automobiles. Ces derniers sont pris en tenaille dans la transition énergétique et l’abandon des moteurs thermiques au profit des véhicules électriques.

Seize annonces de fermetures portent sur l’agroalimentaire, 9 sont dans le caoutchouc/plasturgie et 8 dans l’automobile, selon Trendeo.

Dans l’agroalimentaire, à Concarneau (Finistère), la compagnie de pêche au thon Via Océan, ex-Saupiquet, filiale du groupe italien Bolton (58 salariés) est en cessation d’activité. Le fabricant d’engrais Yara veut transformer son usine de Montoir-de-Bretagne (Loire Atlantique) en terminal d’importation, et supprimer 139 emplois sur 170. 

Dans l’automobile, aux Andelys dans l’Eure, la liquidation judiciaire de la verrerie centenaire Holophane, qui produit des verres de phares de voiture avec 250 salariés vient d’être annoncée.

Trendeo confirme la poursuite des délocalisations : l’équipementier Magneti Marelli a annoncé en octobre la fermeture en janvier d’un site de 167 salariés à Argentan (Orne), la production devant être reprise par une usine en Slovaquie. Un site Marelli de phares de voitures à Saint-Julien-du-Saut (Yonne) doit aussi fermer.

Tout comme l’usine de rétroviseurs de l’Indien SMR Automotive à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne) qui va transférer sa production en Hongrie. À Amiens (Somme), Valeo va supprimer 89 emplois dans ses activités d’embrayage, transférées en Espagne ou en Turquie.

Côté face, des ouvertures d’usines sont annoncées dans le recyclage ou l’énergie, illustrant la transition climatique et industrielle en cours. Et des investissements pour remplacer des fours à gaz émetteurs de CO2 par des fours électriques, notamment dans les métaux ou la verrerie.

Ainsi, les annonces du chinois XTC associé à Orano à Dunkerque dans les batteries automobiles (1 700 emplois à terme), du taiwanais Prologium, à Dunkerque également, pour des batteries automobiles solides (1 500 emplois annoncés).

« 2024, grande année pour l’industrie » 

La start-up lyonnaise Mecaware a annoncé une usine pilote de recyclage de batteries à Béthune (Pas-de-Calais), prévoyant d’employer une centaine de salariés en 2027. Aloxe a inauguré en novembre la plus grande usine de plastique PET recyclé en France, à Messein (Meurthe-et-Moselle) près de Nancy (45 salariés).

Relocalisation emblématique, Framatome rapatrie d’ici 2026 au Creusot (Loire) une partie de la production des cuves nucléaires jusqu’ici fabriquées en Europe de l’est (100 emplois).

Entre le pile et le face, la pharmacie : à côté de l’investissement massif du danois Novo Nordisk à Chartres (Eure-et-Loir) pour la production de traitements contre le diabète et l’obésité, et de l’annonce de relocalisation de médicaments génériques en cancérologie à Saint-Genis Laval (Rhône) près de Lyon par le laboratoire Benta, Recipharm près de Tours se prépare à fermer son unité de remplissage de vaccin (225 salariés) et Sanofi supprime 265 postes à Marcy-l’Étoile, près de Lyon, dans une unité de lyophylisation de vaccin. 

Pour le directeur général de la banque publique d’investissement BPIFrance, Nicolas Dufourcq, les signes de réindustrialisation devraient se concrétiser en 2024.

« 2024 sera une grande année pour l’industrie », a-t-il écrit sur le réseau social X mercredi : « Tout au long de l’année, les inaugurations d’usines partout en France... on va voir les premiers résultats de notre Plan France2030 en 2024 », a-t-il promis.

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