Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 16 avril 2021
Coronavirus

Vaccination : Atsem et policiers municipaux de plus de 55 ans auront droit à des créneaux « prioritaires »

Depuis que le gouvernement a annoncé que les enseignants seraient vaccinés « en priorité », les représentants des autres professions de l'éducation et de la petite enfance se demandent pourquoi eux ne le seraient pas tout autant - question relayée par les élus. Hier, le gouvernement a en partie, mais en partie seulement, accédé à cette demande. 

Par Franck Lemarc

C’est par un communiqué du Premier ministre, hier, que l’on a appris la nouvelle : un certain nombre de professionnels en contact avec les enfants feront l’objet de « créneaux dédiés »  dans les centres de vaccination, s’ils ont plus de 55 ans.

Qui est concerné ?

Depuis le lundi 12 avril, la vaccination est – en théorie du moins – ouverte à toutes les personnes de plus de 55 ans, même sans facteurs de comorbidité. En théorie, car il apparaît depuis que de très nombreux volontaires ont le plus grand mal à obtenir des rendez-vous. Dans ce contexte, le gouvernement annonce souhaiter « faciliter la vaccination de certains professionnels considérés comme plus exposés au virus ». Et de citer : « Les professeurs des écoles, collèges et lycées, les Atsem, les AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) ; les professionnels de la petite enfance, dont les assistants maternels (…). Et d’autre part, les policiers nationaux et municipaux, les gendarmes et les surveillants pénitentiaires ». Au total, le public concerné serait de « 400 000 personnes ».
Il apparaît donc, d’une part, qu’un certain nombre de professions en contact direct avec les enfants ne sont pas dans la liste : personnel des accueils périscolaires ou agents des cantines… Par ailleurs, on est largement en-deçà des demandes des professionnels et des élus, qui souhaitaient que la vaccination soit ouverte à ces catégories sans condition d’âge. En réalité, les professionnels cités ont déjà droit à la vaccination, depuis lundi. La seule nouveauté est donc l’ouverture de « créneaux spécifiques ». 

Comment cela va s’organiser ?

Concrètement, ces créneaux spécifiques devraient être ouverts « dès ce week-end dans plusieurs centres », souligne le communiqué, sans en dire plus. Mais lesquels ? Par ailleurs, « les professionnels concernés par ce circuit rapide de vaccination se verront notifier un message par leur ministère ou collectivité de tutelle, accompagné de la liste des centres concernés ». Ce qui suppose que toutes les collectivités reçoivent d’ici demain ladite liste… Dès lors, une fois les agents informés par leur collectivité de tutelle, ils pourront se présenter « sur l’un des créneaux réservés et se faire vacciner sur présentation d’un justificatif d’éligibilité ». 
À la veille du week-end, on n’en sait pas encore beaucoup plus : les associations d’élus elles-mêmes n’étaient pas averties de cette initiative, dont elles ont appris l’existence en lisant le communiqué de presse de Matignon. 

Branle-bas de combat dans les ARS

Néanmoins, il semble que du côté des ARS, ce soit aujourd’hui le branle-bas de combat pour que la promesse soit tenue et que la mesure devienne réellement opérationnelle dès demain. 
Première information, cruciale : les ARS ont bien reçu des livraisons « spécifiques »  de vaccins pour cette opération. Des responsables de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes indiquent par exemple à Maire info, ce matin, avoir reçu « 12 500 doses d’AstraZeneca »  dédiées à ce public. 
« On est tous dessus depuis hier soir », indique à Maire info, ce matin, l’ARS Pays-de-la-Loire, qui a également reçu un approvisionnement spécifique de vaccins. « Nous identifions, département par département, les centres qui vont pouvoir prioriser des créneaux ». Même son de cloche en Auvergne-Rhône-Alpes, où les délégations départementales « sont en train d’identifier les centres qui peuvent dédier des créneaux ou des lieux qui vont être entièrement dédiés à cette campagne. Nous travaillons notamment avec les Sdis, pour que ces vaccinations puissent avoir lieu dans des casernes de pompiers. »  Les ARS confirment donc que l’opération va réellement débuter ce week-end – « nous sommes assez habitués, depuis un an, à devoir organiser des choses du jour pour le lendemain », rappelle l’une d’entre elles. « Les directeurs départementaux sont en train d’organiser les choses, et l’information va circuler au fur et à mesure qu’elle s’affine ». Dans la région Pays-de-la-Loire, par exemple, le département de la Loire-Atlantique est « déjà bouclé » : une opération de vaccination de ces publics aura lieu au « vaccinodrome »  du stade de la Beaujoire, à Nantes, samedi et dimanche, réalisée « par le personnel du Sdis 44 », indique un communiqué de la préfecture. Le communiqué indique même que les personnes concernées pourront prendre leur rendez-vous par le biais de l’application « Doctolib ». Problème : Doctolib ne permet pas, ce matin, de cocher une case spécifique lorsque l’on est professionnel de la petite enfance, enseignant ou policier municipal de plus de 55 ans. Contactée ce matin, l’entreprise avoue n’avoir pas encore d’information sur cette problématique.
Dès que les listes seront prêtes, département par département, les ARS publieront des communiqués, et « tous les opérateurs tutelles des personnes concernées vont recevoir l’information en temps utile », précise-t-on à l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, qui indique que pour les collectivités locales, l’information passera probablement par les préfets. 

Effet d’annonce

Quoi qu’il en soit, pour Frédéric Chéreau, maire de Douai et co-président de la commission Santé de l’AMF, cette opération tient beaucoup de l’effet d’annonce : « Tant qu’il y a cette condition d’âge à 55 ans, il n’y a pas de réelle ‘’priorisation’’, puisque ces publics ont déjà droit à la vaccination ! On annonce des créneaux dédiés, ça ne mange pas de pain. Mais pour moi, ce n’est pas cela la priorisation », estime l’élu, pour qui ce sont tous ces publics en lien avec l’enfance, quel que soit leur âge, qui devraient pouvoir être vaccinés. « Vous savez ce qu’on va avoir comme problème ? C’est qu’en juin, il va y avoir deux scrutins, on va avoir besoin de deux fois plus de monde que d’habitude, et lorsque l’on sollicitera ces agents, ils nous diront : ‘’Moi, si je ne suis pas vacciné, je ne rentre pas dans le bureau de vote’’. Il faut vacciner ces agents rapidement, en mai, si l’on veut que le vaccin soit efficace d’ici juin ! ». 

 

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