Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 18 septembre 2020
Coronavirus

Olivier Véran annonce un durcissement des mesures sanitaires à Lyon et Nice, mais un allègement dans les écoles

Le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a tenu hier un long point presse sur la situation sanitaire. Il a en particulier annoncé que les mesures de mise à l’isolement pour les enfants en maternelle et en crèche allaient être allégées. 

La première partie de l’intervention du ministre a été consacrée à un point de situation de l’épidémie, sans surprise assez inquiétant. « Sur 100 personnes testées au début de l’été, une était positive. Désormais, ce sont 5 personnes ». On sait que le seuil d’alerte, fixé à 50 cas positifs pour 100 000 personnes testées, est aujourd’hui dépassé dans 53 départements, avec, dans certaines métropoles, des chiffres qui « inquiètent »  le gouvernement – le taux est par exemple de 279 pour 100 000 à Marseille. La principale préoccupation des autorités est d’éviter la saturation des services de réanimation. Or les admissions en réanimation augmentent : aujourd’hui, 30 % des lits de « réa »  sont occupés par des patients covid en région Paca. Mais au rythme où vont les choses, a expliqué le ministre, si l’évolution se poursuit sur la même tendance, ce chiffre passera à 100 % à partir de la mi-octobre. 
C’est la raison pour laquelle le gouvernement, toujours « en lien avec les préfets et les élus locaux », envisage de « prendre des mesures plus dures »  notamment à Marseille et en Guadeloupe, si la situation ne s’améliore pas – Olivier Véran a évoqué une possible fermeture des bars. 
Par ailleurs, devant la dégradation constatée à Lyon et à Nice, des mesures spécifiques vont y être prises « à partir de samedi », comme cela a été le cas autour de Marseille, Bordeaux, Lille et en Guadeloupe. Les autres métropoles scrutées à la loupe par le ministère, et qui pourraient faire également l’objet de nouvelles mesures en cas d’atteinte d’un « seuil critique »  sont Toulouse, Dijon, Rennes et Paris. 

Priorisation
Voulant donner une note un peu plus optimiste à ses propos, Olivier Véran a estimé que par rapport au printemps dernier, « on ne se bat pas avec les mêmes armes, on connaît mieux notre adversaire ». Mais il n’empêche : la reprise de l’épidémie est avérée, et les Français sont de surcroît confrontés à « un embouteillage »  dans l’accès aux tests, que le ministre n’a pas nié. Pour y faire face, il a détaillé la nouvelle « doctrine de priorisation des tests », selon laquelle sont prioritaires pour se faire dépister les porteurs d’une ordonnance, les personnes symptomatiques, les cas contacts et les personnels de santé. Le ministre en a appelé à la responsabilité des citoyens, notamment sur la question des cas contacts, rappelant qu’une personne ne peut être considérée comme cas contact que si elle a été elle-même en contact direct avec un malade, de façon prolongée. « Les cas contact de cas contact ne sont pas des cas contact », a martelé le ministre. 
Il a par ailleurs annoncé que dans un certain nombre de métropoles, à commencer par la région parisienne, des structures provisoires vont être installées dès la semaine prochaine, et qu’elles seront réservées le matin (de 8 heures à 14 heures) aux publics prioritaires. Chacune de ces structures devrait pouvoir réaliser « 500 tests par jour ». 

Jeunes enfants : vers un allégement du protocole
Olivier Véran a enfin abordé la question des « jeunes enfants ». On manque un peu de détails sur les mesures  qu’il a évoquées, puisqu’il a annoncé non seulement que l’avis du Conseil scientifique sur ce sujet serait publié « le soir même »  (donc jeudi soir) mais également que le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, allait s’exprimer après lui sur ce sujet. Ni l’une ni l’autre de ces annonces ne se sont vérifiées à cette heure. 
Néanmoins, le ministre de la Santé a annoncé que selon les dernières études, il apparaît que « les très jeunes enfants sont peu actifs dans la chaîne de transmission du virus ». Il y a donc très peu de transmission d’enfants à enfants et d’enfants à adultes, et les jeunes enfants sont « peu susceptibles de se contaminer entre eux ». Dans les crèches, les écoles maternelles et auprès des assistantes maternelles, les mesures vont donc être allégées, ce qui devrait ralentir l’explosion des fermetures de classes : « Il n’y a pas lieu de fermer des établissements entiers à la première alerte », a affirmé le ministre. « Lorsqu’un enfant est testé positif, il doit être isolé sept jours chez lui, mais les autres enfants de sa classe pourront normalement continuer à se rendre à l’école. »  Le ministre va, en l’espèce, dans le sens de la Société française de pédiatrie, qui a publié le 9 septembre un avis actualisé le 9 septembre, évoquant le « faible rôle transmetteur des enfants »  et estimant qu’une fermeture de classe « ne se justifie que si au moins trois enfants sont infectés dans la même classe »  (étude téléchargeable ci-dessous).
Olivier Véran a annoncé qu’un nouveau protocole, concernant les crèches et les maternelles, serait disponible dans les prochains jours.

Masque dans les crèches : que dit le nouveau décret ?
Autre annonce importante : désormais, a expliqué le ministre, pour mieux prévenir à l’inverse les contaminations d’adultes à enfants, le masque devient « obligatoire pour tous les professionnels y compris en présence des enfants ». Jusqu’à présent, ce n’était pas le cas, le port du masque, dans les crèches par exemple, n’était obligatoire qu’en présence des parents ou d’adultes extérieurs à l’établissement. Des « exceptions »  seront possibles face, par exemple, à des enfants souffrant de troubles du comportement. 
Reste qu’en regardant le décret paru ce matin au Journal officiel, les choses paraissent un peu plus compliquées. 
Jusqu’à aujourd’hui, les règles étaient définies par l’article 36 du décret du 10 juillet 2020 : « Portent un masque de protection »  les personnels des établissements d’accueil du jeune enfant, des maisons d’assistants maternels et relais d’assistants maternels ; et « les assistants maternels y compris à domicile ». Le dernier alinéa de cet article précisait néanmoins : « (Ces) dispositions (…) ne s'appliquent pas aux professionnels des établissements d'accueil du jeune enfant (…) et aux assistants maternels lorsqu'ils sont en présence des enfants. » 
Le décret paru ce matin modifie ce dernier paragraphe de l’article 36, mais uniquement pour les assistants maternels à domicile : pour eux, et eux seuls, le port du masque n’est pas obligatoire « lorsque l’assistant maternel n’est en présence d’aucun autre adulte ». 
Conclusion : dans les crèches, les maisons et les relais d’assistants maternels, le masque est obligatoire en permanence en présence des enfants, que d’autres adultes soient présents ou pas ; pour les assistants maternels à domicile, le masque n’est pas obligatoire devant les enfants si aucun autre adulte n’est présent. 

Franck Lemarc

Télécharger le décret paru ce matin.

Télécharger l’avis de la société française de pédiatrie.

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