Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 27 avril 2020
Coronavirus

Les premiers enseignements de la crise selon la CNSA 

La Caisse nationale de solidarité autonomie (CNSA) va rendre publique une note éthique concernant le confinement et déconfinement des personnes âgées. Il y avait urgence, alors que les maisons de retraite ont reçu l’autorisation d’organiser les premières visites des familles, et qu’il reste nombre de questions à régler, et que les personnes âgées seront sans doute celles qui seront déconfinées en dernier. 
« On a jusque-là pensé les mesures comme des mesures d’asepsie et non comme des mesures d’accompagnement des personnes vivant dans ces établissements. Comme si ces personnes n’étaient plus elles-mêmes, y compris en fin de vie, comme si dans ces moments plus extrêmes, elles pouvaient être dépossédées d’elles-mêmes », analyse la présidente de la CNSA, Marie-Anne Montchamp, pour Maire info. Avec cette note éthique, la CNSA veut avancer sur la façon d’aborder la question de la personne âgée en perte d’autonomie. Marie-Anne Montchamp fait la comparaison avec le « monde du handicap », pour lequel ont été affirmées l’égalité des droits, des chances, la participation et la citoyenneté de la personne. « Si tout n’est pas parfait dans l’application, c’est un socle essentiel et qui fait défaut dans la politique de l’âge ».

Aggiornamento du modèle social

On ne peut oublier que la CNSA « a vu le jour au lendemain de la canicule de 2003 ». L’établissement public a notamment pour mission de participer au financement de l’aide à l’autonomie des personnes âgées et handicapées (il gère un budget de 27 milliards d’euros), et de mener un rôle d’expertise sur ces questions liées à l’accès à l’autonomie. L’État, les organisations syndicales, représentants des départements, des CCAS, des personnels, des familles font partie de son conseil d’administration.  
Pour sa présidente, « on n’a pas fait l’aggiornamento de ce que doit être notre modèle social ! Cela fera partie des enseignements forts de cette crise ». Cela commence par le secteur des services à domicile, un secteur déjà en crise avant le covid-19. Les salariés de ce secteur sont « le point invisible encore de cette crise », observe-t-elle. Et l’on sait que « le personnel à domicile a aussi connu des difficultés ». Avec « un certain nombre de retards à l’allumage, notamment un manque de masques, de protections, des problèmes sur leurs droits d’aller et venir – j’ai même su que certaines avaient été verbalisées – ou encore qu’on a pu leur refuser le droit d’accès à l’école quand on le réservait au personnel soignant… », énumère la présidente.

Investissements budgétaires

Ces secteurs, notamment le domicile, sont aussi des secteurs économiques à part entière, importants en nombre d’emplois. « Ils méritent donc d’être soutenus comme d’autres secteurs d’activité », insiste Marie-Anne Montchamp en s’adressant au ministre de l’Economie.
Lors de son conseil d’administration réuni jeudi 23 avril, la CNSA a également décidé de travailler sur la création d’un fonds d’appui pour accompagner le secteur médicosocial et du domicile, en temps de confinement et y compris de déconfinement, « car on sait que la crise durera tant que nous n’aurons pas à disposition un vaccin ou une polythérapie ». De leur côté, les associations regroupées dans le collectif dit GR 31 ont voté à l’unanimité une motion en faveur d’une prime publique pour les professionnels du secteur social et médico-social, et du domicile. 
Quant à l’actualité du plan Grand âge, dont l’examen avait déjà été repoussé, Marie-Anne Montchamp estime qu’il « faut se remettre au boulot ». « Je ne balaye pas toutes les dispositions prévues mais on ne peut pas avoir une loi qui soit le produit d’une administration centrale. C’est un acte politique majeur que la nation attend ». Avec, au cœur, la question de la gouvernance et le rôle des collectivités locales, qui ont « souvent donné ce que l’État ne donnait pas ». « Cela s’est révélé dans la mise à disposition de masques, l’animation de la solidarité, la prévention des risques ajoutés par la crise. Cela a autant de valeur pour le succès de la gestion de la crise et on ne doit pas l’oublier.» 

Emmanuelle Stroesser

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