Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 3 mars 2021
Coronavirus

Le point sur la situation épidémique, dans l'attente des décisions du gouvernement

Un nouveau conseil de défense sanitaire va se tenir ce mercredi matin à l'Élysée, pour décider les mesures qui seront annoncées demain. Sur le terrain, les concertations se poursuivent entre préfets, élus locaux et autorités sanitaires. Ce qu'il faut retenir aujourd'hui de l'actualité covid-19.

« Les semaines qui arrivent vont être difficiles. »  Le Premier ministre, Jean Castex, a donné le ton hier, lors d’une réunion autour des députés LaREM : il n’y a pas d’embellie à très court terme à attendre. 

De nouveaux départements inquiètent

S’il est impossible de connaître avec précision ce matin les mesures qui seront annoncées demain, on sait en revanche que la carte des départements « sous surveillance »  continue d’évoluer. Sur les 20 départements placés jeudi dernier sous surveillance renforcée, certains voient la situation légèrement se détendre, tandis que, dans d’autres, elle continue de s’aggraver. Dans les Alpes-Maritimes, par exemple, le taux d’incidence est en baisse, mais il reste à un niveau extrêmement élevé (563 selon les derniers chiffres disponibles, sur une semaine glissante). Deux départements ont franchi la barre d’un taux d’incidence supérieur à 400 pour 100 000, le Pas-de-Calais et la Seine-Saint-Denis. Plusieurs autres départements de métropole dépassent les 300, notamment toute l’Île-de-France sauf les Yvelines et les Hauts-de-Seine, la Somme, le Nord, les Bouches-du-Rhône…
Mais il n’est, surtout, pas impossible que de nouveaux départements soient placés sous surveillance demain, parce l’évolution de l’épidémie s’y accélère.
Par ailleurs, certains départements jusqu’ici relativement épargnés par le virus commencent à être touchés. En Martinique, l’un des rares départements français à être encore sous le seuil d’alerte de 50 cas pour 100 000 habitants (34 au 27 février), l’Agence régionale de santé a signalé hier un doublement du nombre de cas en une semaine : il y a eu 121 cas repérés la semaine dernière contre 58 la semaine précédente. Sur ces 121 cas, 100 sont dus au variant repéré en Grande-Bretagne. 

Concertation et propositions des élus

Face à cette situation, les élus locaux font des propositions. Hier, par exemple, l’Association départementale des maires du Nord et celle des maires ruraux du même département se sont réunis et ont proposé, à nouveau, un « plan pour éviter le confinement », basé sur l’obligation du port du masque, le télétravail systématique partout où c’est possible, des tests salivaires « effectifs »  dans les établissements scolaires dès la rentrée de lundi prochain, et « une grande campagne de prévention ». 
Dans le Pas-de-Calais, le préfet a annoncé ce matin avoir préconisé un confinement complet de l’ensemble du département pendant les trois prochains week-ends. 
En Île-de-France, région qui concentre le plus d’inquiétudes aujourd’hui du fait de la tension majeure sur le système hospitalier, des propositions diverses ont été faites par les élus. À Paris, la maire Anne Hidalgo a plaidé contre un confinement du week-end, qu’elle a jugé « inhumain »  – après que son premier adjoint, quelques jours avant, eut plaidé pour un confinement total de trois semaines… La maire de Paris propose que les cours, dans les écoles, se tiennent « fenêtres ouvertes »  voire « en extérieur »  quand c’est possible – proposition qui rencontre d’ailleurs un certain succès chez les parents d’élèves. La présidente de la région, Valérie Pécresse,  elle, a déclaré que si un confinement du week-end étant décidé en Île-de-France, elle n’y serait « pas opposée ».
Certains préfets ont déjà pris des décisions, à l’échelle du département, sans attendre les annonces prévues demain : ainsi, le préfet des Yvelines, en Île-de-France toujours, vient de publier un arrêté imposant le port du masque sur l’ensemble du département, et non sur certaines communes ou parties de communes seulement. 
À La Réunion, enfin, le préfet vient de durcir les mesures sanitaires : à partir de vendredi, le couvre-feu sera avancé de 20 heures à 18 heures. 

Vaccins : où en est-on ? 

Alors que la barre des 3 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin a été franchie, le 1er mars, de nouvelles annonces ont été faites hier : le gouvernement a annoncé hier ouvrir la vaccination (par AstraZeneca) aux personnes de 65 à 74 ans atteintes de facteurs de comorbidité. Jusqu’ici, ce vaccin n’était ouvert qu’aux soignants et aux personnes de 50 à 64 ans atteintes de facteurs de comorbidités. 
Cette annonce a deux causes. La première est, en effet, l’avis de la Haute autorité de santé, qui, jusqu’à présent, disait manquer de données suffisantes sur l’efficacité de ce vaccin chez les plus de 65 ans. Les données disponibles à présent, après plusieurs études internationales, sont pleinement rassurantes. 
Par ailleurs, les autorités font face à un problème spécifique avec ce vaccin : il n’est pas suffisamment consommé. Seul un quart du million de doses livrées avait été effectivement administré, le week-end dernier. L’une des causes de cette situation tient dans le fait qu’un certain nombre de soignants hésitent à se faire vacciner avec le produit d’AstraZeneca, du fait des effets secondaires qu’il peut provoquer, parfaitement bénins mais handicapants (forte fièvre). Beaucoup de soignants qui travaillent dans des établissements en tension hésitent donc à se faire administrer un vaccin qui pourrait conduire à quelques jours d’arrêt maladie. 
Rappelons que le « Monsieur Vaccins »  du gouvernement, le Pr Alain Fisher, a déclaré jeudi dernier que ces effets secondaires pouvaient être stoppés par une simple prise de paracétamol. 
Des maires se sont toutefois émus de cette situation, comme Natacha Bouchart, la maire de Calais, qui a vivement protesté ce matin, dans la presse, sur le fait qu’il puisse y avoir des doses non utilisées de vaccins AstraZeneca. Sur France info, ce matin, Natacha Bouchart a poussé « un gros coup de gueule sur les vaccins » : « Les vaccins ne sont pas dans le Pas-de-Calais, je ne sais pas où ils sont. Si on en arrive là, c’est parce que nous n’avons pas eu les vaccins, on a plus de deux mois de retard dans le département. »  La veille, sur BFMTV, la maire de Calais avait reconnu avoir été plus que surprise en entendant qu’un quart seulement des doses AstraZeneca reçues avaient été administrées : « Mercredi dernier, en réunion avec le directeur de l’ARS et le préfet, on m’a dit qu’il n’y en avait plus. » 
Maire info fera un point complet, en fin de semaine, sur la situation en matière de vaccination et les prévisions du gouvernement, qui viennent d’être revues fortement à la hausse. 

Franck Lemarc

 

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