Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 20 avril 2020
Coronavirus

Le football amateur face à la crise

Le Comité exécutif de la Fédération française de football (FFF) a sifflé, jeudi 16 avril, la fin de la saison pour ses licenciés amateurs. Toutes les compétitions de Ligues et de Districts et les championnats nationaux du National 3, du National 2, de la D2 féminine, du futsal et de jeunes (féminins et masculins) sont définitivement arrêtés. Les classements figés à la date du 13 mars « validant les accessions et les relégations »  ne sont, en revanche, pas encore définitifs, selon francetvsport. « À la lumière des dernières annonces du président de la République, le lundi 13 avril, prolongeant les mesures sanitaires de confinement jusqu’au 11 mai, [la] possibilité de reprise raisonnable des activités n’est plus possible », écrivait la « triple F »  de Noël Le Graët. Les Fédérations de handball, de volley-ball, de rugby et de basket-ball avaient pris une décision similaire dès la fin du mois de mars.

« Désinfecter les équipements sportifs » 
À la différence près qu’en football, une « reprise »  du National 1 et du championnat féminin de D1 Arkema est tout de même « envisagée à partir de juin (…) compte tenu de la nature spécifique de ces deux compétitions ». Les barrages d’accession au monde professionnel en Ligue 2, chez les hommes, et la qualification pour les compétitions européennes de l’UEFA, chez les femmes, sont deux des enjeux de cette fin de saison. 
La tenue de ces compétitions cet été pourrait impacter, en premier lieu, les collectivités, « propriétaires et gestionnaires de la quasi-totalité des équipements utilisés », s’inquiétaient, le 15 avril, l’Association nationale des élus en charge du sport (Andes) et l’AMF, qui demandent à la ministre une harmonisation des positions entre toutes les fédérations au niveau national afin de permettre aux clubs et aux collectivités d’avoir une plus grande visibilité sur les mois à venir.
Selon leurs présidents respectifs, Marc Sanchez et François Baroin, le report éventuel des compétitions pendant l'été est soumis à plusieurs conditions, écrivent-ils à la ministre des Sports Roxana Maracineanu. « Il sera nécessaire de désinfecter les équipements sportifs dès lors qu’ils ont été utilisés pour l’accueil et le confinement de publics démunis, d’effectuer les vérifications de sécurité et de contrôle des installations et surtout de réaliser les travaux de réparation, de maintenance des équipements qui ont d’ores et déjà été planifiés et contractualisés avec des prestataires, ou l’utilisation des équipements pour d’autres manifestations ou activités ». Ce matin, le coprésident de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), Sylvain Kastendeuch, estime, quant à lui dans Le Monde, que la reprise des championnats à l'été serait « précipitée et dangereuse »  et en appelle à l’arrêt des compétitions si les conditions de sécurité pour les joueurs ne sont pas réunies.

Un plan de soutien au football amateur insuffisant ?
Au-delà de l’aspect organisationnel, l’Andes et l’AMF tirent la sonnette d’alarme quant aux « répercussions »  potentielles de cette crise « sur les clubs amateurs et professionnels »  d’autant que « les difficultés financières des collectivités qui vont s’aggraver (…) ne leur permettront pas de soutenir les clubs et les associations sportives ». Les associations d’élus demandent, par conséquent, à la ministre des « dispositions d’allègement des charges et des prélèvements pour les clubs amateurs »  et « d’accorder aux collectivités territoriales une plus grande souplesse concernant la mise en conformité des règles fédérales relatives aux équipements sportifs pour les deux prochaines saisons ».
La FFF doit annoncer « dans les prochains jours » « un plan massif de soutien au football amateur et ses 14 000 clubs afin de soutenir leur redémarrage la saison prochaine et de faciliter l’accueil de nos licencié(e)s, en particulier les plus jeunes d’entre eux », promettait-elle le 16 avril. Selon L’Équipe, le montant de ce fonds spécial, destiné à aider les équipes départementales, régionales et des trois divisions nationales (N1, N2 et N3), pourrait osciller entre 12 et 15 millions d’euros. Cette enveloppe s’ajouterait ainsi aux 85 millions d’euros de budget annuel réservé aux clubs amateurs. 
Plus qu’insuffisant, à en croire Patrick Gonzalez, président de l’AS Saint-Priest (Rhône) et Éric Thomas, président de l’Association française de football amateur (AFFA), à l’heure où, crise économique oblige, les sponsors, dont les clubs sont tributaires, ferment les robinets et multitude d’événements sources de recettes (buvettes, billetterie…) sont annulés. Dans un courrier adressé à Noël Le Graët le 3 avril, les deux présidents d’associations réclamaient un fonds de 300 millions d’euros, ainsi que « l’annulation pure et simple du premier prélèvement automatique sur les licences, pour tous les clubs amateurs »  et la « création d’une vraie ligue de football amateur (alter ego de la Ligue de football professionnel) disposant d’un budget autonome et rendant compte de ses actions ». Ils revendiquent, aujourd’hui, le soutien de près de 3 000 présidents de clubs, remontés, par ailleurs pour certains, contre les règles de classement (par quotient) et la confirmation du principe des montées-descentes (le nombre de descentes est limité à une par poule).
« Je pense que le moment charnière, ce sera deux mois. Au-delà, on va avoir beaucoup de clubs qui vont avoir des difficultés économiques. Je ne vois pas qui peut les aider même si la fédération a quelques moyens », prévient Thierry Nauleau, spécialiste de l’économie des associations sportives, interrogé par Foot Mercato. Selon l’AFFA, 4 000 clubs amateurs ont disparu des écrans radars ces quatre dernières saisons. « Combien d’autres demain ? » 

Ludovic Galtier

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