Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 25 janvier 2021
Coronavirus

La question d'un nouveau confinement à nouveau posée

L'hypothèse d'un troisième confinement semble maintenant tenir la corde face à la remontée de l'épidémie et aux inquiétudes sur la diffusion des variants. D'autant que de nouveaux retards de livraison vont perturber le plan de vaccination prévu par le gouvernement.
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© Santé publique France

Certains « proches »  du gouvernement qui indiquent à la presse que la décision est prise et sera annoncée cette semaine… D’autres qui affirment que rien n’est décidé. Les rumeurs se sont multipliées dans la presse, ce week-end, sur l’éventualité d’un nouveau confinement imminent. Mais il est certain que les experts scientifiques semblent assez unanimes pour aller dans ce sens. 

Les variants « changent complètement la donne » 

Où en est-on de l’épidémie ? Les chiffres livrés ces derniers jours par Santé publique France ne sont pas bons, avec une lente montée du taux de positivité, et le pays qui a franchi, hier, la barre des trois millions de cas confirmés (18 436 de plus en 24 heures). Samedi, c’étaient 24 000 nouveaux cas qui avaient été détectés. 
Outre le maintien du nombre de contaminations à un niveau plus de trois fois supérieur à ce que le gouvernement espérait pour la mi-décembre, les hospitalisations repartent à la hausse. Mais c’est la diffusion rapide des variants plus contagieux du covid-19 qui inquiète le plus les autorités. Hier, une interview sur BFMTV du président du comité scientifique, le Pr Jean-François Delfraissy, a jeté le trouble : le professeur a notamment mis à jour les chiffres donnés peu avant par le ministre de la Santé, qui parlait d’un taux de présence en France du variant repéré en Grande-Bretagne de 1 % à 1,5 %. Pour Jean-François Delfraissy, les dernières études montrent désormais une présence de « 7, 8 voire 9 % dans certaines régions », ce qui représente une propagation très rapide. D’où la nécessité d’agir vite, estime le scientifique : « Si nous continuons sans rien faire de plus, nous allons nous retrouver dans une situation extrêmement difficile, comme les autres pays, dès la mi-mars. »  Rappelons que la Grande-Bretagne, la semaine dernière, a connu une moyenne sur sept jours de 1241 morts par jour.
Autre annonce inquiétante du président du Conseil scientifique : si le variant repéré en Grande-Bretagne semble aussi sensible au vaccin que le virus « classique », ce ne serait pas le cas de la variante repérée en Afrique du sud : pour celle-ci, les premières données montreraient une efficacité moindre des vaccins, de l’ordre de « 40 % ».
En résumé, le professeur a reconnu que l’apparition de ces variants changeait « complètement la donne »  et qu’il faut se considérer « dans une nouvelle épidémie ».
Un Conseil de défense va se tenir mercredi autour du président de la République, et c’est alors que l’on connaîtra les décisions qui seront prises – le gouvernement ayant le choix entre plusieurs options : un statu quo, une extension du couvre-feu à tous les week-ends, un confinement « soft »  comme en novembre, avec écoles et entreprises ouvertes, ou un confinement dur, comme au printemps dernier. 

Problèmes de livraison des vaccins

Sur le front de la campagne vaccinale, le gouvernement s’est réjoui que le pays ait franchi, ce week-end, la barre du million de personnes vaccinées, avec quelques jours d’avance sur le calendrier prévu. 
Mais les prévisions du gouvernement en la matière, à long terme, pourraient être un peu trop optimistes. Olivier Véran a certes annoncé, en fin de semaine dernière, que « tous les Français »  pourraient être vaccinés cet été. Jean-François Delfraissy n’est pas d’accord : en tenant compte de la « pénurie relative des vaccins dans l’ensemble de l’Europe », le président du Conseil scientifique estime que « d’ici la fin de l’été, on aura vacciné 40 % de la population française, pas plus ». 
Les annonces récentes d’AstraZeneca semblent aller dans le même sens : vendredi, le troisième fournisseur de vaccins après Pfizer et Moderna a annoncé qu’il ne serait pas en mesure de fournir les 80 millions de doses promises à l’Europe d’ici la fin mars, un peu plus d’un tiers (31 millions). Une annonce qui va, mathématiquement, perturber les plans du gouvernement français. 
Hier, Charles Michel, président du Conseil européen, a demandé aux laboratoires davantage de « transparence »  sur la causes de ces retards, et indiqué que l’Europe entendait « faire respecter les contrats signés ». 

Ouverture des données

« Transparence ». Le mot revient aussi sous la plume des trois associations nationales d’élus, AMF, AdF et Régions de France, qui ont publié ce matin un communiqué au nom de Territoires unis, pour relayer les « doutes »  des Français confrontés « aux flots d’informations contradictoires ». Pour « restaurer la confiance », Territoires unis appelle le gouvernement à « clarifier sa vision stratégique »  et à livrer les informations sur les livraisons et les stocks de vaccins « en toute transparence »  et « en temps réel ». Territoires unis demande également, à nouveau, « un maillage équilibré des centres de vaccination ». 

Source : Santé publique France.

Concernant la transparence sur les livraisons de vaccins, le gouvernement a tenu sa promesse : depuis samedi, les données sont fournies en open data sur le site data.gouv.fr.  On y apprend qu’au 22 janvier, 1 849 575 doses de vaccin Pfizer avaient été réceptionnées en France, et 51 000 doses de vaccin Moderna. Un autre jeu de données permet de connaître les livraisons effectuées au niveau régional (voir carte ci-dessus). 
Enfin, un troisième jeu de données, à une maille plus fine, permet de connaître les livraisons de vaccins non pas centre par centre, mais à l’échelle des différents lieux de stockage départementaux. Maire info reviendra sur ces données dans une prochaine édition.

Franck Lemarc

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