Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 17 juin 2021
Coronavirus

Jean Castex annonce la fin des masques en extérieur et la levée anticipée du couvre-feu

Le Premier ministre a annoncé hier la fin de l'obligation de porter le masque en extérieur et la levée du couvre-feu dimanche, avec une dizaine de jours d'avance. Une annonce qui, pour l'instant, n'a été suivie d'aucun texte réglementaire.

Par Franck Lemarc

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© Gouvernement.fr

Depuis plusieurs jours, de nombreuses voix s’élevaient pour demander la fin du couvre-feu : élus locaux, comme Philippe Laurent, le maire de Sceaux et secrétaire général de l’AMF, qui estimait avant-hier sur France info que « le couvre-feu n’est plus audible »  ; ou encore porte-paroles des professionnels de la restauration et des cafés. 
Il faut dire que depuis une semaine, les messages du gouvernement devenaient un peu brouillés, entre « dérogation »  spéciale accordée aux spectateurs de Roland-Garros et « mansuétude »  pour ceux de l’Euro de football. De fait, il paraissait difficile de maintenir le couvre-feu dans ces conditions – couvre-feu qui était, de toute façon, de moins en moins respecté. 

Une amélioration rapide

Venu – chose rare – rendre compte en personne du Conseil des ministres devant la presse, hier, le Premier ministre a donc acté la levée anticipée de certaines mesures sanitaires. Jean Castex a commencé par dresser un tableau rassurant de la situation épidémique : « La situation s’améliore plus vite que nous l’avions espéré. »  Le pays est maintenant largement en-dessous de la barre des 5 000 cas par jour (3 200 en moyenne ces sept derniers jours), ce qui correspond au « seuil de maîtrise de l’épidémie ». Ce chiffre n’avait pas été atteint depuis le mois d’août dernier. 89 départements sur 96 ont un taux d’incidence inférieur à 50 cas pour 100 000 habitants, et « aucun département ne présente de dynamique inquiétante », a complété Jean Castex. Les six départements métropolitains qui dépassent encore les 50 cas pour 100 000 habitants restent à des taux assez faibles (entre 53 et 61). Seuls deux départements ultramarins connaissent encore un taux d’incidence supérieur à 100 (La Réunion, 131, et la Guyane, 293)
Conséquence : les services de réanimation se vident lentement de leurs patients covid-19 (moins de 2 000 personnes hier), et cette tendance est constante et rapide depuis un mois : le nombre de patients covid en réanimation a diminué de moitié en un mois. 
Face à ces bons résultats, il est donc « normal », selon Jean Castex, que le gouvernement « ajuste ses mesures » : « Cela vaut quand la situation se dégrade, cela vaut aussi quand elle s’améliore. » 

Masques

Le gouvernement a reçu le feu vert du Haut Conseil de santé publique, mardi, pour lever l’obligation générale de port du masque en extérieur (cet avis du HCSP n’est pas encore publié). Le gouvernement a donc décidé d’agir « sans délai », et dès aujourd’hui, le port du masque ne sera plus obligatoire en extérieur « sauf dans certaines circonstances ». En résumé, a déclaré le Premier ministre, le port du masque restera prescrit « dans les lieux clos, notamment au travail, dans les commerces, dans les transports et dans tout lieu de rassemblement ». Il a également mentionné « les marchés ». 
Les arrêtés préfectoraux devraient donc être modifiés dès ce jeudi, a affirmé le Premier ministre. 
De fait, aucun décret au Journal officiel n’est paru ce matin pour confirmer cette annonce. Explication : le port du masque en extérieur, sur la voie publique, n’est pas réglementé par décret mais par arrêté préfectoral. Les décrets qui se succèdent depuis des mois pour fixer les règles sanitaires (le dernier en date est celui du 1er juin, modifié le 7 juin) imposent le port du masque dans certains cas précisément énumérés : les transports, les commerces, les établissements scolaires, un certain nombre d’établissements recevant du public, les bureaux, etc. Et ces décrets précisent qu’en dehors de ces cas spécifiques, la décision revient aux préfets : « Dans les cas où le port du masque n'est pas prescrit par le présent décret, le préfet de département est habilité à le rendre obligatoire, sauf dans les locaux d'habitation, lorsque les circonstances locales l'exigent. » 
Et en effet, contrairement à une idée reçue, la situation est différente d’un département à l’autre et le port du masque n’était pas, jusqu’à présent, obligatoire sur l’ensemble du territoire de tous les départements. En Seine-Saint-Denis, par exemple, il l’est – par arrêté préfectoral du 2 juin 2021 qui dispose que « le port du masque est obligatoire sur la voie publique dans le département ». Dans l’Aube en revanche, le dernier arrêté en date (2 juin également) n’impose le port général du masque que sur le territoire de 14 communes. 
Dans la journée, toutes les préfectures devraient donc – sauf circonstances locales exceptionnelles – publier un arrêté levant l’obligation du port du masque en extérieur sur le département ou dans les communes concernées. 
Le gouvernement a également annoncé que les scolaires (écoles, collèges et lycées) seraient autorisés à ne plus porter le masque dans les cours de récréation. Cette mesure, contrairement à la précédente, devra faire l'objet d'un décret. 

Couvre-feu

Deuxième annonce du Premier ministre : la levée anticipée du couvre-feu. Il était prévu, dans le calendrier décidé en mai, que le couvre-feu à 23 h serait maintenu jusqu’au 30 juin inclus. Il « cessera de s’appliquer à compter de ce dimanche », a déclaré Jean Castex. « Si cette mesure répondait à un vrai besoin pour accompagner la fin de la troisième vague, les très bons résultats enregistrés aujourd’hui ne la justifient plus ». Cette annonce fera évidemment le bonheur des gérants de cafés et restaurants, particulièrement pendant cette période d’Euro de football où les matchs sont retransmis dans de nombreux établissements. 
Le couvre-feu est, lui, décidé à l’échelle nationale. Il y aura donc forcément un décret, ce week-end, pour officialiser cette décision. 
Néanmoins, le Premier ministre a précisé que les jauges restent en vigueur dans les bars, restaurants, établissements sportifs et culturels « et tous les équipements ou événements susceptibles d’accueillir du public ». Le gouvernement ne change pas non plus son fusil d’épaule pour l’organisation de la Fête de la musique du 21 juin (mis à part la levée du couvre-feu) : il n’y aura pas de « concerts sauvages suscitant des attroupements sur la voie publique »  (ire Maire info du 8 juin).

Discothèques

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a par ailleurs annoncé ce matin que les discothèques étaient « amenées à rouvrir en juillet ». Seules structures qui n'ont jamais eu le droit de rouvrir leurs portes depuis le début de l'épidémie, en mars 2020, les discothèques devraient donc enfin pouvoir à nouveau accueillir des clients, avec « des conditions spécifiques »  et peut-être « un pass sanitaire exceptionnel », a annoncé le ministre sur BFMTV. Reste à savoir combien d'établissements auront pu survivre à ces 15 mois de fermeture, et combien devront mettre définitivement la clé sous la porte. 
« Nous vivons un moment important, un moment heureux de retour à une forme de vie normale », s’est réjoui le chef du gouvernement, qui a toutefois appelé les Français à ne pas relâcher leur vigilance et à continuer de se faire vacciner. Le danger n’est encore, en effet, pas complètement écarté, eu égard notamment à la progression du variant Delta, dont le développement rapide, en Grande-Bretagne, a conduit avant-hier le Premier ministre britannique à reculer la date de levée des mesures sanitaires. 

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