Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 15 avril 2021
Coronavirus

Déconfinement : le Sénat juge « opportun » que la réouverture des lieux culturels soit autorisée en concertation avec les collectivités 

Les sénateurs Roger Karoutchi (Hauts-de-Seine, Les Républicains) et Jean-Michel Arnaud (Hautes-Alpes, Union centriste) ont livré leurs pistes pour une « reprise de l'activité culturelle progressive et encadrée ».

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Le président de la République dirige, aujourd’hui, une réunion consacrée aux protocoles sanitaires à mettre en place en cas de réouverture des lieux de la vie économique, sociale et culturelle. Lors de sa dernière allocution, le 31 mars, Emmanuel Macron envisageait une réouverture des terrasses des bars et restaurants mais aussi des magasins dits « non essentiels »  le 15 mai. Après France urbaine, Roger Karoutchi (Hauts-de-Seine, Les Républicains) et Jean-Michel Arnaud (Hautes-Alpes, Union centriste) ont présenté, mardi dans ce contexte, leurs préconisations relatives à la réouverture des lieux culturels, dont la perte de chiffre d’affaires se compte en milliards d’euros (2,3 milliards d’euros pour le spectacle vivant musical et de variétés, 1 milliard d’euros pour les cinémas, 217 millions d’euros pour les musées de France). 
Au nom de la mission commune d'information chargée d'évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d'activités, les sénateurs proposent « une reprise de l’activité progressive et encadrée ». « Il serait opportun que la réouverture de chaque établissement culturel soit autorisée au cas par cas par le préfet, en concertation avec les collectivités territoriales concernées, en fonction du protocole sanitaire présenté par l’établissement et de l’adéquation de la programmation au respect de celui-ci », préconisent-ils. 
D’autant plus que « les communes, qui sont les principaux financeurs de la culture dans les territoires et gèrent de nombreux équipements, rencontrent de plus en plus de difficultés pour prendre à leur charge l’intégralité des frais de ces structures et maintenir le niveau de leurs subventions aux autres acteurs culturels de leur territoire ». 

Musées, cinémas, théâtres et salles de spectacle autorisés à rouvrir dès le 3 mai ?

La fermeture des lieux de culture a été décidée, pour la dernière fois, au moment du deuxième confinement, le 30 octobre 2020, alors qu'un « certain nombre de lieux culturels ne parait pas présenter de sur-risques [d’infection au covid-19], en particulier ceux dans lesquels le public ne parle pas ou peu et exclusivement à voix basse et où il y semble plus aisé de faire respecter les mesures de protection et les règles de distanciation physique », affirment les sénateurs, s’appuyant sur un avis du Conseil scientifique du 11 mars 2020. 
Par conséquent, estiment-ils, « les musées et monuments, les cinémas et les salles de spectacles en format assis pourraient être les premiers autorisés à rouvrir de manière progressive à compter de la levée des mesures de confinement en vigueur depuis le 3 avril ». Pour rappel, ces mesures sont, pour l’heure, en vigueur jusqu’au dimanche 2 mai. 

Distanciation physique, référent sécurité sanitaire, billets horodatés

Cette réouverture supposerait toutefois l’application d’un protocole sanitaire strict, dont « le respect de la distanciation physique entre les personnes n’ayant pas réservé leur billet ensemble »  serait la première mesure. « Plutôt que d’imposer une réduction générale de 50 % de la jauge à tous les établissements, le niveau de la jauge pourrait être fixé en fonction du volume, de la disposition et des conditions de ventilation des locaux », préfèrent les sénateurs, à qui « il paraît indispensable, par ailleurs, que les établissements s’engagent à contrôler le respect des mesures de prévention ». Cela impliquerait la nomination de référents en matière de sécurité sanitaire, la formation des personnels aux consignes sanitaires et la mise en place de mesures de contrôle pour garantir le respect des mesures de prévention par le public pendant toute la durée de la visite ou du spectacle.
« Afin de limiter les croisements », enfin, la « circulation dans les espaces »  devrait être facilitée et les files d’attente réduites en intérieur, selon les sénateurs. « Le principe des billets horodatés pour l’accès aux musées et monuments devrait être systématisé, en veillant à restreindre le nombre de billets vendus pour un même horaire tout en limitant la durée des créneaux (approximativement 15 minutes) ». Quant aux espaces de restauration et de buvette, ils resteraient fermés « aussi longtemps que les bars et restaurants seront maintenus fermés au niveau national ou local ».

Les expérimentations de concerts-tests repoussées à la mi-mai

Côté musique, les sénateurs encouragent la tenue, en partenariat avec des autorités scientifiques, « d’expérimentations cliniques »  dans différentes configurations (salle/plein air, format assis/debout, avec/sans distanciation, nature de masques, modalités de dépistage) « afin de déterminer les conditions dans lesquelles les concerts pourraient être de nouveau autorisés ». Si à Barcelone, un concert-test de 5 000 personnes masquées a eu lieu le 27 mars, ceux prévus à Paris (AccorHotels Arena) et Marseille (Dôme) ont été repoussés à la mi-mai. « Compte tenu des délais nécessaires pour évaluer les effets de ces expérimentations, leurs résultats pourraient n’être connus qu’au mois de juin. Les conclusions qui pourront en être tirées n’interviendront donc pas en temps utile pour permettre aux grands festivals de musiques actuelles de l’été de se réorganiser en s’y conformant », regrettent les sénateurs. En effet, de nombreux organisateurs de festivals, compte tenu des conditions imposées (5 000 spectateurs assis…) ont décidé de sacrifier leur édition 2021. « Pour garantir que certains festivals puissent malgré tout rythmer l’été en France, une solution pourrait consister à confier au préfet le soin d’accorder aux festivals une autorisation au cas par cas en fonction du protocole sanitaire qu’ils présentent et de leurs engagements en matière de contrôle. » 
Quoi qu’il en soit, concluent les sénateurs, l’instauration d’un passeport vaccinal qui ouvrirait l’accès aux lieux de culture « apparaît impossible à ce stade. (…) Beaucoup paraissent en revanche disposés à procéder au contrôle d’un pass sanitaire – qui prendrait la forme soit d’un certificat de vaccination, soit de la présentation du résultat négatif d’un test – s’il s’agit d’une condition sine qua non pour permettre une réouverture de leurs lieux. » 

Le 15 mai, une simple « hypothèse » ?

Les nuages s’amoncellent autour du scénario poussé par l’Élysée. La situation épidémique est toujours tendue, la France franchira officiellement, aujourd’hui, le cap symbolique des 100 000 morts (lire article ci-dessus). Et l’optimisme du président de la République n’est pas partagé par tous au sein de l’exécutif : le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, par exemple, a refusé de s’engager sur la date du 15 mai, hier sur BFMTV, qualifiant le scénario porté par l’Elysée de simple « hypothèse ». 

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