Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 30 mars 2020
Coronavirus

Covid-19 : Patrick Devedjian, « inspirateur » de l'acte II de la décentralisation, est décédé

Victime du coronavirus, le président du conseil départemental des Hauts-de-Seine depuis 2007, Patrick Devedjian, est décédé, dimanche 29 mars, dans un hôpital d’Antony, ville dont il fut maire près de vingt ans, entre 1983 et 2002. À 75 ans, il a occupé, au cours de sa carrière, de multiples fonctions politiques et gouvernementales. 

Ministre des Libertés locales
C’est en tant que « gaulliste et libéral à la fois »  - après un passage pendant sa jeunesse à l'extrême droite,  ce qu'il a qualifié par la suite d'« erreur assumée »  - qu’il s’assied pour la première fois sur les bancs de l’Assemblée nationale en 1986. « Membre de la commission des finances, il devint un spécialiste reconnu du budget de l’État autant que des questions institutionnelles - il fut cinq ans durant rapporteur du budget de la Justice », rappelle l’Élysée dans un communiqué.
Après une période de disette - à la suite de la défaite d’Édouard Balladur qu’il a soutenu avec Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 1995 - Jacques Chirac le nomme finalement ministre délégué aux Libertés locales en 2002 (jusqu’en 2004). « À ce poste, il fut un des inspirateurs de l’acte II de la décentralisation qui consacra, dans notre texte fondamental, l’organisation décentralisée de la République », se souvient l’Élysée. La loi constitutionnelle du 28 mars 2003 a acté, par ailleurs, le droit à l'expérimentation des collectivités territoriales, « la reconnaissance d’un principe d’autonomie financière des collectivités territoriales »  ou celle « du statut particulier des collectivités d’outre-mer ».
Un an et demi plus tard, alors que Patrick Devedjian est toujours ministre, la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, adoptée après l’activation par le gouvernement dirigé par Jean-Pierre Raffarin de l’article 49-3 de la Constitution, transférait un certain nombre de compétences aux régions (aides économiques individuelles aux entreprises, programmes régionaux de santé publique, politique touristique et patrimoniale, organisation de la formation professionnelle, gestion des lycées, organisation des transports ferroviaires régionaux, gestion de certains ports et aéroports…) ainsi qu’aux départements (gestion et le pilotage du revenu minimum d'insertion, gestion d'une grande partie du réseau routier national, gestion du logement social, gestion des collèges…). « La décentralisation, c'est la mère des réformes », plaidait alors Patrick Devedjian, nommé par la suite ministre de l’Industrie (2004-2005) et ministre chargé du Plan de relance (2008-2010) sous le patronage de Nicolas Sarkozy, qu’il a suivi comme son ombre dans son ascension jusqu’à l’Élysée. Sur Twitter, l’ancien chef de l’État, avec qui les relations se sont distandues à l'exercice du pouvoir, a salué, hier, le « panache »  et le caractère « entier »  de son ancien ministre.
Au chapitre de l’organisation des territoires, Patrick Devedjian a été, plus récemment, l’un des créateurs de l’établissement public Paris La Défense. Il soutenait également ardemment depuis 2016 la fusion des départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines. 

Trois maires décédés du covid-19
Si Patrick Devedjian est la première personnalité politique d’envergure nationale à mourir du coronavirus, toute la classe politique est touchée par l’épidémie. L’adjoint au maire de Chécy (Loiret, 8 700 habitants), Luc Tafforeau, a été le premier élu à succomber au coronavirus, le 23 mars. La semaine dernière, au moins trois maires en fonction sont décédés du même virus. Jacques Lajeanne (81 ans), maire de Beurey-Bauguay (Côte-d’Or, 130 habitants) est décédé dans la nuit du 25 au 26 mars. Alain Lescouet (74 ans), maire de Saint-Brice-Courcelles (Marne, 3 400 habitants) et vice-président de la communauté d’agglomération du Grand Reims, et François Lantz, maire de Saint-Nabor (Bas-Rhin, 500 habitants), sont tous les deux morts le 27 mars.
Le Parisien nous apprend, par ailleurs, qu'en Seine-Saint-Denis, les maires de Tremblay-en-France, Sevran et Épinay-sur-Seine sont à l’hôpital, atteints du covid-19 et que le vice-président du conseil départemental, Jean-Charles Nègre (71 ans), ainsi que deux conseillers municipaux de Drancy (Seine-Saint-Denis) sont décédés. Sur son compte twitter, Luc Carvounas, député du Val-de-Marne, s’est ému de la disparition de Daniel Davisse, maire de Choisy-le-Roi pendant 18 ans (1996-2014) et figure du Parti communiste français. 
D’autres cas ont été recensés ailleurs en France. Depuis le 15 mars, 17 élus de Coudekerque-Branche (Nord) ont été testés positifs, selon un reportage de France 2. Dans le Loiret, autre exemple, le maire de Châtillon-sur-Loire (3 200 habitants), Emmanuel Rat, 70 ans, maire depuis 1995, a été atteint par le coronavirus le 16 mars, annonce Le Monde qui a épluché la presse quotidienne régionale. Selon le quotidien du soir, le maire de Saint-Louis (21 200 habitants, troisième ville du département du Haut-Rhin), Jean-Marie Zoellé (74 ans), est, quant à lui, hospitalisé à Mulhouse depuis le mercredi 25 mars dans un état jugé sérieux.

Ludovic Galtier

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