Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 9 mars 2021
Coronavirus

Covid-19 : l'ÃŽle-de-France sous haute tension

La situation épidémique en Île-de-France devient de plus en plus tendue, notamment en matière d'occupation des services de réanimation. Au point que la question se pose, à présent, de savoir si le gouvernement va décider d'un durcissement des mesures sanitaires dans la région. 

C’est une annonce de l’agence régionale de santé qui, hier, a confirmé la gravité de la situation : l’ARS a donné « l’ordre ferme »  aux hôpitaux et cliniques franciliens de déprogrammer 40 % de leurs activités médicales non-urgentes, afin de dégager des capacités en réanimation. 

Situation hospitalière critique

Il y avait en effet, hier, 973 patients en réanimation dans toute la région, pour 1050 lits disponibles. Soit un taux d’occupation de 92, 7 %. 
En réalité, cela fait plusieurs jours que les spécialistes qui suivent à la loupe l’évolution de l’épidémie tirent le signal d’alarme à propos de l’Île-de-France. La courbe des admissions en réanimation monte en flèche dans la région, en particulier depuis le 25-26 février. Le nombre de patients en « réa »  dans la région est aujourd’hui le même qu’au 2 novembre dernier, en pleine deuxième vague, et se rapproche du chiffre maximal atteint lors de cette deuxième vague (1138 le 12 novembre). Pour rappel, dans un période « normale », ce chiffre est d’environ 160. 
Cette évolution n’est pas surprenante dans la mesure où, depuis deux semaines, les taux d’incidence grimpent en flèche dans la région capitale. Ce taux dépasse aujourd’hui les 400 dans deux départements franciliens, la Seine-Saint-Denis (433) et le Val-de-Marne (406). Il est supérieur à 300 à Paris, dans l’Essonne, le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne. 
Résultat, les taux d’occupation des lits de réanimation sont dans le rouge sur toute la région, bien qu’avec certaines disparités. Le taux d’occupation approche les 100 % dans l’Essonne (98 % hier), et dépasse ce chiffre en Seine-Saint-Denis (124 %) et Seine-et-Marne (140 %). 
Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant à ce que l’ARS demande, en urgence, la déprogrammation des opérations non urgentes dans la région, afin que non seulement de nouveaux lits puissent être disponibles pour les patients covid-19 qui continuent d’arriver, mais également pour laisser un minimum de places aux autres patients urgents (accidents de la route, infarctus, AVC…) dont le nombre n’a pas de raison de diminuer. 
Il est donc bien peu probable que, lors du Conseil de défense qui se tiendra demain, le gouvernement décide de desserrer l’étau en Île-de-France, comme le demandent pourtant un certain nombre de maires, dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, ou celui de Sceaux (Hauts-de-Seine), Philippe Laurent, qui ont indiqué hier souhaiter que le couvre-feu soit décalé au moins à 19 heures en région parisienne.
Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a néanmoins déclaré ce matin sur RTL que « le confinement de l'Île-de-France n'est pas d'actualité ». 

De nouveaux départements en tension

Dans le reste du pays, la situation reste très variable d’un département à l’autre. Une bonne nouvelle au moins : dans plusieurs départements placés sous surveillance renforcée, le taux d’incidence diminue (chiffres au 8 mars, en semaine glissante sur 7 jours). C’est le cas des Bouches-du-Rhône, du Var, des Alpes-Maritimes (où le taux d’incidence a baissé de plus de 20 %), de la Moselle ou encore de la Drôme et de l’Eure-et-Loir. Dans le Pas-de-Calais, le taux d’incidence ne baisse pas, mais il a cessé d’augmenter. 
En revanche, de nouveaux départements connaissent un taux d’incidence en évolution préoccupante : c’est le cas notamment de l’Orne (+ 31 % sur sept jours), de l’Aveyron (+ 27 %), du Gard (+ 23 %) et surtout de la Lozère, où le taux d’incidence a bondi de 54 % en une semaine. 
Autre indicateur préoccupant : l’occupation des lits de réanimation. Hors Île-de-France, ce taux est en forte augmentation (supérieure à 40 %) dans une vingtaine de départements. L’augmentation des taux d’occupation des lits de « réa »  est même supérieure à 50 % en Corse-du-Sud, Aveyron, Charente, Côtes-d’Armor, dans la Manche ou en Haute-Marne. 
La situation est donc bien loin de s’améliorer, dans nombre de régions. Il va donc falloir, une fois de plus, guetter les annonces qui vont être faites jeudi prochain pour savoir si le gouvernement étend les mesures tel que le confinement du week-end dans de nouveaux départements. 

Un avis du Conseil scientifique publié tardivement

On a appris récemment, avec beaucoup de retard, que le Conseil scientifique, dont on n’entend plus parler depuis la fin des vacances de Noël, s’est prononcé, fin janvier… pour un confinement national et strict de quatre semaines, début février. Cet avis, rendu le 29 janvier, n’a été publié qu’un mois plus tard. 
En conclusion de cet avis, le Conseil scientifique prévoyait « l’augmentation rapide et importante du nombre de cas et des hospitalisations si les mesures actuellement en œuvre ne sont pas renforcées. Si l’on reste sur la trajectoire actuelle, on peut s’attendre à ce que le nombre d’hospitalisations dépasse rapidement celui observé durant la première vague de la pandémie. »  Et les experts concluaient sur la proposition « d’un confinement strict sur une période de 4 semaines à partir de début février », permettant de « ramener la circulation du virus autour de 5 000 contaminations journalières ». 
Cet avis a été publié le 25 février, plus d’un mois après son adoption, et plusieurs semaines après la décision du gouvernement de ne pas reconfiner le pays. Rappelons que l’article L3131-19 du Code de la santé publique dispose que pendant l’état d’urgence sanitaire, les avis du Conseil scientifique sont « rendus publics sans délai ».

Franck Lemarc

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