Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 16 mars 2020
Coronavirus

Covid-19 : enseignants et collectivités s'organisent pour assurer la « continuité pédagogique »

Depuis ce matin et au moins jusqu’aux vacances de printemps - qui se termineront le lundi 4 mai pour la dernière zone - les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités sont officiellement fermés partout en France afin de limiter la circulation du covid-19 et ainsi « freiner l’épidémie ». « Une situation totalement inédite dans l’histoire de France », dixit le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Résultat : 13 millions d’élèves doivent rester chez eux. « En outre, aucun accueil collectif de mineurs recevant plus de dix mineurs ne pourra également se tenir à compter du 16 mars 2020 et ce jusqu’à nouvel ordre, et tous les accueils avec hébergement prévus durant les vacances de printemps, quel que soit le nombre de mineurs accueillis, sur le territoire national et à l’étranger, devront être annulés ou reportés », confirmaient le ministère de l’Éducation nationale et l’AMF dans un communiqué commun, diffusé vendredi.

Accueil des enfants de personnels soignants
Seuls les enfants de personnels soignants*, mobilisés pour endiguer la crise sanitaire et qui n’ont aucune solution de garde, pourront être accueillis dans les écoles et les collèges (les lycées ne sont pas concernés). « Un système de garde exceptionnel »  est, en effet mis en place par les communes et les départements, en lien avec le ministère de l’Éducation nationale. « Les personnels municipaux [par exemple les Atsem, ndlr] pourront participer à ce service d’accueil », écrivent de concert l’AMF, l’ADF et le ministère.
Concrètement, « cela signifie des petites classes de huit à dix élèves, adaptées, parfois de multi-niveaux, affirmait Jean-Michel Blanquer, hier sur franceinfo. Pour les repas, il sera demandé aux parents d'amener une boîte pour le déjeuner, puisque les services de cantine vont être interrompus dans l'immense majorité des cas. Le nombre de professeurs pour garder ces enfants sera également limité. » 

Présence physique et télétravail pour les enseignants
Les enseignants sont donc, eux aussi, mobilisés. « Dans chaque cas, c'est le chef d'établissement ou le directeur ou la directrice qui sont en situation de piloter qui vient et qui ne vient pas (…) Dans la quasi-totalité des cas, les professeurs qui seront présents lundi le seront parce qu'ils le veulent bien, sur la base du volontariat (…) Il n'y aura évidemment, aucune sanction financière, pour personne, dans une période comme celle-ci, ça vaut pour nous comme pour d'autres domaines, c'est évident », expliquait le ministre. Un discours que le Snes-FSU, qui demande aux enseignants de privilégier le télétravail, a jugé « ambigu ». « Dans plusieurs de ses messages, il a demandé aux enseignants de rejoindre leurs établissements, alors que le Premier ministre, au même moment, disait de favoriser le travail à distance, limiter la vie sociale. Maintenant, il semblerait qu'on nous demande plutôt de rester chez nous et de faire le travail à distance, ce qui paraît le meilleur moyen d'éviter la propagation du coronavirus », réagissait, ce matin sur franceinfo, Stéphane Audebeau, professeur de sciences économiques et sociales à Sète (Hérault) et responsable du syndicat enseignant Snes-FSU.

« Continuité pédagogique » 
Bien que les établissements scolaires soient fermés, Jean-Michel Blanquer l’expliquait en fin de semaine dernière, les élèves ne sont pas en vacances. Une « continuité pédagogique »  doit être assurée via l’enseignement à distance. Celle-ci « vise, en cas d’éloignement temporaire d’élèves ou de fermeture d’écoles, collèges et lycées, à maintenir un lien pédagogique entre les professeurs et les élèves, à entretenir les connaissances déjà acquises par les élèves tout en permettant l’acquisition de nouveaux savoirs ».
Aussi, indiquent le ministère et l’AMF, « les locaux scolaires demeureront ouverts afin que les équipes éducatives puissent organiser le suivi des élèves et informer régulièrement les familles, notamment sur les modalités de connexion à la plateforme du Centre national d’enseignement à distance (Cned) « Ma classe à la maison »  (des exercices en ligne et des « classes virtuelles »  où le professeur peut faire cours à ses élèves par visioconférence) (…) Partout où cela est nécessaire, les mairies et certaines écoles organiseront des permanences afin de transmettre aux élèves qui ne disposent pas d’un équipement adapté ou d’une connexion internet suffisante [5 % des élèves seraient dans cette situation, selon le ministère de l’Éducation nationale, ndlr] des ressources pédagogiques en format papier préparées par les professeurs ». Cependant, la plateforme du Cned ne pourrait supporter que 7 millions de connexions simultanées. Les espaces numériques de travail (ENT) pourraient être alors privilégiés. Pour limiter le « décrochage »  de certains élèves, le recours à des associations n’est pas exclu.
Quant aux enfants en situation de handicap, ils sont invités, comme les autres, à rester chez eux. « Dans la plupart des cas, ce sont les parents qui vont les aider. Mais c'est vrai qu'il peut y avoir certaines solidarités, que certains personnels (comme les AESH) pourront peut-être participer à cette solidarité. C'est là aussi, au cas par cas, que ça doit se voir », a indiqué le ministre. Pour l’heure, les épreuves du brevet des collèges et du baccalauréat sont maintenues aux dates prévues.
Pour information, l'AMF et le ministère ont, enfin, annoncé vendredi que « des outils élaborés conjointement »  par les deux structures « seront dans les tout prochains jours diffusés aux élus locaux ». 

Ludovic Galtier

* Mais aussi les enfants de personnels des cellules de crise des agences régionales de santé, des Ehpad, des unités de soins de longue durée, des instituts médico-éducatifs, des maisons d’accueil spécialisées. Ce dispositif pourrait être par la suite ouvert à d’autres enfants, comme ceux des personnels de centrales électriques.

Accéder à la rubrique du site de l'AMF centralisant les informations disponibles.

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