Maire-info
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Édition du vendredi 1er juillet 2022
Transports

Comment développer l'usage du vélo dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ?

Le Club des villes et territoires cyclables vient de publier une plaquette consacrée au développement du vélo dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), où la part modale du vélo reste inférieure à la moyenne nationale. 

Par Franck Lemarc

Les quartiers prioritaires de la politique de la ville sont souvent les parents pauvres du développement du vélo, constate l’association, avec une part modale de la bicyclette estimée à 1,9 % (contre 2,8 % à l’échelle du pays).

Plusieurs éléments expliquent cette situation : d’abord et avant tout, le fait que « 90 % des QPV sont concernés par au moins une coupure linéaire, routière, ferroviaire ou fluviale, qui les isole du reste de la ville »  et dont le franchissement peut s’avérer dangereux à vélo (chiffres du Cerema). 

Le deuxième facteur est social : contrairement à ce qui existait dans les années 1950 ou 1960, le vélo est aujourd’hui non pas un marqueur social des classes populaires mais des classes plus favorisées : la part modale du vélo est quatre fois supérieure chez les plus diplômés que chez les personnes ayant un niveau inférieur au bac. 

Le prix de l’achat et de l’entretien des vélos reste également un frein, tout comme la peur du vol, là où n’existent pas d’aménagements de stationnement sécurisé. 

Le vélo comme alternative à la marche

Pourtant, note le club, le vélo pourrait être une alternative très intéressante dans ces quartiers souvent mal desservis par les transports collectifs et où l’usage de la voiture est moins développé qu’ailleurs : d’abord pour des raisons financières (prix des voitures), et ensuite parce que le taux de personnes ne possédant pas le permis de conduire est « trois fois supérieur »  à ce qui est constaté hors QPV. Résultat, c’est la marche à pied qui est souvent le seul moyen de se déplacer dans ces quartiers : la part modale de la marche à pied est de 45,7 % dans les QPV contre 22 % en dehors de ceux-ci. 

Le vélo est donc « une alternative possible et aujourd’hui sous-utilisée ». Ces constats rejoignent, notons-le, ceux de l'AMF qui avait fait de la mobilité pour tous un enjeu essentiel, dans sa contribution à l'élection présidentelle pour les quartiers politique de la ville. 

Le Club a donc organisé une enquête pour à la fois identifier les freins au développement du vélo dans les QPV et les leviers qui permettraient de les lever. Il a identifié quatre « grands leviers » : le développement des infrastructures d’aménagements cyclables sécurisés, le stationnement sécurisé, les aides à la location et à l’acquisition d’un vélo et le développement de l’apprentissage du vélo. 

Des freins mais aussi des atouts

Les collectivités qui ont répondu à l’enquête du Club évoquent en général un frein « de nature urbanistique »  pour développer des aménagement cyclables, liés aux « coupures linéaires »  évoquées plus haut : celles-ci obligent à procéder à des aménagements coûteux (ponts, passerelles, tunnels). Il existe donc un frein financier, dans des communes aux budgets souvent très contraints, aussi bien qu’humain (manque d’ingénierie). 

Mais le Club ne pointe pas que les difficultés : des perspectives peuvent s’ouvrir dans le cadre de la rénovation urbaine, qui peut permettre « d’intégrer les problématiques liées aux mobilités actives ». Les QPV ont souvent « une emprise foncière plus confortable que les centres-villes », et les nouvelles constructions bâties dans le cadre du renouvellement urbain « offre des opportunités de reprendre la voirie pour faire plus de place aux piétons et aux vélos ». 

Quant à la question du stationnement sécurisé, la forte présence de l’habitat collectif dans les QPV pourrait permettre aux bailleurs sociaux et aux collectivités de travailler main dans la main pour mettre en place des locaux sécurisés par exemple au pied des immeubles. 

Par ailleurs, le Club préconise une action des collectivités pour aider les usagers à acquérir ou louer des vélos, avec par exemple « une aide à l’acquisition »  qui pourrait être proposée par les CCAS. Des « ateliers d’autoréparation itinérants »  peuvent être développés dans les quartiers, en coordination avec le milieu associatif. 

Enfin, le Club préconise de développer l’apprentissage pour « démocratiser »  l’usage du vélo. Un bon nombre de communes concernées ont déjà mis en place des actions dans le cadre scolaire ou périscolaire, « mais on retrouve aussi des projets de (re)mise en selle pour le public adulte, en particulier féminin. Certains territoires développent des formations en direction des personnes en insertion, en lien avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire. » 

Le Club espère que le programme national SRAV (Savoir rouler à vélo) va se développer, constatant qu’il « n’est pas encore largement déployé et encore moins dans les écoles des QPV ». 

Signalons enfin, à propos des quartiers prioritaires de la politique de la ville, que l’association Villes et banlieues a élu hier, comme nouveau président, le maire d’Allonnes, Gilles Leproust – par ailleurs vice-président de l’AMF. 

Accéder à la plaquette du CVTC.
 

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