Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 19 juillet 2022
Fonction publique territoriale

Collectivités : la pratique du sport-santé pour repenser le rapport au travail

Une étude de l'Observatoire MNT fait le point sur les programmes d'activités physiques et sportives organisés dans le cadre professionnel des agents territoriaux. Une démarche qui nécessite de forts engagements de la part de la collectivité, mais dont les résultats sont mis en évidence par les témoignages de différents acteurs publics.

Par Emmanuelle Quémard

Alors que la crise sanitaire a démontré les risques causés par la sédentarité sur la santé, l’Observatoire MNT a publié le 13 juillet une étude passant au crible les avantages et les difficultés à surmonter pour les collectivités intéressées par la mise en place d’un programme de sport-santé pour les agents territoriaux. Ce nouveau guide managérial, Le sport-santé, une opportunité pour repenser le rapport au travail, s’appuie sur des entretiens individuels menés entre septembre 2021 et janvier 2022 auprès d’élus, de dirigeants d’institutions locales, d’agents de catégorie A, B et C, et d’experts du monde sportif, médical, mutualiste, social et entrepreneurial. Grâce à ces témoignages et à une revue de détail de la documentation scientifique et réglementaire disponible, l’Observatoire MNT parvient à dresser un état des lieux très complet du sport-santé dans les collectivités, une pratique relativement récente puisque les premières expérimentations datent de la fin des années 2010. 

Un dispositif bénéfique pour les agents, l’employeur et l’usager

Les trois élèves administrateurs de l’Institut national des études territoriales (Inet), qui co-signent l’étude, soulignent d’abord l’importance des activités physiques et sportives exercées dans le cadre professionnel, estimant que les actions de sport-santé constituent « une opportunité pour repenser le rapport au travail ». Les structures territoriales ayant déjà mis en œuvre le dispositif – notamment les villes de Poissy et de Rambouillet (Yvelines) – décrivent, en effet, les nombreux bénéfices constatés chez les agents participant aux ateliers organisés par leur employeur pendant le temps de travail ou en dehors des heures de service lorsque la collectivité met à leur disposition des équipements et des animateurs sportifs.

Parmi les principaux bienfaits observés chez les pratiquants, les auteurs de l’étude citent notamment le sentiment accru de bien-être au travail, la prévention des risques professionnels (usure professionnelle, troubles musculosquelettiques, risques psychosociaux), la gestion du stress ou encore une plus grande confiance en soi.

Du point de vue de la collectivité, les avantages sont également tangibles. Les employeurs territoriaux interrogés estiment en particulier que les programmes de sport-santé permettent de lutter efficacement contre l’absentéisme, de renforcer la cohésion des équipes, d’améliorer la productivité de l’administration ou encore de développer l’attractivité de la marque employeur, ce qui facilite notamment les recrutements sur les métiers en tension. Enfin, selon l’étude, lorsque les agents territoriaux se sentent en meilleure forme grâce à la pratique d’une activité de sport-santé, l’efficacité de l’action publique locale et la satisfaction des usagers se trouvent renforcées. 

Un dispositif à inscrire dans la stratégie RH globale

À partir de cet état des lieux, l’étude s’attache à mettre en exergue les bonnes pratiques observées dans le monde territorial. C’est notamment le cas de certaines collectivités telles que les communautés d’agglomération d’Épernay, Pays de Champagne et Châlons Agglo (Marne) qui ont mis en commun leurs moyens pour mettre en place une formation d’animateurs au réveil musculaire.

L’Observatoire MNT formule, en outre, plusieurs recommandations destinées à encourager les décideurs locaux à s’engager dans cette démarche qui doit impérativement « s’inscrire dans une stratégie RH globale »  et s’appuyer sur un portage politique « au plus haut niveau de la collectivité ». L’étude préconise notamment de mobiliser « les collectifs de direction et d’élus en s’appuyant sur des ressources dédiées (notamment les éducateurs territoriaux des activités physiques et sportives), de construire un diagnostic en s’aidant de documents internes (DUERP…) ou encore de prendre des précautions pour les questions de responsabilité juridique (formulaire de consentement, code de conduite, certificat médical d’aptitude au sport…) ». 

Pour faire du sport-santé un véritable outil de qualité de vie au travail, les auteurs proposent également aux employeurs de prendre un certain nombre de mesures pratiques (adaptation des horaires, décentralisation des ateliers avec la mise à disposition de moyens de transport si nécessaire). L’Observatoire MNT insiste, par ailleurs, sur la nécessité pour la collectivité territoriale de se doter d’une communication interne spécifique, à l’instar de la communauté Rochefort Océan (Charente-Maritime) qui a proposé à l’ensemble des agents de l’agglomération un questionnaire en ligne pour identifier à la fois leurs habitudes et leurs attentes en matière d’activités physiques et sportives. 

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