Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 22 juillet 2021
Santé publique

Cet été, certaines urgences ne pourront pas assurer ... les urgences

Les maires tirent le signal d'alarme sur la situation des urgences hospitalières et de l'accès aux soins, aggravée cet été par le covid-19. 

Par Emmanuelle Stroesser

Au cœur de la saison estivale, les pénuries de personnel rendent plus difficiles les remplacements dans les centres hospitaliers. Des services réduisent la voilure et, cette année, ce phénomène récurrent semble aggravé par la crise liée au covid-19. « Le personnel est épuisé, il a besoin de partir en vacances, on ne trouve pas de remplaçants », constate l'association des petites villes de France (APVF). Son président Christophe Bouillon s'en est inquiété dans un courrier adressé au ministre de la Santé, mardi soir (20 juillet). 
« Si les grands sites hospitaliers s'en sortent encore, dans les villes de tailles moyenne et petite, les problèmes sont plus aigus », observe l'APVF. Cela se vérifie notamment à la une de la presse quotidienne régionale : en Dordogne, à Sarlat, les urgences doivent fermer deux jours début août et tourneront pendant quinze jours avec une seule équipe. La faute à la pénurie de médecins urgentistes. Dans le département voisin du Lot-et-Garonne, le maire de Nérac, Nicolas Lacombe, était à la tête d'un rassemblement mercredi devant le centre hospitalier Agen-Nérac pour protester contre la fermeture estivale du Smur, de la fin juillet jusqu'à la fin août. 

Des hôpitaux à la peine

Ces difficultés continuent de faire écho à l'inquiétude de maires « sur la poursuite de restructurations hospitalières ». Comme au Pertuis ou à la maternité de Saint-Claude, cite-t-on à l'APVF. Tandis que la labellisation des hôpitaux de proximité, promise par le gouvernement « n'avance pas ». À l'occasion du premier bilan du Ségur de la Santé, mardi, le gouvernement a fait le point. Les premières labellisations sont attendues pour « la fin 2021 ». Tandis que la concertation sur leur financement reste toujours « en cours ». La publication du décret est promise pour « octobre 2021 ». Près de 250 hôpitaux se sont « inscrits dans la démarche ».

Une préoccupation communale

« Les maires ont montré depuis le début de la crise sanitaire qu'ils savaient et pouvaient faire en matière de santé »  observe Frédéric Chéreau, le maire de Douai et président de la commission Santé de l'AMF. Les élus locaux revendiquent donc aujourd'hui « une vraie participation sur les questions de santé ». « Mais ils sont aussi attachés à une vraie péréquation », insiste Frédéric Chéreau : allusion directe à l'une des mesures du projet de loi « 4D »  (rebaptisé « 3DS » ) en cours d'examen parlementaire, qui porte sur la possibilité que les collectivités participent au financement des hôpitaux. Frédéric Chéreau prévient de la vigilance des élus : « On doit pouvoir être soigné et avoir la même égalité d'accès aux soins partout en France ». 

Inquiétudes et avancées autour du projet de loi 3DS 

Le texte a été adopté mercredi 21 juillet au soir par le Sénat. Son examen se poursuivra à la rentrée à l'Assemblée nationale, probablement la deuxième quinzaine de septembre. Les sénateurs ont entériné la mise en place des conseils d'administration dans les ARS, la co-présidence du conseil d’administration des ARS par le président du conseil régional et le préfet de région ainsi que de nouvelles compétences confiées à ces instances. Autre point correspondant à une revendication de l’AMF : le renforcement du rôle des délégués départementaux demandé de longue date et une définition de leurs nouvelles missions après consultation des associations d’élus. Reste à savoir si cette décision sera acceptée, à la rentrée, par l'Assemblée nationale, et rien n'est moins sûr. Quant à la « bataille »  autour d'une gouvernance renouvelée des hôpitaux avec un retour des conseils d’administration, elle ne paraît pas d’actualité, les élus locaux n'arrivant pas à infléchir la décision du gouvernement.

Livre blanc en préparation

Ce qui est certain, c'est que les maires n'entendent pas rester muets sur ces questions à l'avenir. « La santé est un sujet majeur et j'imagine que les maires pourront poser quelques pistes sur la table dans la perspective de la présidentielle », estime Frédéric Chéreau, partisan de la rédaction d'un Livre blanc sur ce sujet. La question de l'accès aux soins sera assurément « un thème prépondérant »  des documents que plusieurs associations d’élus préparent à l'intention des candidats à la prochaine présidentielle. 
Maire info reviendra, dans son édition de demain, sur l’anniversaire des un an du Ségur de la Santé et les prises de position de l’AMF à cette occasion. 

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