Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 27 janvier 2023
Réforme des retraites

Ces maires qui ont décidé de fermer leur mairie mardi prochain pour soutenir le mouvement social

Plusieurs maires, dont celle de la capitale, ont annoncé leur intention de fermer tout ou partie de la mairie mardi prochain, à l'occasion de la nouvelle journée de grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites. 

Par Franck Lemarc

Le mouvement a été lancé par Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, qui a appelé, avant-hier, « les maires à fermer symboliquement leur mairie »  le mardi 31 janvier, jour où les huit centrales syndicales appellent à la grève contre la réforme des retraites. 

Baptisant cette opération « Mairies solidaires », le chef de file du PCF a invité les maires « à fermer leur mairie deux à trois heures pour que leurs agents puissent partir manifester »  et à « mettre des banderoles sur le fronton de leurs mairies contre le projet [de loi] ». 

Services essentiels assurés

Plusieurs maires communistes ont aussitôt embrayé le pas à leur porte-parole, comme celui de Villejuif, dans le Val-de-Marne. Pierre Garzon a ainsi déclaré : « Une injustice, ça se combat, et cette réforme est injuste, brutale et inutile. »  Le maire a toutefois assuré que l’accueil des enfants sera assuré ainsi que l’ouverture du centre de santé. D’autres maires communistes d’Île-de-France, comme ceux de Montreuil ou de Bonneuil-sur-Marne, feront de même.

La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a également suivi le mouvement, en annonçant hier : « Il y a des services publics qui doivent continuer, je pense à l'état civil, mais l'Hôtel de Ville de Paris sera le 31 en solidarité avec le mouvement social ». Tout le bâtiment sera fermé, à l’exception du refuge pour les femmes sans abri. Une banderole « Mairie solidaire avec le mouvement social »  sera par ailleurs déployée au fronton.

Dans d’autres communes du pays, les élus, en plus de leur « solidarité », mettent en avant le fait que les services municipaux seront, de toute façon, tellement touchés par la grève qu’il vaut mieux directement fermer la mairie. 

Enfin, on peut retenir que le maire LFI de Faches-Thumesnil, dans le Nord, Patrick Proisy, a déclaré qu’il ne retirerait pas le salaire des agents en grève mardi à partir de 14 h. 

Au-delà des retraites

Un certain nombre d’élus veulent également profiter de cette journée pour mettre en avant leurs difficultés propres en tant que maires. C’est le cas, par exemple, du maire de Raismes et président de la communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut, dans le Valenciennois, Aymeric Robin. Dans un communiqué, le maire a fait savoir que plusieurs élus de l’agglomération veulent profiter de l’occasion pour « exiger des moyens supplémentaires pour nos communes dans le contexte de crise énergétique que nous connaissons qui fragilise de façon inédite nos budgets pour 2023 ». La fermeture de mairies, « outre de marquer notre soutien au mouvement social, vise à mettre en lumière nos difficultés de recrutement et de moyens financiers pour mener à bien nos politiques municipales et le service public. Voilà ce qui pourrait arriver si le gouvernement ne prenait pas la mesure de nos difficultés budgétaires : ‘’mairie morte et fermée au public faute de moyens’’ deviendra le lot quotidien ». 

Recours

Dans ces communes où les mairies seront fermées au public, des élus d’opposition ont exprimé leur désaccord face à ces décisions. C’est le cas à Paris, où l’opposition reproche à Anne Hidalgo de « confondre Paris avec le Parti socialiste » : « La maire de Paris s’assied sur le principe de continuité du service public, inscrit dans les textes fondamentaux, s’insurge par exemple le conseiller d’opposition Aurélien Véron, et elle instrumentalise la mairie et ses fonctionnaires ». 

Tous les maires qui ont pris position pour fermer leur mairie expliquent toutefois que les services essentiels continueront de fonctionner, en particulier ceux pour lesquels la loi impose un service minimum.

Plus délicate est la question de la neutralité du service public. Certains élus d’opposition, voire administrés, étudient ici et là la possibilité de déposer un recours contre les maires qui ont décidé d’apposer une banderole au fronton de la mairie, estimant qu’une telle prise de position représente une rupture de la nécessaire neutralité du service public. Certains juristes se sont exprimés dans la presse pour juger qu’une telle procédure pourrait être recevable, pour « excès de pouvoir ». À suivre. 

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