Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 17 mars 2021
Coronavirus

Centres de vaccination : laisser la main aux élus locaux ?

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a réuni hier soir le « comité des élus » pour faire le point, notamment, sur la campagne de vaccination. Retour sur les conclusions de cette réunion, avec Frédéric Chéreau, maire de Douai et co-président de la commission Santé de l'AMF. 

Au lendemain de la « suspension »  de l’utilisation du vaccin AstraZeneca, et au moment où le Conseil scientifique définit la situation actuelle comme « une course entre les vaccins et les variants »  (lire article ci-dessous), où en est la vaccination en France ?
Au 15 mars, plus de 7 millions de personnes avaient reçu au moins une dose de vaccin, selon les chiffres de Santé publique France. Mais seulement 2,25 millions de personnes ont reçu les deux doses, assurant une réelle immunité contre le covid-19. Ce sont 7,9 % des Français qui ont reçu une première injection, et 3,4 % une seconde.
Le nombre d’injections quotidiennes (première ou deuxième dose) pratiqué dans le pays a connu un coup d’accélérateur net les 11 et 12 mars derniers, avec un pic le 12 mars (plus de 326 000 injections). Depuis, le ralentissement est net, comme on le voit dans le graphique ci-dessous. Il apparaît clairement sur ce graphique que l’appel du gouvernement à vacciner « sept jours sur sept »  a été en partie entendu depuis le 7 mars : le « fossé »  des samedis et dimanches, très marqué jusqu’à cette date, l’est bien moins aujourd’hui. 

Pénurie

Ce sont bien les difficultés d’approvisionnement en vaccins qui sont le principal frein à la campagne – sans parler de la suspension du vaccin AstraZeneca. Sur ce dernier sujet, « le ministre s’est montré relativement optimiste, relate ce matin Frédéric Chéreau, et il pense que le produit va être à nouveau autorisé, car ses bénéfices en matière de lutte contre le covid-19 sont très supérieurs aux risques éventuels. Reste maintenant à savoir s’il ne va pas se développer une psychose dans la population après cet épisode. » 
Quant aux approvisionnements, là encore le ministre s’est montré plutôt « rassurant » : « Il serait selon lui envisageable de sortir de la pénurie sous deux semaines, à condition que les engagements pris par les laboratoires soient tenus. Dans ce domaine, l’État n’a pas toutes les cartes en main et est obligé de naviguer à vue, car les promesses ne sont pas toujours tenues. »  Il est arrivé, par exemple, que des livraisons soient effectuées correspondant au dixième de ce qui avait été acté !

« Laissez-nous faire ! » 

L’augmentation des capacités de vaccination dans le pays est bien entendu suspendue à la question de l’approvisionnement : « Cela ne sert à rien d’ouvrir un centre de vaccination si l’on n’a pas les doses », explique le maire de Douai. « Mais du côté des élus, nous avons dit au ministre que nous sommes en capacité de monter très vite en charge, et que de nombreuses communes sont prêtes à ouvrir de nouveaux centres très rapidement. Pour l’instant, ce sont les ARS qui freinent, faute de vaccins, mais dès que les doses arriveront, le nombre de centres augmentera rapidement. » 
Le ministre a expliqué aux élus qu’il n’était « pas opposé »  à l’ouverture de vaccinodromes ou centres de vaccination « XXL »  – à l’instar de celui qui a été ouvert cette semaine au stade vélodrome de Marseille. « Mais il y a aussi de nombreux territoires où il faut plutôt ouvrir de petits centres, au plus près des habitants. Le message que nous avons passé au ministre, c’est : ‘’Laissez-nous faire !’’ Les maires connaissent leur territoire et leurs administrés, et ce sont eux qui savent ce qui sera le plus efficace. Le ministre n’est pas fermé, semble-t-il, à cette idée de laisser la main aux élus. » 
C’est également le cas sur la question des déplacements : « Il y a des endroits où les communes organisent des transports pour véhiculer les personnes jusqu’aux centres de vaccination, d’autres où elles déplacent les soignants directement auprès des personnes les moins mobiles. Cela doit rester à la main des territoires. » 

Compensation des coûts

Cette réunion a également été l’occasion de revenir sur la question de la compensation des coûts occasionnés par les centres de vaccination, pour les communes. « Ce coût est extrêmement variable d’une commune à l’autre, explique Frédéric Chéreau. Chez moi, à Douai, nous avons relativement peu de frais : il y a une CPTS [communauté professionnelle territoriale de santé] très active, et la mairie est peu sollicitée. Dans d’autres communes, les charges sont au contraire très importantes – en véhicules, informatique, personnel. Certes, les communes mobilisent certains agents municipaux dans les centres de vaccination qui sont, de toute façon, payés toute l’année, mais il faut payer par exemple les heures supplémentaires lorsque les centres ouvrent le samedi et le dimanche. » 
La somme moyenne de 50 000 euros pour six mois évoquée par la DGS est un plafond des compensations financières versées par les ARS, qui est souvent, dans les faits, très largement dépassé : « Des élus présents à la réunion d’hier ont évoqué des charges dix fois supérieures », indique le maire de Douai. Quoi qu’il en soit, Olivier Véran s’est là encore montré rassurant : le FIR (fonds d’intervention régional) sera sollicité autant que de besoin pour « répondre »  aux demandes et l’État prendra en charge, assure le ministre, les coûts engagés par les collectivités. 
Les maires restent donc dans les starting-blocks et sont prêts à monter en capacité. La question reste, encore et toujours, la capacité des laboratoires à répondre aux besoins. 

F.L.

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