Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 6 janvier 2021
Coronavirus

Ce qu'Emmanuel Macron a dit hier aux maires d'Indre-et-Loire sur les centres de vaccination

L'appel des associations d'élus et des maires pour mettre en oeuvre des centres de vaccination dans les communes semble avoir été entendu : hier, le président de la République, Emmanuel Macron, a confirmé devant des maires d'Indre-et-Loire que d'ici la fin janvier, « 500 à 600 » de ces centres seraient ouverts... Mais pas plus pour l'instant. Retour sur cette rencontre.
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© France 3 Centre-VDL

Maire info décrivait hier les innombrables initiatives des maires qui, d’un bout à l’autre du pays, se sont déployées ces derniers jours, et annonçant mettre à disposition de l’État leurs salles municipales, voire les employés communaux ou même, pour certaines communes qui en ont une assise financière suffisante, des congélateurs à - 80 ° C. 
Confronté à cette déferlante de réactions d’élus locaux depuis ce week-end, et à la demande unanime des associations d’élus – et pas seulement du bloc local – le gouvernement a annoncé officiellement une nouvelle réorientation de sa stratégie. 
Elle a d’abord été évoquée hier matin par le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur RTL : « Nous allons développer les centres de vaccination destinés à la ville. La semaine prochaine, nous aurons 300 centres de vaccination. Et 500 à 600 centres de vaccinations seront accessibles en ville fin janvier. »  Dans une note signée du ministre qu’Europe 1 dévoile ce matin, Olivier Véran demande aux Agences régionales de santé et aux préfets d’identifier dès maintenant « au moins trois centres par département »  où seraient créés des « lieux collectifs de vaccination ». Objectif : y faire vacciner les publics prioritaires, tels que définis hier par le ministre : soignants à risque, pompiers et aides à domicile de plus de 50 ans, et dans un deuxième temps les personnes de plus de 75 ans ne résidant pas en Ehpad. 

Pas plus de 5 à 6 centres par département pour l’instant

Le chef de l’État lui-même, hier, a confirmé ce tournant. En déplacement dans l’Indre-et-Loire pour présenter, à Tours, la réforme de la pension alimentaire, Emmanuel Macron en a profité pour organiser une rencontre au pied levé avec une quinzaine d’élus du département, dont le président du conseil départemental et le président de l’association des maires, Cédric de Oliveira (maire de Fondettes).  
Cédric de Oliveira n’est pas venu les mains vides, raconte-t-il ce matin à Maire info : il a remis au président de la République un courrier co-signé par lui-même et Catherine Lhéritier, présidente des maires du Loir-et-Cher. Une fois encore, ce courrier relayait, « au nom des 538 maires représentés par les deux associations », la proposition des élus de mettre à disposition des salles municipales pour en faire des centres de vaccination. 
« Le chef de l’État nous a confirmé la volonté d’aller vers cinq à six centres par département dans un premier temps, en plus des hôpitaux et des cliniques qui pratiquent déjà la vaccination, relate le maire de Fondettes. Mais pourquoi ne pas aller plus loin ? Je lui ai rappelé que les maires avaient réussi la distribution des masques, et que maintenant, les communes pouvaient parfaitement mettre à disposition de l’État autant de salles que nécessaire. » 
Sur ce sujet, Cédric de Oliveira a senti le président de la République « réservé ». « Il nous a dit que ce n’était pas forcément la bonne solution pour le moment, qu’il fallait respecter le phasage prévu, a évoqué la question des congélateurs… »  Emmanuel Macron n’a pas non plus donné aux maires de précisions sur la façon dont seraient choisies les communes qui accueilleront les centres de vaccination, confirmant simplement que cela se ferait « sous le pilotage des préfets et des ARS avec une consultation des élus locaux ». Mais lesquels ? Pour le président de l’AD d’Indre-et-Loire, il est « indispensable que l’AMF et les associations départementales soient dans la boucle ». 
Le maire de Fondettes a également souhaité alerter le chef de l’État sur la communication quelque peu chaotique du gouvernement sur le sujet, avec « des annonces contradictoires à quelques heures d’intervalle ». « J’ai voulu lui faire toucher du doigt la préoccupation profonde, l’incompréhension de nos concitoyens. Et quand les citoyens sont perdus, ils se tournent vers le maire ! Le nombre de courriers reçus en mairie sur ce sujet a été multiplié par trois, le nombre de coups de fil explose ! Moi-même, dimanche, au marché, j’ai passé trois heures à être interpellé par les habitants. »  Cédric De Oliveira a suggéré au chef de l’État que le gouvernement mette en place une communication plus directe, plus cohérente, « par exemple avec des spots TV comme il l’a fait pour l’application TousAntiCovid. L’idée a eu l’air de retenir son attention et celle de ses conseillers. » 

« Ne pas céder à l’effondrement moral » 

Au-delà de la question de la vaccination, Emmanuel Macron a évoqué la situation générale et prévenu les maires qu’il fallait s’attendre, à l’avenir, à subir les conséquences d’une crise économique dure « dont il pense que nous ressentirons les effets à partir de l’automne ». Sans dévoiler les annonces qui seront faites jeudi par le Premier ministre, le chef de l’État a « clairement laissé entendre »  aux élus présents « que l’on n’était pas près de voir rouvrir les bars et les restaurants ». 
Toutefois, Emmanuel Macron a conclu son dialogue avec les maires en leur disant qu’il ne fallait pas que « la France cède à l’effondrement moral ». « Dans ce domaine, conclut Cédric de Oliveira, je crois que les maires ont un rôle essentiel. Ils restent les boussoles, les référents pour nos concitoyens. Pendant toute la crise, ils sont restés sur le terrain, ne se sont pas enfermés dans leur bureau. Pour moi, ce sont aussi les maires qui peuvent permettre d’échapper à ‘’l’effondrement moral’’ dont parle le président. » 

Franck Lemarc

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