Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 12 septembre 2003
Catastrophes

Canicule : Jean-François Mattei reconnaît l'absence d'anticipation et la défaillance du système d'alerte

Le ministre de la Santé Jean-François Mattei a reconnu, devant la Mission d'information parlementaire sur la crise sanitaire d'août lors de la canicule, l'absence d'anticipation et la défaillance du système d'alerte, tout en justifiant largement l'action de son administration. Le ministre, qui était apparu très affecté le 20 août lors du Conseil des ministres de rentrée, est revenu sur un "drame immense et infini" qui l'a "meurtri", a-t-il dit. Durant deux heures et demie, il a exprimé sa "détermination farouche" à faire face : "Je n'ai jamais pensé à démissionner, bien au contraire, je me suis senti investi d'une mission, du devoir d'agir et d'adapter" le système sanitaire. "J'ai vu. Je saurai maintenant comment faire pour que cela ne se reproduise pas", a-t-il ajouté, évaluant "la surmortalité liée à la canicule à environ 12 000 personnes" pour les deux seules premières semaines d'août. Les Pompes funèbres générales ont comptabilisé quelque 15 000 décès supplémentaires pour tout le mois. Le ministre a indiqué que "81% des décès sont survenus chez des personnes âgées de plus de 75 ans et 50% chez des personnes de plus de 85 ans". M. Mattei a admis qu'"il n'y a eu ni alerte véritable au sens d'alarme ni mobilisation par anticipation", comme l'avait souligné le rapport d'expertise publié lundi, qu'il avait lui-même commandé. Ainsi, l'Institut de veille sanitaire (InVS) "n'a pas réagi", a souligné le ministre, qualifiant pourtant cet organisme de "tour de contrôle", de "guet", de "vigie", qu'il "faut garder". A la décharge de l'InVS, le ministre a rappelé que, "si ses missions sont pratiquement sans limites", la veille climatique ne figure pas comme une de ses "tâches prioritaires". Revenant sur la chronologie de la crise, M. Mattei a évoqué le "communiqué publié le 8 août par la Direction générale de la santé (DGS) qui détaille les recommandations sanitaires en cas de températures élevées" tout en reconnaissant qu'il s'agissait de "mesures bien éloignées de l'idée qu'on se fait de l'alerte sanitaire !" Le 11 août, la veille du pic de mortalité, la DGS parle d'une "situation maîtrisée" et ne prend donc pas "l'initiative de déclencher un message d'alerte auprès des professionnels". Le ministre a déploré encore l'absence de signal de la part de services sanitaires et sociaux déconcentrés de l'Etat. Il a évoqué les canicules de 1976 (3 000 morts) et de 1983 (4 700 victimes) survenues en France, "dont jamais aucune leçon n'a été tirée". "C'est en soi un facteur explicatif de la crise d'août 2003", a-t-il affirmé, soulignant qu'"il y a désormais un avant et un après août 2003". Le ministre n'en a pas moins estimé qu'"en fonction des informations qui nous ont été communiquées le ministère de la Santé, et plus globalement le système de santé français, a pris les mesures les plus adaptées aux circonstances". M. Mattei a relevé que des experts américains qu'il avait consultés avaient fait état d'"une catastrophe naturelle qui ne dit pas son nom". Pour le ministre, "c'est en amont de l'hôpital que résidait le véritable problème", citant "les faiblesses de prise en charge des personnes âgées dépendantes" mais aussi "le délitement du lien social", la "solitude et l'isolement qui ont progressé dans notre société". "Il y a une part de responsabilité de chacun de nous à cet égard là", a-t-il lancé.<

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