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Édition du vendredi 26 avril 2024
Catastrophes

Catastrophes climatiques : la Croix-Rouge alerte sur le besoin impérieux de mieux se préparer localement

Feux de forêt, retrait-gonflement des argiles, tempêtes, chaleurs extrêmes, inondations : « Les citoyens ne sont pas prêts à affronter les crises climatiques », selon une étude de la Croix-Rouge.

Par Lucile Bonnin

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Si le « nombre de régions dotées d’un observatoire du changement climatique et de communes concernées par un plan communal de sauvegarde a doublé ces dernières années », la réponse en urgence à la crise a malheureusement tendance à ne pas prendre suffisamment en compte les besoins réels des populations. C’est ce que pointe la Croix-Rouge dans un rapport consacré à la résilience de la société française face aux événements climatiques extrêmes. 

Éric Ménassi, maire de Trèbes et Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule, coprésidents du groupe de travail risques et crises de l’AMF – interviewés dans le cadre de ce rapport – rappellent que désormais, « plus aucune commune n’est épargnée. Les évolutions climatiques ont déjà des conséquences considérables sur l’intensité et la fréquence de certains aléas naturels (pluies extrêmes entraînant des inondations, vague de chaleur générant canicule, sécheresse et feux de forêt, tempête pouvant déclencher des phénomènes de submersion marine…), sur un territoire français déjà très exposé (un habitant sur quatre est d’ores et déjà exposé au risque inondation) ».

Augmentation des risques climatiques 

Dans la commune de Villariès, en Haute-Garonne, le 23 août dernier, la température a atteint un chiffre record de 43,7 degrés Celsius. En 2022, 35 % des sols du territoire métropolitain ont été en situation de sécheresse. La même année, 60 000 hectares de forêts ont brûlé, dont environ la moitié en Gironde. En 2018, 3 971 communes ont été concernées par un arrêté « catastrophes naturelles retrait et gonflement des argiles » . Cet hiver, plus de trois semaines d’inondations dans le Pas-de-Calais ont fait cinq blessés et de très importants dégâts. Les catastrophes climatiques s'enchaînent en France et les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus visibles avec le temps. 

L'association d'aide humanitaire rappelle dans son rapport que ces « chocs climatiques [sont] devenus plus fréquents et plus intenses »  et que ce constat et à prendre en considération. Ce qui inquiète du côté de la Croix-Rouge – qui compte 635 établissements et services répartis en France métropolitaine et outre-mer – c’est « que le sentiment de préparation augmente moins vite que l’exposition aux risques climatiques » . Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française, indique que la priorité est désormais de « former et éduquer les citoyens afin de mieux anticiper les crises et d’être prêts lorsqu’elles surviennent ».

Manque de moyens et de sensibilisation 

La Croix-Rouge souligne que si « les pouvoirs publics ont progressé sur le volet planification face aux risques » , sans coordination avec les associations et les acteurs locaux, « la planification est insuffisante pour protéger les populations » . Le rapport dénonce au passage la « baisse de 10 % des crédits alloués par l’État entre 2022 et 2023 aux associations de sécurité civile dont c’est précisément le rôle »  alors que l'inflation frappe de plein fouet ces dernières. 

Afin de coordonner tous les acteurs, il faut, selon une proposition de l’association, « mieux intégrer les associations de secours aux plans de crise en amont et pendant la crise »  grâce notamment à un coordinateur national. Il serait notamment chargé de « clarifier l’organisation à mettre en place au niveau territorial avec la constitution de cellules prêtes à être déclenchées ». 

La Croix-Rouge suggère également de former 80 % des citoyens aux gestes qui sauvent, notamment à l'école et en entreprises. Actuellement, seulement 40 % des Français sont formés gestes et comportements qui sauvent. De même, l’association considère que chaque Français devrait préparer un « sac d’urgence »  en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes. « Seuls 10 % des Français ont le réflexe de préparer un sac d’urgence »  aujourd’hui. L’association propose un exemple de kit à préparer dans chaque foyer avec une trousse de premiers secours, de la nourriture non périssable, une couverture de survie et d’autres accessoires utiles en cas de crise. 

La Croix-Rouge propose aussi un maillage du territoire avec des « plateformes »  centralisant des moyens logistiques prêts à être déployés localement : véhicules, moyens de communication, matériel de secours, rations, kits d’hygiène, couvertures, lits Picot pour monter des centres d’hébergement et porter secours aux sinistrés. L’année dernière, face à l’ampleur des inondations dans le Pas-de-Calais, et en l’absence de stocks à proximité, la Croix-Rouge a dû « faire venir du matériel de plusieurs territoires voisins et nationaux, les stocks locaux étant largement insuffisants au regard de la crise exceptionnelle qui a touché près de 350 communes ». Une réorganisation est donc nécessaire. 

Protéger les personnes, surtout les plus vulnérables 

Enfin, si nous subissons tous les effets du dérèglement climatique, « ce sont les plus fragiles qui paient le prix fort » . Sans-abris, personnes précaires, personnes âgées isolées : « pour ces personnes vulnérables, c’est la double peine : après avoir subi de plein fouet les catastrophes climatiques, elles se retrouvent ensuite dans une situation encore plus précaire, avec une dégradation de leurs conditions de vie », peut-on lire dans le rapport. 

L’association appelle en premier lieu à « améliorer le cadre des registres communaux des personnes vulnérables pour faciliter l’identification de ces personnes et mieux les protéger pendant les crises (en établissant et en mettant à jour régulièrement une liste par commune) et développer l’information sur ces registres pour que les personnes concernées donnent leur accord pour y être inscrites ».

Autre proposition de l’association : réactiver les comités départementaux de veille sociale qui « permettraient de recenser tous les lieux protégés sur le territoire pouvant accueillir des personnes vulnérables (salles climatisées, etc.) et de diffuser des informations sur l’accès aux biens essentiels, à l’eau et à l’hygiène » 

Rappelons qu’au dernier Congrès des maires, la Croix-Rouge a présenté un livret de bonnes pratiques à l’attention des maires en partenariat avec l’AMF pour faire face aux risques et accompagner au mieux les administrés. 

Consulter le guide à destination des maires. 

Consulter le nouveau rapport de la Croix-Rouge. 
 

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