Maire-info
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Édition du jeudi 25 septembre 2025
Santé publique

Baisse du plafond de remise sur les médicaments génériques : le Premier ministre fait marche arrière

Les représentants des pharmaciens d'officines ont été reçus hier par le Premier ministre. Dans un communiqué diffusé hier soir, il annonce annonce suspendre partiellement, pour une durée minimale de trois mois, l'application de l'arrêté actant l'abaissement du plafond des remises sur les médicaments génériques.

Par Lucile Bonnin

La publication de l’arrêté modifiant le plafond de remise sur les médicaments génériques au Journal officiel du 6 août avait déclenché la colère des pharmaciens. Concrètement, il prévoit la baisse du plafond de remises commerciales pour les médicaments génériques de 40 à 30 % à partir du 1er septembre, avant un passage à 25 % en 2026, puis à 20 % en 2027.

Ces remises accordées par l’industrie pharmaceutique aux pharmaciens d'officines à l'achat de médicaments génériques représenteraient pas moins de 600 millions d'euros, « une ressource légitime et indispensable au fonctionnement du réseau officinal »  du point de vue des professionnels (lire Maire info du 23 septembre). 

Après plusieurs mobilisations des organisations de pharmaciens où quasiment toutes les pharmacies avaient fermé leurs portes le 16 août et le 18 septembre dernier, le Premier ministre Sébastien Lecornu a finalement reçu la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et les syndicats représentatifs de la profession (FSPF et USPO) pour leur délivrer une bonne nouvelle.

Le taux de remise sur les génériques revient à 40 %

Le Premier ministre a donc annoncé suspendre « partiellement, pour une durée minimale de trois mois, l’application de l’arrêté : le taux de remise sur les génériques revient à 40 %. Les biosimilaires gardent le même taux à la hausse prévue dans l'arrêté à hauteur de 15 %. » 

Rappelons qu’au lendemain de la mobilisation du 18 septembre, le gouvernement avait déjà souhaité faire « un geste »  en annonçant une réduction des baisses de prix imposées sur les médicaments génériques. Selon un communiqué de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), l’État a accepté de réduire à 198 millions d’euros l’effort de baisse des prix demandé, dont 177,3 millions d'euros sur les médicaments génériques, contre 241,5 millions d’euros initialement prévus.

La décision du gouvernement d’abandonner, pour trois mois, cette baisse des remises, est une bonne nouvelle pour les professionnels qui estiment cette remise commerciale essentielle à l'équilibre des officines. C’est aussi une bonne nouvelle pour les territoires qui comptent des pharmacies en difficultés et alors que déjà, chaque année, environ 200 à 300 pharmacies ferment. Tout cela évidemment dans un contexte de désertification médicale inquiétant. Simple sursis ou marche arrière complète ? L’avenir nous le dira.

Nouvelles missions confiées aux pharmaciens

Les services du Premier ministre ont annoncé en parallèle qu’une mission vient d’être lancée pour analyser les flux financiers du circuit de distribution du médicament et que l’offre de soins de proximité est renforcée.

Dans le cadre d’un protocole d’accord, les pharmaciens pourront désormais proposer de réaliser des tests d’orientation diagnostique pour les angines ou les cystites, avec prescription d’un traitement si nécessaire, renouveler les ordonnances de contraceptifs oraux jusqu’à six mois après leur expiration et enfin prolonger, jusqu’à trois mois, le renouvellement de traitements chroniques stables (comme l’hypertension ou le diabète), afin d’éviter toute rupture de soins. Ces nouvelles prérogatives des pharmaciens sont essentielles notamment parce que dans les déserts médicaux, les pharmacies jouent souvent un rôle essentiel pour la santé publique.

« Ce protocole d’accord marque une avancée concrète dans la transformation du rôle des officines, en les inscrivant pleinement dans la réponse aux besoins de santé de proximité, peut-on lire dans le communiqué. Sa mise en œuvre fera l’objet d’un suivi régulier. » 

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