Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 20 juin 2022
Assemblée nationale

Carton plein pour le RN et la Nupes dans certains départements

Outre l'instabilité politique qui va naître des résultats du second tour hier, celui-ci a été marqué par la forte poussée du Rassemblement national et un nombre de sièges en forte augmentation pour la nouvelle union de la gauche, rebaptisée Nupes. 

Par Franck Lemarc

Maire info relevait, mercredi 15 juin, un fait passé relativement inaperçu dans les résultats du premier tour des législatives : le parti de Marine Le Pen était arrivé en tête dans près de la moitié des communes du pays (14 000), et en particulier dans de très nombreuses communes rurales. Cet ancrage territorial du RN s’est confirmé hier par le résultat remporté par le parti, résultat qui a surpris jusqu’à ses propres cadres. 

L’ancrage de plus en plus large du RN

Avec 89 députés (contre 8 dans la précédente Assemblée), c’est peu de dire que le RN a le vent en poupe. Le parti de Marine Le Pen va devenir le premier parti d’opposition de la nouvelle Assemblée nationale, devant la France insoumise et les Républicains. Premier parti d’opposition ne veut pas dire premier groupe : on ne sait pas, à cette heure, si les partis membres de la Nupes vont constituer un seul groupe à eux tous, ou bien un groupe par parti, ou si des « sous-groupes »  se formeront, par exemple un groupe LFI-PCF, qui deviendrait, dès lors, le principal groupe d’opposition d’un point de vue numérique. Quoi qu’il en soit, le RN, fort de sa position de premier parti d’opposition, revendique d’ores et déjà ce matin la présidence de la commission des finances dans la future Assemblée.

Reste que ce résultat marque une poussée inattendue du RN, bien au-delà de ses fiefs traditionnels. Inattendue, mais finalement pas surprenante, puisqu’il faut tout de même rappeler que le parti de Marine Le Pen a obtenu 46 % au second tour de l’élection présidentielle. 

Dans ses fiefs les plus traditionnels, le RN fait un carton plein dans plusieurs départements : en Haute-Marne, en Haute-Saône, dans l’Aude et dans les Pyrénées-Orientales, le RN l’a emporté dans toutes les circonscriptions. Le RN n’est pas très loin non plus du grand chelem dans le Vaucluse, où il décroche quatre circonscriptions sur les cinq que compte le département ; dans le Var, où il en remporte sept sur huit ; ou encore dans l’Yonne (deux sur trois). 

De bons résultats également pour le RN dans le Pas-de-Calais, où le parti l’emporte dans la moitié des circonscriptions (6 sur 12) et un peu moins dans le Nord (6 sur 20).

En Moselle en revanche, où le RN fait traditionnellement des scores très importants, il ne récolte que trois circonscriptions sur neuf. 

Le Rassemblement national confirme son ancrage dans des régions de l’ouest du pays qui lui étaient jusqu’alors moins favorables : il l’emporte dans quatre circonscriptions sur cinq de l’Eure, mais aussi dans une circonscription de la Charente, deux de la Gironde, une de la Dordogne… Au niveau régional, la seule région qui ne donne aucun député au RN est la Bretagne. 

La Nupes réalise le grand chelem en Seine-Saint-Denis

Du côté de la Nupes, le seul département où la coalition a réalisé le carton plein est la Seine-Saint-Denis, avec douze députés sur douze circonscriptions. La coalition de gauche fait également de très bons résultats dans le centre du pays (Creuse et Puy-de-Dôme), dans les terres traditionnellement à gauche de la Haute-Garonne, de l’Ariège, du Tarn-et-Garonne, de l’Ille-et-Vilaine, du Val-de-Marne. À Paris, les candidats de la Nupes l’ont emporté dans les circonscriptions populaires de l’est et du sud de la capitale, les autres circonscriptions revenant à Ensemble (les Républicains n’ont emporté aucune circonscription parisienne). 

Parmi les traits originaux de ce scrutin, on notera l’entrée à l’Assemblée nationale, le plus souvent sur des listes Nupes, de profils assez inhabituels issus du monde du travail : Laurent Alexandre dans la 2e circonscription de l’Aveyron, ouvrier dans l’industrie aéronautique ; Rachel Keke, femme de chambre franco-ivoirienne et porte-parole de la grève des employées d’hôtels, qui a battu l’ancienne ministre Roxana Maracineanu dans la 7e du Val-de-Marne ; ou encore Jean-François Coulomme, délégué syndical CFE-CGC, dans la 4e circonscription de la Savoie. 

Mais la Nupes n’a pas le monopole des élus issus des classes populaires ou du monde du travail : Ensemble a fait élire un professeur des écoles, Philippe Fait, dans le Pas-de-Calais ; le nouveau député RN de l’Allier, Jorys Bovet, est chauffeur-livreur, ou celui de la 1ère circonscription de l’Yonne, Daniel Grenon, épicier en retraite. 
 

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