Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 29 novembre 2018
Numérique

Informatique « en nuage » : l'État veut envoyer un « signal » aux collectivités territoriales

Matignon vient de publier une circulaire pour expliciter la « nouvelle doctrine »  de l’État en matière de « cloud computing », désormais appelée « informatique en nuage ». Avec pour objectif, entre autres, d’adresser « un signal »  aux collectivités et à d’autres administrations publiques qui n’utilisent ces technologies que de façon « limitée ».
Rappelons-le en préambule : le cloud computing est le nom donné à l’ensemble des techniques consistant à utiliser des services informatiques externes à une entité – certains parlent « d’informatique délocalisée ». Il peut s’agir par exemple de stocker des données sur un serveur distant plutôt que dans son propre ordinateur, ou encore, plutôt que de d’installer des logiciels sur le disque dur de chaque ordinateur d’une entreprise ou d’une administration, de recourir à des logiciels utilisables à distance. Dans le nouveau jargon de l’informatique, ces techniques sont appelées Iaas (infrastructure as a service) pour l’hébergement de données à distance ; et Saas (software as a service) pour la location de logiciels externes.

Cloud souverain
La note, signée du directeur de cabinet du Premier ministre, Benoît Ribadeau-Dumas, est claire : « Notre objectif est de développer massivement l’utilisation de l’informatique en nuage au sein de l’administration et à terme d'en faire la norme. »  Notamment parce que ces techniques permettent de larges économies et des gains en « efficacité ». L’État souhaite donc « accélérer la création et la mise à disposition de services numériques ».
Mais il tire également les leçons de l’échec des tentatives de création d’un « cloud souverain ». Pendant plusieurs années – à partir de 2009 – l’État a tenté de favoriser la création d’un géant français du cloud, c’est-à-dire un acteur permettant d’héberger les données sur le territoire national. Entre autres parce que la loi interdit que les données de l’État et des collectivités soient stockées à l’étranger. Or les acteurs majeurs de ce secteur sont aujourd’hui américains et ils sont bien connus, ce sont Amazon et Google. L’État a mis 150 millions d’euros dans ce projet, en association avec la Caisse des dépôts et des entreprises comme Dassault, Orange, SFT et Numericable. Mais les « data centers »  (centres de données) à la française n’ont jamais vu le jour.
Dans sa note, l'auteur souligne que « les tentatives précédentes focalisées autour de la création d'un cloud souverain comme unique solution à la problématique ont donné des résultats limités. »  Il faut donc tenir compte de « la diversité des usages »  et imaginer des solutions différenciées plutôt qu'« un unique compromis pour l’ensemble de l’action publique ».

Nouvelle doctrine
L’État souhaite donc mettre à disposition des administrations « une offre hybride »  composée de plusieurs niveaux de solutions. Il sera notamment créé « un catalogue d’offres accessibles sur internet, porté par des centrales d’achat comme l’Ugap pour en faciliter la commande ». « Ces offres devront néanmoins répondre à des critères minimaux en termes de fonctionnalité, de réversibilité et de sécurité et pourront faire l'objet de labélisations en fonction de leurs caractéristiques, notamment en matière de sécurité. » 
En règle générale, il s’agit de trouver un compromis entre les exigences en matière de sécurité et le développement de l’usage qui ne pourra s’obtenir que grâce à des services « faciles à utiliser, performants et économiquement efficients ».
Le gouvernement va mettre en place une « gouvernance interministérielle »  pilotée par Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État chargé du Numérique, ainsi qu’un « accompagnement dédié », visant à « la mise en œuvre rapide de nouveaux services innovants pour les citoyens et les agents publics ». « L’ensemble de ces offres »  a vocation à « être ouvert aux collectivités locales ». « Une politique tarifaire sera mise en place à cet effet », concluent les auteurs de la note.
F.L.

Télécharger la circulaire.

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