Maire-info
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Édition du vendredi 25 avril 2025
Sécurité

Après le drame de Nantes, François Bayrou relance le débat sur le contrôle des armes blanches dans les écoles

Une lycéenne de 15 ans a été tuée et trois autres lycéens blessés hier, à Nantes, par un adolescent qui a été hospitalisé en psychiatrie. François Bayrou a annoncé le lancement d'une mission qui devra très rapidement proposer des solutions sur la question des armes blanches en possession de mineurs.

Par Franck Lemarc

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© Matignon

C’est peu après 12 h, hier, au lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides de Nantes, qu’un élève du lycée de 16 ans a attaqué au couteau quatre autres adolescents, dont l’une, âgée de 15 ans, est décédée, et les trois autres grièvement blessés. Le meurtrier a été maîtrisé par des personnels de l’établissement avant d’être interpellé. On a appris dans la soirée que son état psychiatrique n’a pas été jugé compatible avec sa garde à vue, et qu’il a été hospitalisé.

Le jeune homme, inconnu des services de police mais manifestement gravement déséquilibré, avait diffusé, peu avant de passer à l’acte, un texte d’une dizaine de pages dénonçant la destruction de la planète, la mondialisation, « l’écocide »  ou le « conditionnement social totalitaire » . Selon une source citée par Le Monde, les enquêteurs auraient également retrouvé des inscriptions « néonazies »  sur certaines de ses affaires.

« Ensauvagement »  vs « santé mentale »  de la jeunesse

Très rapidement après ce drame, les ministres de l’Intérieur et de l’Éducation nationale, Bruno Retailleau et Élisabeth Borne, se sont rendus sur place. Dans une déclaration très politique, le ministre de l’Intérieur a rapidement évoqué un « ensauvagement de la société »  et critiqué « une société qui a encouragé le laxisme, qui a voulu déconstruire les interdits, l’autorité, l’ordre, les hiérarchies ». « Il faut reconstruire l’autorité » , a ajouté Bruno Retailleau.

Quelques minutes plus tard, la maire de Nantes, Johanna Rolland, également sur place, a demandé aux responsables politiques de ne pas « instrumentaliser »  ce drame et a affirmé que ce n’était pas le moment ni le lieu de « faire de la politique » . La maire a estimé que le « sujet de fond » , en l’occurrence, est « la santé mentale des jeunes de notre pays ».

Fouille des sacs

En fin d’après-midi, c’est le Premier ministre François Bayrou qui a publié un communiqué de presse exprimant « sa vive émotion »  et ses « sincères et douloureuses condoléances ». Ce drame, selon François Bayrou, « nous conduit à nous poser des questions fondamentales en termes d’éducation, de hiérarchie des valeurs et de respect de la vie humaine ».

Le chef du gouvernement a demandé, dans l’immédiat, une « intensification des contrôles mis en place au sein et aux abords des établissements scolaires », évoquant la « circulaire conjointe »  de Bruno Retailleau et d’Élisabeth Borne du 26 mars dernier.

Cette circulaire, qui n’a pas été rendue publique, faisait suite à plusieurs affaires d’agressions violentes aux abords de lycées, et demandait que soient organisées sous l’égide des préfets et des procureurs, des opérations « inopinées »  et aléatoires de fouilles des sacs des élèves à l’entrée des lycées. Ces fouilles doivent être réalisées par les forces de l’ordre – policiers et gendarmes nationaux. Une liste des établissements « nécessitant une action prioritaire »  devait être établie dans chaque département.

Hier, le ministre de l’Intérieur a indiqué que depuis cette circulaire, « 1 000 opérations ont été conduites » . Dans le département de la Loire-Atlantique, « une réunion s’est tenue le 2 avril sous l’autorité de la directrice de cabinet du préfet de département pour sélectionner une vingtaine d’établissements » . Il est toutefois peu probable que le lycée privé catholique où a eu lieu le drame d’hier, ait fait partie des établissements « prioritaires » . Bruno Retailleau a d’ailleurs reconnu que « l’on ne pourra jamais placer un policier ou un gendarme derrière chaque élève ».

Il est probable, par ailleurs, que ce drame relance le débat sur la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon, adoptée en première lecture par le Sénat le 6 mars dernier (lire Maire info du 7 mars). Ce texte, qui vise à s’attaquer à « la violence endémique »  qui règne dans certains établissements, prévoit parmi d’autres mesures d’autoriser les chefs d’établissement, adjoints ou CPE à procéder à « la fouille des effets personnels »  d’un élève.

Cette disposition a été adoptée par le Sénat malgré l’opposition de nombreux sénateurs attachés à ce que les fouilles restent « une prérogative des forces de l’ordre ». Il est à noter que les syndicats des personnels de l’éducation y sont également clairement opposés. Plusieurs de leurs porte-parole se sont d’ailleurs exprimés depuis hier à ce sujet, estimant que la question prioritaire, pour lutter contre la violence à l’école, est celle des effectifs, notamment de surveillants et d’assistants d’éducation.

« Propositions opérationnelles » 

Enfin, le Premier ministre a indiqué hier qu’il venait de confier une mission à la députée Horizons Naïma Moutchou – vice-présidente de l’Assemblée nationale et auteure d’une récente proposition de loi pour lutter contre le harcèlement scolaire – et au préfet François Ravier, préfet jusqu’au 25 mars dernier de la Savoie après l’avoir été en Haute-Corse.

L’objectif de cette mission est de rendre au Premier ministre, sous quatre semaines, « des propositions concrètes en matière de prévention, de réglementation et de répression (…) pour endiguer le phénomène des violences commises par les mineurs avec des armes blanches » . Cette mission, qui disposera « du concours de l’ensemble des ministères » , devra notamment s’inspirer « des meilleures pratiques déployées à l’étranger »  pour « aboutir à des mesures opérationnelles en matière de vente, de transport et de détention des armes blanches ».

Interrogé hier soir, le Premier ministre a indiqué que l’installation de portiques de détection à l’entrée des établissements pouvait être « une piste ».

D’autres voix, opposées à une réponse strictement sécuritaire, ont appelé depuis hier à se pencher davantage sur la question de la prévention, de la santé mentale de la jeunesse et du rôle des réseaux sociaux dans la montée de la violence.

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