Maire-info
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Édition du vendredi 5 juin 2020
Coronavirus

Apprentissage : Muriel Pénicaud annonce un plan de relance

« On ne peut pas avoir une génération sacrifiée. Les jeunes ne seront pas la variable d'ajustement de la crise. »  C’est le souhait qu’a exprimé la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, hier, à l'issue d’une rencontre, à l'Elysée, avec les partenaires sociaux. Une première série de quatre mesures a été dévoilée afin d’éviter une forte baisse - de l’ordre de 20 à 40 % - du nombre d’offres proposées par les entreprises et particulièrement redoutée par les acteurs de l’alternance. Ces mesures de soutien à l'apprentissage restent, toutefois, la première pierre d'un plan pour l'emploi des jeunes qui doit être présenté début juillet.
« Il faut tout faire pour l’emploi des jeunes. Et la voie royale, c’est l’apprentissage », a souligné, ce matin, Muriel Pénicaud sur RTL. Alors que le nombre de contrats d'apprentissage avait connu un bond record de 16 %, l’an passé, et que près de 800 000 jeunes doivent entrer dans la vie active à la rentrée, l’objectif du gouvernement est d’empêcher que ces derniers, et notamment les apprentis, soient les victimes collatérales de la crise économique entraînée par la crise sanitaire.

Le coût d’un apprenti sera « quasi nul » 
Celui-ci a ainsi décidé d’une aide à l'embauche « exceptionnelle »  pour les entreprises qui recruteront, du 1er juillet 2020 au 28 février 2021, des apprentis « du CAP au bac +3 ». Elle sera de 8 000 euros par an pour les majeurs et 5 000 euros par an pour les mineurs, a annoncé la ministre du Travail, ce qui représenterait un coût supplémentaire de plus d’un milliard d'euros. Une aide, qui est, à ce jour, de 4 125 euros, réservée aux entreprises de moins de 250 salariés et aux diplômes de niveau inférieur ou égal au bac. Les entreprises de plus de 250 salariés y seront donc éligibles « à la condition d’avoir 5 % d’apprentis en 2021 »  dans leurs effectifs. 
Le coût d’un apprenti sera, ainsi, « quasi-nul »  la première année pour les entreprises, a-t-elle assuré, soulignant, ce matin sur RTL, que l’Etat allait « payer intégralement les coûts »  de la première année et « l’aide de la deuxième année qui est moindre, comme avant ». « Ce qui fait qu’une entreprise, un restaurant, un chantier du bâtiment, une start-up... qui est en difficulté financière, mais qui, aujourd’hui, voudrait embaucher un apprenti, va se dire : “Je peux investir sur le jeune, je peux l’embaucher cette année” ». Et Muriel Pénicaud d’ajouter : « Il faut qu’il y ait une offre énorme de la part des entreprises. Malgré la crise, notre ambition est qu'il y ait autant d'apprentis (qu’en 2019). C'est un investissement sur la jeunesse qu’il faut faire. » 

« Mobilisation territoriale » 
Le gouvernement a également décidé d’accorder un délai supplémentaire aux apprentis leur permettant de trouver une entreprise. Ils disposeront de six mois, au lieu de trois auparavant, pour signer un contrat. De plus, la ministre a évoqué une « mobilisation territoriale »  pour que chaque jeune qui a fait un voeu d'apprentissage sur les plateformes d'orientation scolaire Affelnet et Parcoursup puisse se voir proposer une offre. Enfin, l'aide de 500 euros au premier équipement pourra désormais être autorisée pour l'achat d'un ordinateur portable. 
Au-delà de ces mesures sur l'apprentissage, le plan pour l'emploi des jeunes qui sera présenté pendant la première quinzaine de juillet nécessitera de « construire rapidement une batterie de mesures différenciée en fonction du niveau de qualification et des territoires », a précisé le ministère du Travail à l’AFP.

Un nouveau dispositif pour éviter les plans sociaux
Muriel Pénicaud a, par ailleurs, annoncé, ce matin, la mise en place, « au 1er juillet », d’un nouveau dispositif visant à accompagner sur une plus longue durée les secteurs les plus touchés. L’objectif est « d’éviter à tout prix le maximum de licenciements »  alors que « beaucoup (de plans sociaux) se préparent », a-t-elle reconnu sur RTL.
Affirmant que « le système actuel »  de chômage partiel « ne va perdurer très longtemps », la ministre du Travail souhaite voir l’émergence d’un « système qui s'adapte sur une longue durée »  pour les entreprises et les secteurs les plus touchés comme, par exemple, le tourisme, l’aéronautique ou l’automobile. Un dispositif d’activité partielle de longue durée doit ainsi voir le jour d’ici le 1er juillet.
« Ce sera une nouvelle forme de chômage partielle dans la durée », selon elle. Après négociations dans l’entreprise, « au lieu de licencier, tout le monde reste et on baisse une partie du temps de travail et l’État, à travers l'activité partielle, vient compenser une partie de la perte du pouvoir d’achat, pour que les salariés ne soient pas perdants et que l'entreprise puisse continuer à garder les compétences », a détaillé Muriel Pénicaud, qui assure qu’il y aura « des contreparties, comme le maintien de l'emploi, ou le partage de la valeur »  à destination des salariés. 

A.W.

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