Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 13 décembre 2022
Aménagement numérique du territoire

Fibre : l'Arcep confirme les craintes des élus sur la qualité des réseaux

L'Arcep a publié les conclusions d'une analyse de terrain, menée au premier semestre 2022, sur un échantillon de 840 points de mutualisations (PM) et 3 600 points de branchement optiques (PBO). Des défauts ont bel et bien été constatés sur l'état des réseaux fibre.

Par Lucile Bonnin

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© Avicca

Voilà plusieurs années que les élus et notamment l’association Avicca alertent sur l’état des réseaux fibre qui serait dégradé. Pourtant, la pérennité de ce réseau est un véritable enjeu dans les territoires, à l’heure où le décommissionnement du réseau cuivre avance à grands pas - l’extinction du réseau cuivre étant prévue dans moins de dix ans, en 2030.  

Et ces inquiétudes ont malheureusement été confortées par le gendarme des télécoms, l’Arcep, qui publie les conclusions de son analyse de terrain menée sur un échantillon d’équipements des réseaux FttH.

Les observations ont été menées au cours du premier semestre 2022 sur un échantillon de 840 points de mutualisations (PM) et 3 600 points de branchement optiques (PBO) répartis dans les zones moins denses (AMII, AMEL ou RIP) du territoire métropolitain. 50 départements étaient concernés et environ trois quarts des PM visités étaient situés en zone d’initiative privée (AMII ou AMEL).

Des défauts sur l’état des câblages

Même si les résultats de l’enquête livrent uniquement des « enseignements qualitatifs », la preuve est faite que des défauts existent, « en particulier sur l’état des câblages »  aussi bien sur les PM que sur les PBO. 

Pour rappel, le PM est l'endroit où s'effectue la connexion entre les fibres optiques des différents abonnés et les fibres optiques des opérateurs commerciaux et le PBO est le boîtier installé à proximité des câblages d’un logement.

L’Arcep indique notamment que « seule la moitié des câblages des PM visités respecte les règles de l’art relatives à l’étiquetage des câbles et à leur organisation dans le PM » . Cette observation n’est pas une surprise pour l’Arcep dont la présidente Laure de La Raudière mettait déjà en cause l’année dernière des raccordements « en plat de nouilles »  (lire Maire info du 30 novembre 2021).

Les résultats de l’enquête montrent aussi ce qui n’était pas directement visible et qui est tout aussi préoccupant : l’état dégradé des PBO installés en chambre (sous la voirie). L’Arcep indique que son état est « moins bon que pour les autres types de PBO (façade, immeuble, poteau) »  car ils « sont souvent moins bien fixés »  et « les enveloppes des PBO se révèlent moins étanches, avec une présence d’eau dans les boîtiers régulièrement constatée. » 

Les opérateurs mis en cause 

« L’Arcep attire l’attention des opérateurs sur l’importance de corriger les défauts constatés et de mettre en place les mesures pour éviter la survenance de ces défauts à l’avenir afin d’assurer la pérennité des réseaux » , peut-on lire sur le site du gendarme qui indique également suivre de très près la nouvelle feuille de route adoptée par les opérateurs (lire Maire info du 6 octobre). 

L’Avicca, dans une version revisitée de la célèbre fable de la Fontaine Les animaux malades de la peste explique que les réseaux fibre optique sont « malades du mode STOC » , c’est-à-dire des sous-traitances en cascade pour le raccordement (lire Maire info du 11 mars). L’association d’élus condamne l’absence de réaction des opérateurs commerciaux qui privilégie la rapidité et la rentabilité à la qualité et la pérennité. Elle regrette également le fait que le réseau de l’opérateur d’infrastructure soit ainsi dégradé et que les conditions de travail des sous-traitants soient toujours aussi mauvaises. 

La semaine dernière, le président d’InfraNum Philippe Le Grand a annoncé qu’Orange avait décidé d’augmenter de 3,5 % la rémunération de ses sous-traitants. Si c’est un premier pas, les autres opérateurs doivent encore suivre le mouvement. Il est aussi à noter que cette augmentation ne concerne que les sous-traitants de rang 1 qui ne sont pas ceux qui sont les plus « sacrifiés ». Reste à voir si ces derniers vont faire bénéficier à leurs sous-traitants de quelconques avantages liés cette augmentation. 
 

Patrick Chaize, sénateur de l'Ain et président de l'Avica.

 

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