| Édition du mercredi 12 novembre 2025 |
Budget de l'état
Déficit : les derniers ajustements budgétaires de l'année 2025 touchent aussi les collectivités
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Dans le cadre des ultimes ajustements de crédits qu'il prévoit de réaliser pour l'année en cours, le gouvernement estime que l'objectif de déficit pour 2025 sera « tenu ». Alors que la mission dédiée aux collectivités est visée par de nouvelles annulations de crédits, celles-ci correspondraient à « une partie de la réserve de précaution sur les dotations d'investissement ».
Après deux années de dérive des comptes publics, l'objectif de déficit pour 2025 serait « sur les rails » et sur le point d’être « tenu », a annoncé, lundi, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, à l’issue d’un conseil des ministres durant lequel l’exécutif a dévoilé son projet de loi de finances de fin de gestion (PLFG).
Troisième du genre, ce nouvel outil budgétaire permet d’ultimes ajustements de crédits pour l'exercice en cours, mais sans aucune disposition fiscale nouvelle. Il remplace l’habituel collectif budgétaire (projet de loi de finances rectificative) de fin d’année. Mais il doit encore être adopté par les parlementaires pour que les nouvelles mesures d’économies qu’il contient soient définitivement actées.
Annulation de 1,2 milliard d’euros de crédits
Reflétant « la bonne tenue de la dépense publique » durant l’année 2025, selon l’exécutif, il constitue une « photographie de l'année en cours », a rappelé la porte-parole du gouvernement, celle-ci se félicitant que la prévision d'un déficit budgétaire de 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025 devrait être respectée. Ce qui « prouve que nous sommes capables de maîtriser nos dépenses publiques », a-t-elle assuré, après les deux importants dérapages budgétaires de 2023 et 2024.
Pour y parvenir, le gouvernement a, toutefois, prévu d'annuler 1,2 milliard d'euros de crédits. Un montant qui correspond à la différence entre l'ouverture de 3 milliards d'euros de crédits supplémentaires pour « financer des hausses de dépenses liées à des aléas en gestion » et l'annulation de 4,2 milliards d'euros de crédits pris, pour une « grande partie », sur « la réserve de précaution des ministères ».
À cela s’ajoute l’effort budgétaire de 5 milliards d’euros déjà mis en œuvre en début d’année avec notamment l’annulation de près de 3,1 milliards d’euros de crédits.
Dotations d’investissement
Dans le détail, les nouvelles coupes claires affecteront notamment la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » à hauteur de plus de 800 millions d'euros, ainsi que la mission « Recherche et enseignement supérieur » pour 250 millions d'euros et celle dédiée à l’« Économie » (près de 180 millions d'euros).
Sans surprise, les collectivités ne sont pas épargnées puisqu’elles vont devoir subir en particulier une annulation de crédits de 65 millions d’euros de crédits de paiement sur la mission qui leur est consacrée (après 116 millions d’euros supprimés en début d’année). Une ponction qui portera notamment pour 40 millions d’euros sur les concours financiers qui leur sont affectés et qui correspond à « une partie de la réserve de précaution sur les dotations d'investissement ». Bien que le document ne donne pas davantage de précisions, on peut rappeler que la dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) et la dotation de soutien à l’investissement local (Dsil), entre autres, font partie de cette mission.
Pour mémoire, l’instruction du 28 février dernier relative aux règles d’emploi des dotations de soutien à l’investissement en 2025 prévoyait qu'« une partie des autorisations d’engagement et des crédits de paiement du programme 119 [dédié aux concours financiers aux collectivités seraient en effet] gelés au début de l’exercice et après le vote de la loi de finances initiale pour 2025 afin de constituer une réserve permettant d’absorber les imprévus de gestion. En conséquence, seule une partie des enveloppes [aurait été] déléguée au début de l’année 2025 ».
Dans le même temps, la dotation de solidarité en faveur des évènements climatiques (DSEC) voit annuler 25,4 millions d’euros de « crédits non décaissés en 2025 » (en crédits de paiement), mais gagne 13,6 millions d’euros (en autorisations d’engagement) pour permettre de « financer les besoins complémentaires ».
On peut également signaler la suppression de 57 millions d’euros du programme « urbanisme » et de 27 millions d’euros pour la politique de la ville, mais aussi 41 millions d’euros sur le Plan France Très haut débit, tout cela portant « essentiellement » sur la réserve de précaution. La mission « sport, jeunesse et vie associative » perd, pour sa part, plus de 90 millions d’euros en crédits de paiement.
À noter que le Fonds vert semble, pour l’heure, épargné bien qu’il ait déjà perdu 63 millions d’euros en début d’année, après avoir subi une baisse drastique dans le cadre du budget 2025, en passant de 2,5 milliards à 1,15 milliard d’euros.
Du côté des ouvertures de crédits, 1,1 milliard d'euros supplémentaires financeront la hausse des charges du service public de l'énergie consécutive à « la baisse des prix de marché des énergies renouvelables ».
En parallèle, quelque 350 millions d'euros seront affectés à la mission Défense, auquel on peut ajouter la couverture du paiement de certaines prestations sociales (prime d’activité, allocation aux adultes handicapés) ainsi que « l’ajustement du financement du parc d’hébergement d’urgence pour le maintenir à 203 000 places ».
On peut également retenir 200 millions d’euros accordés dans le cadre de la mission « Sécurités » dans le but de financer « des surcoûts opérationnels en Outre-Mer (Mayotte et Nouvelle-Calédonie) ainsi qu’une saison feu exceptionnelle ».
Consulter le PLFG pour 2025.
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Sports
54 % des Français jugent « essentielle » la présence d'équipements sportifs dans leur commune
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Les premiers résultats de l'analyse nationale de l'occupation des équipements sportifs viennent d'être dévoilés. Taux d'occupation par période, type d'équipement plébiscité, attentes des citoyens : si les Français sont plutôt satisfaits des équipements sportifs en accès libre ou en accès contrôlé, des axes d'amélioration ont été identifiés.
Depuis les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, la pratique sportive ne cesse de croître. Pour optimiser les équipements sportifs dans les communes, il faut identifier les besoins des sportifs, connaître leurs habitudes mais aussi analyser l’utilisation des équipements. Le but : mieux adapter l’offre aux besoins des usagers.
Les premiers résultats d’une étude nationale sur l’occupation des équipements sportifs, pilotée par le ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, son Pôle Ressources National Sport Innovations (PRNSI) ainsi que l’Agence Nationale du Sport (ANS) ont été dévoilés.
Il apparaît dans un premier temps que la pratique sportive se renforce. 85 % des Français déclarent avoir pratiqué au moins une activité physique et sportive en 2025 et 34 % des Français de plus de 16 ans déclarent posséder une licence sportive.
Ainsi, ils sont 54 % à considérer la présence d’équipements sportifs dans une commune comme « essentielle » notamment pour le bien-être, la cohésion sociale et l’attractivité du territoire. Ce sentiment est particulièrement fort chez les 16-17 ans (63 %) mais moins partagé par les habitants des communes de moins de 2 000 habitants (47 %).
Piscines, salles municipales et gymnases
Parmi toutes les possibilités qui s’offrent aux citoyens sportifs, les équipements à accès contrôlé semblent particulièrement plébiscités, devant le milieu naturel et la pratique à domicile. 73 % des Français ont pratiqué un sport en 2025 dans un équipement à accès contrôlé contre 60 % en milieu naturel et 43 % à domicile. Plus occasionnellement, 37 % ont pratiqué un sport sur un équipement de proximité en accès libre, 22 % dans une salle privée marchande et 2 % au sein de leur entreprise.
Il est intéressant de noter que les lieux de pratique évoluent avec l’âge. « Les équipements à accès contrôlé sont très prisés par les 16/24 ans, puis leur usage diminue avec l’âge. La dynamique est identique pour les équipements en accès libre. À l’inverse, la pratique en milieu naturel est la plus populaire chez les 55 ans et plus. »
Parmi les équipements à accès contrôlé, ce sont les piscines, les salles municipales et les gymnases qui sont « les plus populaires ». 26 % des pratiquants fréquentent une piscine au moins une fois dans l’année, 23 % une salle municipale spécialisée (danse, fitness, etc.) et 15 % un gymnase.
Globalement, le parc d’équipement est jugé « en bon état », même si un usager sur 7 identifie des équipements vieillissants : les patinoires, les gymnases, les dojos/salles de combats et les pas de tir sont les équipements jugés les plus vétustes par les Français.
Des durées d’occupation entre saturation et sous-utilisation
Selon les sondages, les équipements sportifs sont jugés « disponibles », même si quelques tensions peuvent exister de manière ponctuelle. Cependant la réalité est plus complexe et les taux d’occupation sont variables selon les équipements. Les salles multisports, les salles d’armes et de combat et les salles spécialisées sont par exemple en semaine de période scolaire « proches de la saturation avec un taux d’occupation de plus de 90 % ». À l’inverse, « les terrains de grands jeux et les équipements d’athlétisme présentent systématiquement des taux d’occupation inférieurs de 15 à 20 points de pourcentage aux équipements les plus utilisés ».
L’occupation des équipements sportifs dépend aussi d’une autre variable : la période scolaire. « Durant les vacances, les équipements sont utilisés en moyenne moins d’un jour sur deux, et cette occupation chute à moins d’un jour sur trois pendant les grandes vacances », peut-on lire dans l’enquête. « Ces périodes se caractérisent donc par une disponibilité accrue des équipements, laissant entrevoir un potentiel d’occupation plus important. »
Enfin, un focus a été réalisé sur les communes rurales. On y apprend que « si les jours d’occupation sont identiques entre les territoires ruraux et le reste du territoire, la durée d’occupation par jour reste inférieure. » « En moyenne, les équipements ruraux sont occupés de 1 h à 3 h 30 de moins que les équipements » des autres collectivités qui constituent l’échantillon de cette enquête. Cependant, « les salles multisports, occupées 7 h 43 min par jour et les dojo (6 h/jour) affichent une occupation importante ».
Localement, la mutualisation des calendriers sportifs avec les équipements scolaires est encouragée par le gouvernement. Rappelons qu’à la rentrée une circulaire visant à rendre accessibles, d'ici la fin de l'année scolaire 2026-2027, la totalité des équipements sportifs des établissements scolaires et universitaires aux clubs de sport a été signée et envoyée aux préfets (lire Maire info du 15 septembre).
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Santé publique
Accès aux soins : les députés approuvent la création d'un « réseau France Santé »
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L'Assemblée nationale s'est prononcée dimanche en faveur de la création d'un « réseau France Santé », mesure proposée par le Premier ministre Sébastien Lecornu pour améliorer l'accès aux soins sur le territoire, malgré l'opposition de députés de gauche qui l'estiment nettement insuffisante.
Sébastien Lecornu avait annoncé le lancement de ces maisons France Santé lors de son premier déplacement en tant que chef du gouvernement (lire Maire info du 31 octobre). Le réseau reposera beaucoup sur des structures déjà existantes comme des maisons de santé (animées par des médecins libéraux) ou des centres de santé (où des médecins salariés exercent).
Dans certains territoires isolés, des pharmacies pourraient remplir ce rôle, « dès lors qu'elles déploieront des dispositifs d'accès aux soins comme les téléconsultations », a précisé la ministre de la Santé Stéphanie Rist. Ces structures recevront le label « France Santé », ainsi qu'un forfait d'environ 50.000 euros, a confirmé la ministre, défendant l'amendement du gouvernement au budget de la Sécurité sociale actant cette création.
2 000 maisons France santé
Le texte prévoit 130 millions d'euros pour le dispositif, Sébastien Lecornu ayant fixé à terme l'objectif de 2 000 maisons France Santé « d'ici l'été 2026 » et 5 000 « d'ici 2027 ». L'obtention du label se ferait sous conditions : présence garantie d'un médecin et d'une infirmière, pas de dépassement, ouverture au moins cinq jours par semaine, etc.., avec une promesse de fournir une offre de soins « en 48 heures et à 30 minutes » de chaque Français.
Selon la ministre, le nouveau label servirait aussi à « rendre visible pour nos concitoyens l'accès aux soins » dans un maillage complexe. L'amendement a été adopté par une bonne partie du camp gouvernemental, et le Rassemblement national, circonspect mais soucieux de valider l' « enveloppe supplémentaire de 130 millions d'euros », selon Matthias Renault (RN).
A l'inverse, la gauche a pilonné la proposition du gouvernement. « Vous nous avez fait le même coup avec France Travail en expliquant que ça allait régler la question du chômage », a critiqué Yannick Monnet (PCF). « A partir du moment où on labellise des choses qui existent déjà, on ne répond pas aux déserts médicaux. Les soignants, ce n'est pas comme des champignons. C'est parce qu'on arrose que ça pousse », a abondé Hadrien Clouet (LFI). « Vous allez mettre dans France Santé des structures publiques, privées non lucratives, et privées lucratives », a alerté pour sa part Hendrik Davi (groupe écologiste) s'inquiétant que les fonds versés aggravent la « financiarisation du secteur ».
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Elections municipales
Neuf Français sur dix estiment que la question des réseaux ne doit pas être « secondaire » dans la campagne municipale
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Une étude de l'Institut Terram, qui vient d'être publiée, se penche sur le rapport des Français aux réseaux et à la place que ces questions doivent, selon eux, occuper dans la prochaine campagne municipale.
C’est un angle original qu’a choisi Terram dans l’étude publiée hier et intitulée Infrastructures invisibles : ce que les Français disent de leurs réseaux du quotidien. Voirie, réseau d’eau, fibre, quel regard portent les citoyens sur ces infrastructures, et dans quelle mesure estiment-ils que ces sujets, très concrets, doivent être présents dans la prochaine campagne municipale ? La question est d’importance car, comme l’écrit joliment l’auteur de l’étude, Victor Delage, « la France tient par des choses qui ne se voient pas ».
Réalisée en septembre auprès de 3 000 personnes, cette étude montre que ces sujets sont, en réalité, d’une importance majeure pour les citoyens, qui attendent presque unanimement qu’elle soit au cœur des prochaines municipales.
L’état de la voirie, préoccupation principale
La première partie de l’enquête est consacrée au regard que posent les Français sur les infrastructures de réseau. Il apparaît que, de très loin, ce sont les problèmes de voirie qui sont le plus largement constatés : 55 % des personnes interrogées disent avoir constaté « des dégradations sur les routes » de leur commune dans les 12 derniers mois, « souvent ou de temps en temps », contre 28 % qui ont constaté des coupures ou pannes liées aux réseaux enterrés, 26 % des problèmes d’assainissement, 23 % des affaissements ou fissures des murs de bâtiment et seulement 21 % des problèmes sur le réseau d’eau potable.
Cette perception est différente dans les villes ou dans les campagnes, et selon les catégories sociales. C’est en ville que les problèmes de voirie sont le plus souvent constatés, par 59 % des sondés dans les grandes villes contre 53 % dans les territoires ruraux. Cette différence, pour Terram, ne signifie pas forcément que les routes sont plus abîmées en ville qu’à la campagne – mais plutôt que les habitants de la ruralité ont sans doute « des attentes moins élevées et une plus forte résilience face aux contraintes matérielles ». Cette différence de perception se voit très bien lorsque l’on croise ces réponses avec la catégorie sociale : les plus aisés sont davantage exigeants que les plus modestes. Ainsi, quand 46 % des commerçants et chefs d’entreprise se disent concernés par les pannes sur les réseaux enterrés, ce chiffre tombe à 27 % chez les ouvriers.
Le « brouillage des compétences »
Sans surprise, une majorité de Français ne sait pas qui gère les différents réseaux. S’estimant globalement « mal informés » sur l’état des réseaux (à 61 %), les sondés ne savent souvent pas qui fait quoi. Exemple le plus frappant, parce que la question semble pourtant simple en apparence : « Qui s’occupe de l’entretien des routes communales ? ». Seuls 39 % des sondés répondent « la commune », les autres réponses se répartissant entre l’intercommunalité, le département, la région et l’État. C’est le résultat, insiste Terram, d’un paysage qui s’est « complexifié », et où « un même linéaire peut changer de compétences en quelques kilomètres ».
Notons d’ailleurs que la question des compétences, en matière de réseaux, est tellement complexe que même l’Institut Terram se trompe – lorsqu’il écrit dans son étude que « la compétence eau et assainissement (…) a été progressivement transférée aux intercommunalités » et que ce transfert « sera entièrement généralisé en 2026 ». Ce n’est pas tout à fait exact, puisque le gouvernement Barnier, rappelons-le, a autorisé les communes qui n’ont pas encore transféré la compétence à ne pas le faire en 2026. Rien d’étonnant, donc, à ce que les citoyens ne s’y retrouvent pas.
Le consentement à l’impôt local
Sur les questions budgétaires, le regard des citoyens est plutôt clément vis-à-vis des collectivités, moins vis-à-vis de l’État : à la question « les investissements budgétaires sont-ils suffisants en matière d’infrastructures publiques du quotidien », 63 % des sondés répondent « oui » pour ce qui concerne les investissements de leur commune et 60 % pour leurs intercommunalités… contre 39 % pour l’État. Mais il reste qu’un tiers des répondants (34 %) estiment que leur commune n’a « certainement » ou « probablement » pas les moyens de financer « la construction d’un kilomètre de route ».
Les personnes sondées, de façon logique lorsque l’on considère leurs réponses sur les dysfonctionnements constatés, mettent « la voirie communale » en tête des priorités d’investissement – et de loin : 51 % des répondants mettent cet item en première place (plusieurs réponses sont possibles). Derrière, 38 % mentionnent « le réseau de transport en commun », 36 % « les espaces publics » et 34 % le réseau d’eau potable. Il est à noter que 24 % mentionnent le réseau fibre comme investissement jugé « prioritaire », ce qui paraît considérable : cela signifie qu’une forte proportion de Français sont encore insatisfaits de leur réseau fibre, soit qu’ils en soient privés, soit qu’il dysfonctionne.
Quand on demande aux citoyens s’ils sont prêts à payer, temporairement, « un peu plus d’impôts pour financer un projet d’entretien et de modernisation des réseaux du quotidien dans (leur) ville, ils y sont, globalement, plutôt prêts : 53 % y sont favorables. Mais ce chiffre cache des disparités, logiques, entre les catégories sociales : parmi les plus aisés, 39 % se disent opposés à payer plus d’impôts pour entretenir les réseaux, tandis que ce chiffre monte à 47 % chez les ménages les plus modestes.
« République du maintien »
La dernière partie de l’étude est consacrée aux attentes des citoyens à l’approche des municipales. Si l’Institut Terram rappelle que le maire reste, de loin, l’élu qui suscite le plus de confiance, il note que « cette popularité s’accompagne d’une exigence accrue de résultats, mesurables dans la vie quotidienne ».
C’est ce qui explique que l’écrasante majorité des personnes interrogées (88 %) souhaite que les questions « d’eau, de réseaux, de voirie » ne doivent pas être « secondaires » dans la campagne des municipales, 44 % jugeant même ces questions « essentielles ».
On notera qu’une majorité de sondés met davantage l’accent sur l’entretien de l’existant que sur des grands projets pour adapter la commune « aux enjeux du réchauffement climatique ». Comme le conclut Terram, « le programme local est ainsi perçu comme un contrat de maintenance, garantissant la qualité du cadre de vie. L’entretien des infrastructures constitue le socle minimal de la confiance locale, celui sur lequel se fonde la légitimité des élus. » Néanmoins, la volonté de « renouvellement » et d’une « vision » pour l’avenir, eu égard notamment au changement climatique, est bien présente, notamment chez les jeunes, dont presque la moitié estime que cette « vision » doit être « prioritaire » dans le programme municipal.
Les auteurs de l’enquête estiment toutefois que l’on assiste à un changement important dans les attentes des citoyens : « Beaucoup de Français n’attendent plus des promesses de rupture mais des signes de fiabilité. Dans un contexte où les budgets, l’énergie et la confiance sont devenus des denrées rares, la stabilité apparaît comme une attente centrale. » D’où l’exigence de ce que l’auteur appelle « la République du maintien », celle qui « assure, jour après jour, la continuité de la vie commune : routes, réseaux d’eau, d’assainissement, d’électricité »… Cette évolution, si elle existe bien, devra être prise en compte par les élus non seulement dans leur campagne mais dans leur pratique quotidienne, à l’avenir.
Accéder à l'enquête AMF-Cevipof de juillet 2025 sur les attentes des Français à l'approche des municipales.
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Santé publique
Les régions s'opposent au déremboursement des cures thermales
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Dans un courrier au Premier ministre, onze présidents de région lui demandent de renoncer au déremboursement des cures thermales pour les patients souffrant d'affections de longue durée. Pour l'instant, cette mesure ne figure plus dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.Â
Le gouvernement souhaite-t-il, ou non, le déremboursement partiel des cures thermales ? La question semblait évidente il y a quelques jours, elle l’est moins aujourd’hui, tant la position du gouvernement est fluctuante sur la question.
Pour mémoire, tout est parti du dossier de presse du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 (PLFSS), où une petite phrase mentionne, en passant, que « le taux de prise en charge des cures thermales sera diminué », sans plus de précision.
Quelques jours plus tard, la ministre chargée des Solidarités, Charlotte Parmentier-Lecocq, confirmait ce choix, indiquant que deux mesures seraient prises : la suppression du remboursement des cures à 100 % pour les personnes en ALD (affection longue durée) et le passage à un remboursement de 65 % à 15 % pour les autres. Le tout permettant, indiquait la ministre, une économie de 200 millions d’euros.
Amendement rejeté
Le gouvernement devait envisager de faire passer ces mesures par amendement, car ces mesures ne figurent pas dans le PLFSS lui-même. Au final, devant la très large opposition rencontrée par cette perspective, il ne l’a pas fait, laissant au groupe Ensemble pour la République le soin de faire une proposition, finalement différente de ce qui avait été annoncé par la ministre : cet amendement préservait les patients en ALD et maintenait la prise en charge des cures pour ceux-ci… mais supprimait entièrement toute prise en charge pour les autres patients.
Discuté samedi 8 novembre dans l’hémicycle, cet amendement a été très largement rejeté – les orateurs de tous les groupes, hormis Ensemble pour la République, se succédant pour le fustiger. Et, surprise, même la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a émis… un avis défavorable. La ministre a simplement estimé qu’il fallait « ouvrir le débat » sur le remboursement des cures, dont « les bienfaits médicaux sont très discutés ». « Le débat doit avoir lieu », a jugé la ministre, qui a reproché à l’amendement EPR « d’aller directement à sa conclusion ». L’amendement a été rejeté par 167 voix contre 24.
Le débat n’est toutefois pas terminé : il reviendra au moment où les députés examineront les montants de l’Ondam (objectif national de dépenses de l’Assurance maladie). Les oppositions estiment qu’il manque 200 millions dans ces montants, précisément pour financer le remboursement des cures thermales. Un amendement a été déposé pour rétablir ces 200 millions d’euros.
Les présidents de région vent debout
Même si l’Assemblée nationale semble donc assez fermement opposée au déremboursement, l’association Régions de France a tout de même tenu à s’exprimer par voie de communiqué, lundi 10 novembre, en publiant une lettre signée le 5 novembre (avant la session où l’amendement a été rejeté, donc), par 11 présidents de région.
Adressée à Sébastien Lecornu, cette lettre lui demande de « mesurer la gravité qu’aurait (…) la mesure de réduction du remboursement des cures thermales », qui représenterait « une erreur stratégique, budgétairement discutable et socialement injuste ».
Les présidents de région estiment qu’en la matière, le remède risque d’être pire que le mal : le déremboursement des cures « inciterait au recours à des alternatives moins efficaces et plus coûteuses (traitements médicamenteux chroniques, kinésithérapies répétées, hospitalisations) », ce qui « annulerait » à terme les économies escomptées.
Mais surtout, les élus régionaux mettent l’accent sur les retombées pour les territoires concernés, où « le thermalisme constitue un levier économique majeur ». Ce sont « des dizaines de milliers d’emplois », directs et indirects, en comptant l’hébergement, la restauration, les fournisseurs, le commerce local, qui seraient en jeu, et « des centaines de millions d’euros ».
Régions de France rappelle que 90 % des stations thermales se situent dans des communes de moins de 10 000 habitants, où elles représentent souvent « l’un des premiers employeurs locaux ». « La fermeture d’une station entraînerait non seulement des pertes d’emplois directs, mais aussi la disparition de pans entiers de l’économie locale », écrivent les élus.
Enfin, ils rappellent que les curistes sont souvent des personnes âgées « à revenus modestes ». « Supprimer le remboursement reviendrait à réserver l’accès à la cure à une population aisée, accentuant ainsi les inégalités sociales de santé ».
Les présidents de région attendent du Premier ministre qu’il « renonce à cette mesure ». Est-ce déjà chose faite ? La suite du débat sur le PLFSS le dira.
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