Édition du jeudi 30 octobre 2025

Congrès de l'AMF
Du 18 au 20 novembre : le congrès de l'AMF, placé sous le signe de la « liberté »
L'AMF a tenu hier une conférence de presse pour présenter les grands enjeux de son 107e congrès, qui se tiendra du 18 au 20 novembre à Paris. Ce congrès sera placé sous le signe de « la liberté », ont expliqué les responsables de l'association, qui précisent que l'affluence s'annonce exceptionnelle. 

Le 107e congrès de l’AMF se déroulera dans un contexte « très particulier », a constaté David Lisnard, le président de l’association, et à plus d’un titre. D’abord, « un contexte géopolitique très tendu », qui se traduira par la présence au congrès, à la séance d’ouverture, du chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, qui évoquera « les relations entre les communes et l’armée », a précisé le maire de Cannes. 

Le contexte politique est tout aussi tendu, avec « un exécutif en sursis et une vie parlementaire en hystérie », le tout créant « une instabilité budgétaire préjudiciable aux communes ». 

Enfin, ce congrès sera celui de la fin d’un mandat, à quatre mois des élections municipales – « ce moment particulier d’intensité civique ». 

Engagement et liberté

Dans ce contexte, l’AMF a choisi de placer le congrès, d’abord, sous le signe de « l’engagement », mais aussi sous celui de « la liberté », celle « de s’engager, d’agir, de décider et de rendre des comptes », a poursuivi David Lisnard. Il a annoncé que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, sera présent en clôture du congrès – s’il est, naturellement, encore à Matignon d’ici là, ce qui n’est pas certain –, et que ce sera pour l’AMF l’occasion de poser ses « préablables » au débat sur la décentralisation voulu par le Premier ministre. Ce sera, a expliqué le maire de Cannes, « une occasion à ne pas gâcher ». Mais l’AMF s’interroge sur la réalité de la volonté décentralisatrice du gouvernement, alors que se multiplient les textes qui imposent de nouvelles normes aux collectivités et que, dans le projet de budget pour 2026, les prélèvements sur les budgets locaux augmentent encore. 

L’AMF pose donc comme préalable à toute discussion sur la décentralisation « le principe de la subsidiarité ascendante, l’autonomie financière et fiscale, et une transfert immédiat du pouvoir réglementaire de l’État aux collectivités locales », ainsi qu'une redéfinition de la libre administration des collectivités territoriales.

« Hold-up en bande organisée »

André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF, a succédé à David Lisnard au pupitre pour aller dans le même sens : « Au congrès, nous réclamerons cette année ce qui nous manque le plus : la liberté. Nous sommes enserrés dans des lois, des règles, des normes qui nous laissent de moins en moins de marge. » Pourtant, a-t-il poursuivi, les maires ont été au rendez-vous de « ce mandat de crise », qui a débuté, rappelons-le, par l’épidémie de covid-19 : « Nous avons démontré que nous sommes en capacité de répondre aux urgences, quand l’État était en incapacité de le faire. » 

André Laignel s’est dit « fatigué de répéter, année après année, que nous avons affaire au plus mauvais budget ». « C’est pourtant la vérité : le lacet budgétaire continue de nous conduire à l’asphyxie ». Il a rappelé que pendant les débats sur le budget pour 2025, le gouvernement annonçait une ponction de 2,2 milliards d’euros sur les budgets des collectivités, et que la facture s’est finalement rapprochée de 7 milliards. « Cette année, le gouvernement annonce 4,6 milliards… et j’en suis déjà, dans mes calculs, à 7 milliards ». 

Le maire d’Issoudun a assimilé les projets du gouvernement, sur le Dilico par exemple, à un « hold up en bande organisée ». « Le Dilico, ça devait être pour un an. Non seulement il est reconduit, mais il est doublé. On nous dit qu’on sera remboursés, mais seulement à 80 % ! ». Et surtout, les modalités choisies par le gouvernement sont assimilées à « une punition collective », s’indigne André Laignel, puisque le remboursement n’aura lieu « que si les dépenses par bloc », c’est-à-dire par strate de collectivités, « évoluent moins que le PIB ». Comme les dépenses considérées, pour le bloc communal, comprennent les investissements, il s’agit donc d’une incitation à ne pas investir, « à ne pas moderniser ». « On veut faire des maires des outils de la récession »

« Quand l’État coule, il cherche à entraîner les collectivités dans son naufrage », a conclu le maire d’Issoudun. 

Cours interactifs

Murielle Fabre enfin, maire de Lempertheim et secrétaire générale de l’AMF, a rappelé l’une des autres « pressions » que doivent subir les maires : la contrainte « humaine », du fait « du manque d’attractivité des métiers de la fonction publique territoriale, du manque d’agents, du défaut d’ingénierie ». 

Elle a détaillé le programme « extrêmement varié » du 107e congrès, à travers un nombre inédit de forums, conférences thématiques et points info. Une nouveauté cette année : des « ateliers de cours interactifs », baptisés « les ateliers de l’Agora ». Ils traiteront de sujets aussi divers que les cryptomonnaies, l’intelligence artificielle, la « classe dehors », la transformation des cimetières. L’objectif de l’association est que les maires, « tant ceux des communes rurales qu’urbaines », sortent de ce congrès avec « des réponses concrètes » aux questions qu’ils se posent. 

Le congrès sera précédé, comme chaque année, d’une journée consacrée aux maires ultramarins, qui aura donc lieu le lundi 17 novembre au Palais des congrès d’Issy-les-Moulineaux. Deux grands débats se dérouleront pendant cette journée, l’un consacré au changement climatique et l’autre à la sécurité dans les communes d’outre-mer. 




Départements
Finances locales : les départements tirent la sonnette d'alarme
Confrontés à la hausse de leurs dépenses contraintes et à une baisse de leurs recettes, une soixantaine de département pourraient se retrouver en difficulté financière à la fin de l'année. Les élus demandent à l'État de créer un « fonds d'urgence » et de cesser les prélèvements sur leurs budgets. 

« Je suis en colère et j’adresse au Parlement et au gouvernement une mise en garde : on ne peut pas continuer comme cela », a tonné le président de Départements de France, le 29 octobre, lors d’un point presse. À deux semaines des assises de l’association (à Albi, dans le Tarn, les 13 et 14 novembre), François Sauvadet dénonce les charges imposées et les ponctions opérées par l’Etat sur les budgets des conseils départementaux : « L’État nous a imposé plus de 6 milliards d’euros de dépenses supplémentaires alors que nous avons perdu 8,5 milliards de recettes » au cours de ces dernières années, a résumé le président du département de la Côte-d’Or. 

Côté dépenses, Départements de France estime à « 5,5 milliards » les dépenses imposées par l’Etat aux collectivités « sans concertation » entre 2022 et 2024 (augmentation des charges de personnels liée à celle du point d’indice, revalorisation du RSA…). S’y ajoutent, en 2025, « 597 millions d’euros de dépenses financées par les départements mais issues de décisions de l’État » : augmentation de la cotisation des employeurs départementaux à la CNRACL (« + 300 millions d’euros »), « extension du Ségur de la santé » (« + 170 millions ») et « revalorisation légale du RSA » (« + 127 millions »). 

Baisse des droits de mutation et ponctions

Côté recettes, les départements ont notamment fait face, entre 2022 et 2024, à une baisse sensible des droits de mutation à titre onéreux (DMTO, « - 4,75 milliards d’euros ») et à la non-indexation des dotations de l’Etat sur l’inflation (« - 1,5 milliard »). À cela s’ajoutent cette année des ponctions réalisées par le gouvernement sur leurs recettes dans le cadre de leur participation au redressement des comptes publics (« 220 millions d’euros » au titre du dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités – Dilico – et « 626 millions » liés au gel de la TVA). « C’est inacceptable ! L’Etat nous demande de participer au redressement des finances publiques alors qu’il nous impose des dépenses », déplore François Sauvadet en précisant que « les départements ne représentent que 1% de l’endettement public »

La colère de l’élu ne devrait pas retomber puisque l’exécutif reconduit notamment le Dilico en 2026, qui devrait se traduire par un effort de « 280 millions d’euros » pour les départements. 

Une soixantaine de départements en difficulté

L’effet de ciseau entre les dépenses et les recettes conduit à une situation inquiétante : « 14 départements étaient en difficulté financière en 2024, ils devraient être entre 50 et 60 à la fin de cette année », estime François Sauvadet. Il souligne les conséquences directes de cette situation qui se traduit, selon ses estimations, par « une baisse de 10 % des investissements des départements et de l’aide aux communes ». Dans ce contexte, Départements de France demande à l’Etat la création, l’an prochain, « d’un fond d’urgence et de soutien de 600 millions d’euros » pour les collectivités qui ne peuvent plus faire face à leurs dépenses obligatoires. 

François Sauvadet souligne en effet la hausse des dépenses « non pilotables » des conseils départementaux liées aux versements des allocations individuelles de solidarité (AIS) - RSA, PCH et APA – dont le montant, cette année, « atteint 22,9 milliards d’euros avec un reste à charge pour les départements de 13,8 milliards » compte tenu des compensations insuffisantes versées par l’État. Le président de Départements de France souligne aussi le niveau élevé des dépenses d’aide sociale à l’enfance (ASE) – « 11 milliards d’euros avec une participation de l’État de 3 % » - liée en partie « au doublement de la prise en charge des enfants de 0 à 4 ans, cette année » par les collectivités. « Les dépenses sociales représentent aujourd’hui 70 % de nos dépenses de fonctionnement contre 54 % il y a dix ans, illustre-t-il. Nous devons faire face à un <> de dépenses ».

En dépit du contexte budgétaire tendu, le président de Départements de France ne désespère pas de convaincre le Premier ministre de créer le fond d’urgence en 2026 et « de parvenir à un effort partagé sur les dépenses sociales ».

Invité à participer à leur assises, mi-novembre, Sébastien Lecornu, avec lequel François Sauvadet n’a eu « aucun contact depuis sa nomination » à Matignon, est attendu de pied ferme par les élus départementaux.  




Tourisme
Deux villages sur trois disposent d'au moins une location Airbnb, selon une étude
Désormais répandue dans la « quasi-totalité » du pays, la plus connue des plateformes touristiques propose au moins une offre d'hébergement de courte durée dans plus de 80 % des communes françaises, selon l'institut Terram. Sans surprise, celui-ci confirme que son succès « accentue certaines fractures » dans le secteur du logement.

Plus de huit communes sur dix disposent d'au moins une offre d'hébergement sur la plateforme de location touristique de courte durée Airbnb. C’est ce que révèle l’Institut Terram, un groupe de réflexion dédié à l’étude des territoires, dans une étude basée sur des données fournies par l'entreprise américaine, celle-ci étant adhérente du think tank.

Ce travail retrace l’expansion rapide de la plateforme en une décennie. D’une pratique marginale avec une présence ponctuelle dans « quelques zones littorales, stations alpines et grandes métropoles », elle s’est généralisée et s’est répandue depuis dans la « quasi-totalité » du pays. Mais elle reste concentrée dans « les grands pôles d'attractivité nationale : littoraux, montagne, patrimoine, grandes métropoles ».

L’essor de certaines destinations rurales

Pour preuve de son omniprésence, elle vient de franchir, cet été, la barre du million d’annonces dans le pays, la France étant devenue son deuxième marché, derrière les États-Unis. Plus globalement, « le volume de nuitées réservées sur les plateformes en ligne telles qu’Airbnb, Booking ou Abritel a plus que doublé entre 2018 et 2024, alors que celui de l’hôtellerie stagnait », note le centre de réflexion. Résultat, la France comptait 28 289 communes accueillant au moins une offre Airbnb (81 %), contre 5 418 d’entre elles dotées d’un hôtel (15,6 % du total) en 2024.

La plateforme a notamment contribué à l’essor de certaines destinations rurales en étoffant l’offre d’accueil dans ces zones peu fournies. « Dans les communes de moins de 500 habitants, seules 5 % disposent d’un hôtel mais plus des deux tiers d’une offre Airbnb », constate l’institut Terram, qui estime que le revenu médian des hôtes atteint « 3 800 euros annuels, équivalant souvent à un treizième, voire à un quatorzième mois de salaire ». 

Un argument phare de la plateforme pour mettre en avant son utilité alors que le pouvoir d’achat des Français est en souffrance depuis la crise inflationniste post-covid, tout comme les budgets des collectivités qui subissent des coupes. En 2024, la plateforme a ainsi reversé « 218 millions d’euros de taxe de séjour à 25 700 communes », en hausse de 16 % par rapport à 2023. Mais sur ce point, la plateforme de location n’est pas exempte de tout reproche puisqu’elle ne respecte pas toujours la collecte et le reversement de la taxe de séjour, comme dans le très médiatique cas de l'Île d'Oléron qui a fait condamner plusieurs plateformes.

Dans les communes de 1 000 à 3 000 habitants, Terram constate aussi que « la présence d’Airbnb s’accompagne d’une densité accrue de commerces et services » : « les bourgs sans réservation recensent en moyenne 3,5 commerces et services de base, contre 7 dans les localités où les nuitées dépassent 10 000 par an et plus de 10 où les nuitées dépassent 20 000 par an. » La contrepartie, c’est que la plateforme est souvent accusée d’entraîner une raréfaction des commerces abordables dans certains centres-villes et d’une offre plus adaptée aux touristes qu’aux habitants.

Résidences secondaires

Derrière son implantation dans « les grands pôles d’attractivité nationale » (littoraux, montagne, patrimoine, grandes métropoles »), la plateforme sert aussi de « révélateur des nouvelles géographies touristiques », selon l’institut. Ainsi les « parcs naturels, zones viticoles (Alsace, Bordelais), montagnes intermédiaires (Cantal, Cévennes) ou campagnes patrimoniales connaissent une progression soutenue du tourisme vert ». 

Et « les stations du massif des Vosges (Gérardmer, Ventron, La Bresse, Le Valtin), enclaves touristiques dans un département vosgien qui l’est peu, rencontrent un fort succès sur Airbnb ».

Sans surprise, les auteurs relèvent aussi « les tensions » créées par l’activité de la plateforme d’hébergement de courte durée et pointe notamment le rôle des résidences secondaires.

La carte des résidences secondaires recoupe, par exemple, « partiellement celle d’Airbnb ». « Dans les Alpes, les Cévennes ou la côte atlantique, ces logements constituent la base de l’offre touristique ; ailleurs, ils restent un stock inactif, hérité de l’exode rural », observe ainsi l’étude qui souligne que « certaines zones à forte densité de résidences secondaires (Creuse, Nièvre, Centre-Bretagne) génèrent peu de réservations, tandis que des espaces à faible densité (vallée du Rhône, agglomérations, zones rétro-littorales) affichent une activité intense ».

Fractures et régulation

Si la plateforme offre « une réponse à la demande de flexibilité, favorise l’économie d’appoint des ménages et soutient les commerces de proximité », son succès « accentue certaines fractures : raréfaction du logement dans les zones tendues, hausse du foncier et inégalités d’accès aux vacances », explique l’institut qui précise que « classes modestes, jeunes femmes et ruraux restent les plus empêchés ».

Ces dernières années, l’activité de la plateforme – et de ses concurrentes – est régulièrement montrée du doigt et accusée d’être en partie responsable de la gravité de crise du logement en France. En encourageant la transformation de résidences principales en locations de courte durée, elle pèse ainsi sur l’accès aux logements et sur leurs prix.

Des villes ont ainsi sévèrement durci leur réglementation et rendu cette activité impossible voire quasi impossible. Comme le relate une enquête réalisée dernièrement par Le Monde, le cas de New York est éloquent. Après avoir longtemps représenté l’un des plus gros marchés de la location de courte durée, la métropole américaine a fait disparaître au moins 90 % des annonces de la plateforme après la mise en place de restrictions importantes il y a deux ans.

La France a aussi commencé à réguler le secteur. Depuis 2019, les plateformes déclarent automatiquement les revenus à l’administration fiscale. L’an passé, les parlementaires se sont accordés pour autoriser les élus locaux à abaisser à 90 jours par an la durée maximale d'une location saisonnière et à créer des zones réservées aux résidences principales. La niche fiscale très avantageuse a aussi été rabotée.

« En 2025, plus de 450 communes imposent un numéro d’enregistrement et certaines, comme Paris, Bordeaux ou Lyon, exigent une compensation logement pour les résidences secondaires », selon l’institut.

Plus globalement, entre 2018 et 2024, le nombre de nuitées réservées en France sur les plateformes de location de meublés touristiques a plus que doublé selon l'institut statistique européen Eurostat, pour atteindre 192,4 millions de nuitées. Cela représente plus de 40 % du total des nuitées touristiques. Entre octobre 2024 et septembre 2025, « en moyenne 1,31 million d’annonces de locations saisonnières actives chaque mois » dont 71 % proposées sur Airbnb, 12 % sur Abritel et les 17 % restants étant « présentes sur les deux plateformes », a recensé le cabinet AirDNA, spécialisé dans l'analyse statistique de la location courte durée.

Consulter l'étude.
 




Jeunesse
« C'était mieux avant » : un mythe à relativiser au regard de la condition des jeunes d'aujourd'hui
Davantage diplômés et disposant de plus de temps à consacrer à des loisirs, les jeunes d'aujourd'hui rencontrent cependant plus de difficultés pour se loger et pour s'insérer professionnellement que les jeunes des années 1970.

Est-ce que c’était vraiment mieux avant ? Dans un contexte marqué par les guerres, la crise économique, l’instabilité politique, le réchauffement climatique, le pessimisme prend parfois le dessus, alimenté par un sentiment très fort de nostalgie d’un temps passé idéalisé. Pas moins de trois Français sur quatre estiment que « c’était mieux avant », selon une nouvelle étude menée par le haut-commissariat à la Stratégie et au Plan. Si cette idée est forte chez les personnes âgées, deux jeunes de moins de 35 ans sur trois la partagent.

Mais derrière ces impressions qui ne relèvent que d’expériences personnelles et de sentiments, quelle est la réalité ? « Dans la France de 2025, un jeune de 30 ans vit-il moins bien qu’un jeune de 30 ans en 1975 ? » Pour objectiver la situation des jeunes (moins de 30 ans), la note du haut-commissariat à la Stratégie et au Plan propose « une compilation de données couvrant les grands domaines du niveau et de la qualité de vie : diplômes, emploi, revenus et prélèvements, patrimoine et logement, conditions de travail, famille et temps libre ». 

L’âge d’or du diplôme et ses inconvénients 

« Depuis 1975, le niveau de diplôme de la jeunesse française a connu une progression spectaculaire, témoignant d’un processus massif d’allongement des études et d’élévation du niveau d’éducation », indiquent les auteurs. Selon les données, aujourd’hui, plus d’un jeune sur deux est diplômé du supérieur alors qu’ils étaient 21 % parmi la génération de 1975 à avoir suivi des études supérieures. 

Les effets de cette « massification scolaire » sont variés. La jeunesse des années 2000 « est incontestablement davantage formée que celle de 1975 » ce qui fait que « les diplômes sont devenus un passage quasi obligé pour l’insertion professionnelle, et où les inégalités [sociales] d’accès à ces diplômes restent encore marquées ». 

Mais ce niveau d’études plus exigeant n’est pas synonyme d’une insertion professionnelle plus aisée. Elle est de facto « devenue plus difficile et la précarité de l’emploi (CDD, intérim, etc.) s’est développée, surtout en début de carrière. » Par exemple, en 2023, 43 % des jeunes de moins de 25 ans occupent un emploi stable (CDI ou poste de fonctionnaire) alors qu’ils étaient 75 % en 1982.

Les auteurs de la note ont également analysé plusieurs données qui montrent concrètement que le rendement du diplôme « s’est érodé à mesure qu’il devenait moins rare ». En effet, « l’évolution de la structure des emplois n’a pas suivi celle des qualifications ». Résultat : un jeune sur six estime aujourd’hui être surqualifié pour son poste, selon l’Insee.

Des salaires plus haut mais une crise du logement sans précédent 

Les données montrent que « les jeunes de 2025 ont en moyenne des revenus supérieurs à ceux de 1975, même en tenant compte de l’inflation ». Cependant, « la hausse des salaires entre les deux dates, très inférieure à celle du PIB par habitant, est aussi inférieure à celle qu’ont connue les salariés plus âgés. La position relative des jeunes, dans l’échelle des salaires, s’est donc dégradée. »

Un autre domaine dans lequel la situation s'est fortement dégradée est celui de l'emploi : en 1975, même si la tendance était en train de s'inverser, on était encore dans une période de presque plein-emploi, avec un taux de chômage général inférieur à 3 % et un taux de chômage des jeunes autour de 6 %. Il est aujourd'hui de 17 % (soit presque un jeune sur 5 au chômage), après un pic qui a même atteint 23 % en 2014.

L’accès au logement et à la propriété est devenu beaucoup plus difficile pour les jeunes d’aujourd’hui. Si l’on prend la location, il apparaît que le poids du loyer dans les revenus des locataires a plus que doublé entre 1975 et 2015. De même, pour acheter un logement, « avec le même taux d’effort initial et le même apport personnel, il faudrait compter 23 ans de remboursement en 2025 contre une dizaine d’années seulement en 1975 ». 

Le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan observe au passage que le patrimoine est aujourd’hui bien davantage concentré dans les mains des plus âgés qu’il ne l’était avant. Par exemple, « en 1986, le patrimoine individuel net médian des ménages de 30-39 ans représentait un peu moins de la moitié (48 %) de celui des ménages de 50-59 ans. À l’inverse, le patrimoine individuel net médian des plus de 70 ans valait seulement 36 % de celui des 50-59 ans en 1986, il en vaut aujourd’hui 118 %. »

50 ans d’évolutions en faveur des femmes 

Comme l’indiquent les auteurs de la note, les conditions de vie des jeunes ont progressé avec notamment une réduction du temps de travail (abaissement du temps complet de 40 heures à 35 heures), une augmentation du temps libre pour pratiquer des loisirs, un accès simplifié à de nouveaux biens et services, à de nouveaux droits, etc.

Surtout, entre 1975 et 2025, la condition des femmes a largement évolué. L’entrée dans la parentalité a par exemple évolué. En 1975, l’âge moyen au premier enfant était d’environ 24 ans pour les femmes. En 2023, il dépasse 29 ans. Ce glissement bénéficie directement aux femmes lorsque l’on sait que la parentalité a un impact direct sur leurs carrières.

Les trajectoires de vie se sont diversifiées : les familles monoparentales sont plus fréquentes, le départ du foyer parental est plus tardif, les divorces sont plus fréquents… Si beaucoup interprètent ces changements négativement, il faut rappeler que, « depuis 1975, les droits des femmes se sont largement renforcés » transformant ainsi la société tout entière. « Une femme de 30 ans en 1975 n’avait, par exemple, pas accès à la contraception dans le début de sa vingtaine (la loi autorisant la contraception date de 1967) et venait tout juste de se voir reconnaître le droit à l’avortement (loi Veil du 17 janvier 1975) », rappellent les auteurs. De même, en 1975, « une femme de 30 ans n’avait que depuis dix ans l’autorisation d’ouvrir un compte bancaire en son nom et de travailler sans le consentement de son mari (loi du 13 juillet 1965) ». La comparaison entre une jeune femme des années 1975 et une des années 2025 met en lumière de telles différences et de telles transformations sociales qu’il est, sur ce sujet, bien compliqué d’affirmer sans sourciller que « c’était mieux avant »… 




Tourisme
Taxe de séjour : le gouvernement défavorable à toute hausse avant concertation avec les professionnels et les associations d'élus
Le ministre des PME et du Tourisme, Serge Papin, a assuré jeudi les professionnels du secteur de la tenue d'une concertation autour d'une réforme de la taxe de séjour, se disant « défavorable à toute modification anticipée » sur fond d'inquiétudes liées au projet de budget.

« À l’instar d’autres secteurs économiques, les PME/TPE du tourisme ont besoin de stabilité. Nous devons à nos entreprises, toutes nos entreprises, celles du tourisme ne font pas exception, un budget qui les sortent de l'incertitude », a indiqué le ministre qui s'exprimait à l'ouverture du forum « A world for travel » à Paris.

« En particulier, nous souhaitons respecter l’engagement de concertation, actée lors du Comité interministériel du tourisme, autour d'une réforme de la taxe de séjour avec les socioprofessionnels et les associations d’élus », a-t-il poursuivi, précisant que « le gouvernement sera défavorable à toute modification anticipée de la taxe de séjour ».

Plusieurs amendements au projet de budget PLF et PLFSS 2026 déposés ces derniers jours prévoient diverses hausses de la taxe de séjour, acquittée par les touristes au profit des collectivités locales.

Même si plusieurs de ces textes ont été rejetés, les professionnels de la Confédération des acteurs du tourisme (CAT) s'étaient inquiétés de ces projets dans un communiqué la semaine dernière, appelant le ministre « à s'opposer à ces initiatives et à engager sans tarder la concertation promise à Angers, en vue d'une réforme globale et équitable de la fiscalité touristique ».

L'annonce cet été à Angers par la précédente ministre du Tourisme d'une concertation sur la taxe de séjour avait été très favorablement accueillie par le secteur, qui redoute que cette taxe ne soit augmentée et utilisée pour financer d'autres domaines que le développement touristique en période de restriction budgétaire.

« Toute nouvelle augmentation de la taxe de séjour se répercutera inéluctablement sur le coût du séjour des touristes étrangers ou domestiques, avec pour effet, soit d'encourager ces derniers à visiter des destinations moins chères à l’étranger, soit d'éloigner des vacances les Français les plus modestes » avait fait valoir la CAT.

Objectif 100 milliards

Serge Papin, qui s'exprimait pour la première fois sur le tourisme depuis sa nomination, a salué « la dynamique très positive du secteur » et rappelé les objectifs prioritaires du gouvernement : atteindre le cap des 100 milliards d'euros de recettes internationales d'ici 2030 et devenir la première destination durable en 2030.

« La France peut devenir la destination préférée des voyageurs, c’est une ambition. Pour y parvenir, vous pourrez compter sur mon engagement. Ma porte vous est ouverte », a-t-il conclu.

La CAT réclame également le retrait dans le PLFSS du projet de contribution patronale de 8 % sur les titres-restaurants, les chèques-vacances et autres avantages sociaux et culturels, « en totale contradiction avec les objectifs fixés » cet été. Lundi, les députés de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée se sont prononcés contre la création de cette nouvelle cotisation patronale, un vote qui devra toutefois être rejoué dans l'hémicycle car les députés repartiront de la copie initiale du texte du gouvernement.






Journal Officiel du jeudi 30 octobre 2025

Ministère chargé de la Ville
Décret n° 2025-1025 du 29 octobre 2025 relatif aux attributions du ministre de la ville et du logement
Ministère de l'Intérieur
Décret n° 2025-995 du 29 octobre 2025 relatif aux attributions du ministre de l'intérieur
Ministère de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation
Décret n° 2025-1019 du 29 octobre 2025 relatif aux attributions du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation

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