Édition du vendredi 5 septembre 2025

Démographie
Un rapport alarmant pointe les conséquences en cascade de la dénatalité sur la société française
Le Haut-commissariat à la stratégie et au plan, un organisme rattaché à Matignon, a publié hier une note sur la dénatalité, évoquant une véritable « marée descendante » qui va avoir de lourdes conséquences sur l'économie et l'infrastructure sociale du pays.

C’est un graphique particulièrement parlant : en cette année 2025, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, les courbes des naissances et des décès vont se croiser, et il y aura certainement dès l’an prochain davantage de décès que de naissances en France. Autrement dit, si l’on ne tient pas compte du solde migratoire, la population du pays va diminuer. 

Source Insee/HCSP

Inversion des courbes

Pour mesure l’ampleur du phénomène, il suffit de dire que jusqu’au milieu des années 2010, il y avait un solde positif compris entre 200 000 et 300 000 : en 2007 par exemple, il y a eu environ 525 000 décès pour quelque 825 000 naissances – la population a donc augmenté de 300 000 personnes cette année-là. 

Mais à partir de 2015, la natalité a commencé à diminuer de façon continue et relativement rapide. Après un bref sursaut en 2021, la chute s’est brutalement accélérée en 2022 – le nombre de naissances annuelles diminuant de 100 000 entre 2022 et 2024, et s’établissant désormais autour de 650 000. Est-ce le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022 et les peurs que cela implique pour l’avenir, ou encore l’aggravation de la crise écologique, l’inflation, ou tout cela à fois, qui a provoqué cette chute brutale ? Les études futures le diront, mais la tendance est claire, et s’accélère : la dénatalité devient « structurelle », note le Haut-commissariat dans son étude publiée hier.

À ce mouvement de diminution des naissances s’ajoute un mouvement, parallèle, d’augmentation des décès, depuis 2014 : il y a en moyenne 100 000 décès de plus par an aujourd’hui par rapport à 1995. La raison est, ici en revanche, clairement identifiée : la génération des baby-boomers – nés entre 1945 et 1965, années marquées par une explosion de la natalité – arrive progressivement à des âges de plus forte mortalité.

Conclusion : avec 10 ans d’avance sur les prévisions de l’Insee, le solde naturel va diminuer dès l’an prochain. On le sait déjà dans la mesure où sur les 6 premiers mois de 2025, les naissances sont en baisse de 3 % et les décès en hausse de 3 % par rapport au premier semestre précédent.

Conséquences en cascade

Cette évolution aura d’innombrables conséquences dans les années à venir, « des écoles au marché du travail », note le Haut-commissariat, qu’il convient d’anticiper. Le terme de « marée » utilisé dans le rapport est très parlant : au fil des années, de nouveaux secteurs subiront l’impact de cette diminution des naissances – d’abord l’école maternelle, puis l’école primaire, puis les collèges, les lycées, les universités et, enfin, le marché du travail.

Logiquement, ce sont donc les écoles maternelles et élémentaires qui sont touchées en premier, avec une baisse de 500 000 élèves sur les dix dernières années. « Dans de nombreux territoires, les classes se clairsèment et les écoles se vident, forçant les pouvoirs publics locaux à fusionner et à regrouper les établissements scolaires sur plusieurs communes », note l’auteur de l’étude. Le phénomène commence à toucher les collèges, qui constatent « une diminution continue de leurs effectifs depuis 2020 ». L’enseignement supérieur devrait être touché à partir de 2029.

Quant au marché du travail, il va subir dans les années à venir, en même temps, le choc de la dénatalité et celui du passage en retraite des baby-boomers, avec une population en âge de travailler qui devrait baisser de plus en plus vite. Les conséquences de cette évolution sur le marché du travail sont, pour l’instant, compensées par les deux bouts, s’il l’on peut dire, par la réforme de l’apprentissage, qui a fait augmenter le nombre de très jeunes gens au travail, et le recul de l’âge de la retraite. Mais ces réformes ont leurs limites, et le Haut-commissariat estime que la population active va diminuer fortement dans les années à venir. 

Nécessaire « immigration de travail »

Pour la première fois « dans l’histoire du pays », la pyramide des âges s’est inversée, au sens où les personnes âgées sont aujourd’hui plus nombreuses que les jeunes. Ce phénomène va bouleverser « l’équilibre social de la nation », redoute le Haut-commissariat, notamment parce que moins de travailleurs signifie moins de cotisants. Le pays risque de se trouver, à l’avenir, dans une situation « de sous-effectif chronique », ce qui constitue un changement radical par rapport aux décennies précédentes, marquées par le chômage : le pays va passer de la pénurie d’emploi à la pénurie de main-d’œuvre. 

Il va donc falloir, juge l’auteur de l’étude, « adapter l’économie » à cette évolution démographique. Ce qui tient, pour lui, en trois points : « Travailler plus, automatiser davantage, accueillir mieux ». 

Travailler plus, cela signifie, en clair, reculer encore l’âge de la retraite à l’avenir. « Automatiser », c’est utiliser la robotique et l’intelligence artificielle pour pallier la raréfaction de la main-d’œuvre humaine. Enfin, « accueillir » : parce que l’économie du pays va avoir de plus en plus besoin de l’immigration pour compenser le taux de natalité de plus en plus faible. Le Haut-commissariat plaide donc pour que la France, à l’instar de ce qu’a fait l’Allemagne depuis plus de 10 ans, se dote « d’une stratégie d’immigration de travail », seul moyen, juge l’auteur, pour que le pays conserve sa compétitivité. 




Santé publique
Santé publique : un été marqué par une forte hausse des noyades
Du 1er juin au 13 août, 1 013 noyades ont été enregistrées par Santé publique France, dont 268 suivies de décès. Les conditions climatiques favorables à la baignade ont contribué à augmenter de 14 % le nombre de noyades par rapport à l'été 2024. Maire info fait le point sur ce bilan avec un épidémiologiste de Santé publique France.

Avec deux vagues de canicule enregistrées cet été, en juin et en août, les Français ont cherché à se rafraîchir. La baignade reste sans aucun doute l’option privilégiée lors d’une période estivale très chaude et notamment pendant les vacances. 

La température est un facteur à prendre en compte lorsque l’on regarde les derniers chiffres publiés par Santé publique France concernant la surveillance des noyades entre le 1er juin et le 13 août 2025. « En 2025, le nombre total de noyades est en augmentation par rapport à 2024 pour la même période : respectivement 1 013 contre 886, soit une augmentation de 14 % », est-il détaillé dans le bulletin. 

Si le nombre de noyades suivies de décès (268 cet été) reste globalement stable entre 2024 et 2025, ce chiffre reste évidemment trop élevé sachant que « les noyades accidentelles sont quasiment toutes évitables », comme le souligne Aymeric Ung, épidémiologiste à Santé publique France, en charge de la surveillance des noyades.

Chaleur et prises de risques 

« Le principal facteur qui explique la fluctuation du nombre de noyades ce sont les conditions climatiques qui ont été favorables à la baignade, explique Aymeric Ung. Météo France a sorti un premier bilan montrant que l’été 2025 est le troisième été le plus chaud, derrière 2003 et 2022. Quand on a des périodes de chaleur étendues, les personnes vont davantage chercher à se rafraîchir et ce dans des conditions qui peuvent être plus à risques comme dans des endroits interdits aux baignades ou non aménagés. »

« Les noyades qui ont eu lieu en cours d’eau ou plans d’eau ont augmenté surtout chez les jeunes, rapporte-t-il. Ce sont des lieux sont peu aménagés pour la baignade et lorsqu’un accident survient, les secours mettent plus de temps à arriver. Ce sont des endroits plus reculés et malheureusement l’issue va être davantage fatale dans ces endroits naturels. Le nombre de noyades en mer suivies de décès a aussi augmenté de 40 % et concerne principalement les adultes. »

Les adultes, les adolescents, les enfants ou les personnes âgées ont été touchés de la même manière par ces accidents. « Les personnes âgées (65 ans et plus) vont par exemple chercher à se baigner davantage en début et en fin de journée, moment où il n’y a pas de surveillance des plages », commente Aymeric Ung. D’un autre côté, 37 enfants et adolescents sont décédés cet été contre 28 en 2024. Plusieurs noyades ont aussi impliqué des enfants atteint de handicap dont trois enfants autistes à l’occasion d’une sortie organisée par des structures d'accueil. Le gouvernement a, en réaction, annoncé de nouvelles mesures pour mieux former les professionnels et renforcer l’apprentissage de la natation. 

Il est intéressant de relever qu’entre mi-juin et début juillet (période de vigilance canicule), les noyades ont augmenté de 142 % par rapport à la même période l’année dernière – moment où « la surveillance des sites en milieu naturel n’a pas systématiquement commencé. » Si l’agence ne connaît pas le contexte des noyades recensées, elle menait avant 2023 des enquêtes noyades tous les trois ans. « Elles montraient qu’il y avait davantage de noyades suivies de décès dans des endroits non surveillés et dans les endroits interdits », se souvient l’épidémiologiste. D’où l’importance de trouver une solution à la pénurie de maitre nageurs sauveteurs observée depuis plusieurs années et largement dénoncée par l’AMF.

Des disparités territoriales 

Quasiment toutes les régions sont concernées par la hausse des noyades même si des différences territoriales interviennent. « Il y a davantage de noyades dans toutes les régions où il y a une façade maritime (PACA, Occitanie, façade Atlantique, Bretagne, Normandie). Dans les régions intérieures il y a des spécificités. En Auvergne-Rhône-Alpes par exemple, on trouve beaucoup de cours d’eau et de plans d’eau et les conditions météo sont aussi très favorables à la baignade. D’ailleurs, la proportion de noyades suivies de décès peut parfois même être plus importante que dans d’autres régions. »

En ce qui concerne les outre-mer, les résultats sont « très hétérogènes car il y a des endroits où les conditions climatiques sont favorables une grande partie de l’année comme aux Antilles mais d’autres endroits où la saisonnalité pèse dans la balance comme à la Réunion. On sait que les conditions de baignade et les habitudes sont différentes qu’en métropole. Les plages sont nombreuses et globalement très peu sont surveillées et réellement aménagées. Les risques peuvent être plus importants. » 

Prévention et plan piscine

Ces drames interviennent malgré les nombreuses campagnes de prévention et les interdictions de baignade régulièrement rappelées par les autorités. Dans la perspective de renforcer à l’avenir la sécurité, Santé publique France publie des conseils de prévention. 

« Pour les jeunes enfants, rien ne remplace une surveillance permanente et rapprochée de l’enfant quel que soit le lieu de la baignade, rappelle Aymeric Ung. Chez les adolescents et l’adulte deux choses sont à prendre en compte : il faut évaluer sa condition physique et évaluer les conditions environnementales tout en privilégiant les endroits aménagés pour la baignade et en respectant les interdictions. Il y a pu avoir cet été par exemple des interdictions sur la côte Atlantique pour des conditions non favorables. On peut aussi prendre attache avec les offices de tourisme. » Il est aussi rappelé d’éviter toute consommation d’alcool avant de se baigner. « Les enquêtes noyades ont démontré qu’en cas de consommation d’alcool la proportion de noyades suivie de décès est plus importante », ajoute le spécialiste. 

Autre clé pour lutter contre ce fléau : l’apprentissage de la natation. « Il n’y a pas d’âge pour apprendre à nager ou réapprendre à nager », précise Aymeric Ung. Mais pour apprendre à nager, encore faut-il qu’il puisse y avoir des piscines accessibles à tous. C’est dans ce cadre que l’AMF alerte sur les besoins spécifiques des piscines municipales qui, à la fois, permettent d’assurer l’enseignement de l’aisance aquatique et de la natation dans une optique de santé publique et de prévention des noyades, et sont des lieux de rafraichissement sécurisés et surveillés. Or les piscines sont des équipements financièrement très lourds à porter pour les collectivités et particulièrement marqués par le vieillissement du parc. L’AMF dit attendre un soutien clair et ambitieux de l’État envers les collectivités qui portent ces équipements, afin de les rénover et d’en construire de nouveaux notamment dans les zones sous-dotées.




Logement
Logement étudiant : face à la pénurie, le gouvernement fixe des objectifs de production région par région
Pour lutter contre la précarité des jeunes, le gouvernement vient de fixer des « objectifs régionaux de production » de logements étudiants jusqu'en 2027. Dans le même temps, une enquête révèle que la quasi-totalité des tout petits logements ne respectent pas les plafonds d'encadrement des loyers dans les villes concernées.

Face aux « importantes difficultés » d'accès au logement des étudiants, François Bayrou vient de demander, dans une circulaire, aux préfets et aux recteurs académiques d’élaborer une feuille de route régionale – en leur fixant des objectifs chiffrés jusqu’en 2027 – afin de produire de nouvelles places de logement abordables destinées aux neuf millions de Français âgés 18 à 29 ans.

Alors que le sujet a été déclaré politique prioritaire du gouvernement, le Premier ministre rappelle, en effet, que « le parc social national dédié reste limité, avec 240 000 places, dont 175 000 gérées par les Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) », et que « cette pénurie contribue à la précarité étudiante », dont la population continue pourtant de progresser.

45 000 logements d'ici 2027

Dans ce cadre, il souhaite la création de 30 000 nouvelles places en logements étudiants à vocation sociale (LLS) et 15 000 logements locatifs intermédiaires (LLI) d’ici 2027. Pour y parvenir, il demande donc aux préfets et aux recteurs d'élaborer un plan régional « d'ici le 30 septembre 2025 » qui devra permettre d'atteindre les « objectifs régionaux de production » qui leur sont assignés par la circulaire. En tout, il a donc été fixé l’objectif de 10 000 LLS par an à l'ensemble des régions d'ici à 2027 et 5 000 LLI par an pour la moitié d’entre elles.

Le Premier ministre enjoint ainsi les préfets et les recteurs à procéder à « une revue exhaustive des nouvelles opportunités foncières sur les secteurs les plus prioritaires en besoins de logements étudiants en lien notamment avec les établissements d'aménagement, les universités, les Crous, les bailleurs et les collectivités locales ».

Ils devront, ensuite, « faire rapidement connaître au niveau national, régional et local, la possibilité de montage d'opérations en LLI sous forme de résidences services destinées à des étudiants ou des jeunes actifs ». Et cela en « encourageant les acteurs à le développer, y compris dans le cadre de reconversion de projets immobiliers dont les conditions de sortie ne seraient pas réunies avec d'autres montages de programmation ».

Enfin, les « opérations innovantes » devront être « favorisées » en mobilisant « tous les leviers » : « transformation de locaux administratifs et bureaux, recours à la construction hors site, densification de fonciers, surélévation, construction de résidences réversibles ou la création de structures de portage du type foncière, le cas échéant, en partenariat avec les collectivités locales ».

En parallèle, préfets et recteurs devront mettre en place un comité de pilotage réunissant « au moins deux fois par an » les principaux acteurs concernés, tels que les établissements publics d'enseignement supérieur, Crous ou encore bailleurs et collectivités. Côté financement, ils pourront s’appuyer sur l’enveloppe de 5 milliards d'euros du programme Agile qui doit permettre de « soutenir la construction, la transformation et la réhabilitation lourde de 75 000 logements étudiants d'ici 2030 ».

Des loyers étudiants qui continuent d’augmenter 

Dans son nouveau baromètre sur le coût de la rentrée universitaire (en hausse de 2 % cette année, à 3 227 euros), la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) vient d’alerter, une nouvelle fois, sur la précarisation toujours plus grande des étudiants et rappelle que le logement reste le premier poste de dépense dans leur budget « en particulier dans les grandes villes universitaires, où les loyers atteignent des niveaux souvent inabordables ».

Une « charge mentale et financière non négligeable » en hausse de 3 % cette année qui porte les loyers à 581 euros par mois en moyenne, et à 691 euros en Île-de-France.

Selon le premier syndicat étudiant, ce poste représente la moitié du budget mensuel que consacrent les étudiants à leurs dépenses courantes, ces derniers devant « sacrifier d’autres postes essentiels », comme l’alimentation ou les soins, qui deviennent ainsi « des variables d’ajustement budgétaire ».

Faisant écho au constat du Premier ministre, la Fage déplore une « offre publique insuffisante » et souligne que « le parc locatif du Crous ne propose qu’un logement pour 17 étudiants, ce qui représente un pour quatre étudiants boursiers seulement ». Les étudiants se retrouvent donc « en majorité contraints de se tourner vers le parc privé où les prix sont en moyenne deux fois plus élevés ». 

Dans ce contexte, il a demandé « le gel des loyers et charges locatives des logements Crous et un investissement du gouvernement » dans ce parc locatif, mais aussi « la construction massive de logements étudiants et la cession gratuite, ou à prix fortement décoté, du foncier public pour des projets de production de logements Crous ou résidences conventionnées ». Il réclame également « le maintien de l’universalisation des APL et la revalorisation de leur montant » ainsi que « l’accès à la garantie Visale à l’ensemble des étudiants ».

Encadrement des loyers : les tout petits logements hors des clous

Autre demande, « la pérennisation » à l’échelle nationale de l’expérimentation de l’encadrement des loyers en « un réel dispositif » (appliqué dans près de 70 communes volontaires, ce dispositif doit prendre fin en novembre 2026), le syndicat jugeant également « nécessaire » de « renforcer les contrôles dans les villes qui l’ont appliqué » et de l’étendre à « l’ensemble des villes en zones tendues ». 

Une pérennisation sollicitée aussi par la Fondation pour le logement des défavorisés, ex-Fondation Abbé-Pierre, qui vient de révéler, dans son dernier baromètre publié hier, que près d'une annonce sur trois dépasse encore les plafonds autorisés dans les communes qui appliquent l'encadrement des loyers.

Plus de 90 % des logements de 10 m² et moins sont hors des clous tout comme 39 % des studios, ce qui pénalise principalement « les jeunes, les étudiants, les célibataires et les ménages modestes ». Et si les meublés s'avèrent aussi moins respectueux de la réglementation, la « Palme d’or du culot » revient aux « propriétaires des pires passoires énergétiques » – celles classées G – qui sont ceux qui pratiquent le plus souvent des dépassements (38 %) alors que tout complément de loyer leur est pourtant interdit, dénonce la fondation. 

Globalement, le dépassement moyen est de 237 euros par mois dans la capitale contre 192 euros en moyenne en France.

Dans l'ensemble des villes analysées, 32 % des annonces sur les 20 000 recensées entre août 2024 et août 2025 dépassent les plafonds de loyer fixés ville par ville, un chiffre en hausse de 4 points sur un an. Si à Montpellier le taux de non-conformité plafonne à 12 %, il atteint les 31 % à Lille, 38 % au Pays basque, 45 % à Grenoble et jusqu’à 59 % à Plaine Commune, structure qui regroupe des communes de la banlieue nord de Paris. Dans la capitale, ce sont 31 % des logements proposés à la location qui dépassent toujours les plafonds. 

« L’heure est donc désormais au renforcement du contrôle du respect de cette loi utile mais trop longtemps négligée par l’État », estime la fondation qui appelle également ce dernier à l'ouvrir à l'ensemble des villes volontaires et à augmenter le montant des amendes en les reversant aux collectivités.

Consulter la circulaire.




Sports
Le ministère de l'Éducation nationale veut encourager la pratique sportive... mais avec quels moyens ?
Le ministère de l'Éducation nationale a diffusé, fin août, une circulaire sur « la place de l'activité physique et du sport à l'école », présentant une « cartographie de l'offre et des dispositifs existants ». Une déclaration d'intention hélas assez éloignée des réalités budgétaires.

« Lutte contre les inégalités par un égal accès à la culture sportive », « prévention du décrochage scolaire », bénéfices pour la santé », « lutte contre les discriminations »… la pratique sportive dès le plus jeune âge n’a que des avantages, rappellent, dans une circulaire diffusée le 27 août, les directrices générales de l’Enseignement scolaire et du Sport, Caroline Pascal et Fabienne Bourdais. Le ministère rappelle donc sa volonté de construire une sorte de continuum sportif dès l’école maternelle et jusqu’à la fin de la scolarité.

Continuum sportif

« Dès l’école maternelle, les élèves bénéficient d’une éducation physique au sein du domaine ‘’Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités physiques’’ ». À l’école élémentaire, les cours obligatoires d’EPS (éducation physique et sportive) débutent, et représentent « la troisième discipline en nombre d’heures » (12,5 % du temps d’enseignement). À quoi s’ajoutent les « 30 minutes par jour d’activités physiques quotidiennes (APQ) », qui doivent « être mises en place les jours où l’EPS n’est pas programmée » – qui est assez contradictoire, notons-le, avec l’adjectif « quotidienne » contenu dans le sigle. 

Le programme 30 minutes par jour d’APQ est, rappellent les auteures de la circulaire, « une priorité interministérielle », et doit être « généralisé » pendant cette année 2025-2026.

Les programmes « Savoir nager » et « Savoir rouler à vélo » doivent également débuter dès l’école élémentaire, poursuit le ministère. L’urgence de développer le programme Savoir nager semble plus prégnante que jamais, après un été marqué par un nombre inhabituellement élevé de noyades (lire article ci-contre).

Dans le second degré, où l’EPS est une discipline « obligatoire pour tous les élèves », les programmes Savoir nager et Savoir rouler à vélo devront faire l’objet d’un « apprentissage renforcé » dans le cas où « le niveau de compétence attendu n’a pas été atteint en fin d’école élémentaire ». Par ailleurs, un nouvel outil est déployé en cette rentrée 2025 : « Un outil de mesure commun et fiable des aptitudes physiques » des élèves, qui permet d’estimer leur condition physique. 

Le ministère rappelle en outre l’existence du dispositif « 2HSC » (Deux heures de sport en plus au collège), déployé dans les réseaux d’éducation prioritaire, qui vise à repérer les jeunes « les plus éloignés de la pratique sportive » et à les « raccrocher à un mode de vie physiquement actif ». 

Périscolaire

En dehors de l’école ou à côté de celle-ci, il existe également tout un écosystème permettant la pratique sportive « tout au long du parcours scolaire », notamment à travers les fédérations de sport scolaire (Union sportive de l’enseignement du premier degré, Union nationale du sport scolaire et Union générale sportive de l’enseignement libre). Les fédérations sportives agréées et le Comité national olympique et sportif français ont également leur rôle à jouer « pour participer à l’enrichissement du parcours de l’élève ». 

Enfin, les collectivités locales jouent un rôle important, rappelé par le ministère, notamment dans l’organisation des temps périscolaires, avec les Projets éducatifs territoriaux (PEdT) et les Plans mercredi, qui « contribuent à augmenter le temps d’activité physique quotidienne des élèves du premier degré ». Rappelons au passage que les collectivités locales sont le premier financeur du sport en France, avec 8,5 milliards de dépenses en 2022, contre 7,6 milliards venant de l’État. Le bloc communal assume à lui seul 90 % de ces dépenses.

Coupes claires dans le budget du sport

Il reste que cette circulaire, si elle donne toutes les raisons et décrit tous les parcours permettant la pratique du sport, paraît bien éloignée des réalités financières découlant des choix budgétaires du gouvernement. 

Il faut rappeler que, malgré l’enthousiasme né des JOP de Paris 2024 et les discours sur « l’héritage des Jeux », le financement du sport, du côté de l’État, est en chute libre. Dans le budget adopté au début de l’année, déjà, le budget du sport était en baisse de 25 %. Et mi-juillet encore, après le discours de François Bayrou présentant les grandes orientations budgétaires, le ministère des Sports a fait savoir que son budget allait subir une nouvelle ponction de 18 % – déclenchant une réaction outrée des associations et fédérations sportives, dénonçant un « mépris » et une « injustice allant à contresens de l’envie de sport des Français » (lire Maire info du 18 juillet). À contresens aussi, peut-on ajouter, des déclarations gouvernementales sur l’absolue nécessité de faire faire du sport à la jeunesse.

Surtout que dans le même temps, le gouvernement a annoncé une forte réduction du nombre de bénéficiaires du Pass’Sport, auparavant ouvert à tous les enfants de 6 à 17 ans, et désormais aux seuls jeunes de 14 à 17 ans bénéficiant de l’allocation de rentrée scolaire (ARS), ainsi qu’à certains jeunes atteints de handicap et étudiants boursiers. Une mesure jugée « meurtrière pour l’accès au sport » par l’association Ville et banlieue. 

Enfin, le plan 5 000 équipements, qui a connu un grand succès auprès des communes en leur permettant de financer facilement des équipements sportifs de proximité, devrait être raboté cette année de quelque 23 millions d’euros. 

Lors d'un rendez-vous, mardi dernier, avec la ministre des Sports, le président de l’AMF n’a pas manqué de regretter ces mesures de rabot et a rappelé la nécessité de poursuivre les efforts de l’État en matière de financement de nouveaux équipements et de rénovation du parc existant dont l’entretien grève les budgets de fonctionnement des communes. 

Face à la saturation des équipements sportifs existants, la circulaire prévoit d'ailleurs d’accélérer l’ouverture des équipements sportifs scolaires en dehors des heures d’enseignement. Reste cependant à voir si les chefs d’établissement suivront cette consigne. 

À tout cela s’ajoute encore la suppression, en cette rentrée, du fonds de soutien pour le développement des activités périscolaires issu de la réforme des rythmes scolaires de 2013, suppression qui a été dénoncée par l’AMF. 

Toutes ces mesures étaient prévues dans le budget d’un gouvernement qui va très probablement tomber dans quelques jours, et l’on ignore ce que le prochain gouvernement prévoira en la matière. Mais il faut rappeler une fois encore que la pratique sportive ne peut exister sans moyens financiers. 




Transition écologique
Des collectivités vont pouvoir être « formées » sur la question du rafraichissement des bâtiments
Le gouvernement a lancé pendant l'été un nouveau programme baptisé Adapt bâti confort, visant notamment à « former » des collectivités à la problématique du rafraichissement des bâtiments.

« Alors que les vagues de chaleur sont cinq fois plus fréquentes depuis 2000 qu’avant 1989, la nécessité d’adapter nos modes de vie est de plus en plus pressante », a déclaré la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, à l’occasion de l’annonce de ce nouveau programme, le 13 août. Ce programme « permettra de soutenir les innovations permettant de baisser la température dans les bâtiments en période de canicule ».

Former « 500 collectivités »

Baptisé Adapt bâti confort, le programme, financé par les CEE (certificats d’économie d’énergie) a été lancé par la publication d’un arrêté au Journal officiel du 7 août. Porté notamment par l’Ademe et le Cerema, ce programme vise à « développer les connaissances et la diffusion des meilleures pratiques et solutions de rafraîchissement des bâtiments ». Les financements, qui pourront atteindre « 9 millions d’euros », seront déployés sur trois axes. Un axe opérationnel, avec la réalisation de « 50 opérations d'adaptation de bâtiments existants, mettant en œuvre des solutions passives et/ou des équipements de rafraîchissement efficaces » ; un axe de communication vers « le grand public, la presse, les élus » ; et surtout un axe de formation, avec l’ambition de « former 500 collectivités » (mais aussi « 3 000 acteurs du bâtiment et 300 prescripteurs, architectes ou bureaux d’étude ») aux problématiques du rafraichissement des bâtiments. 

Quatre régions pilotes

Ce programme sera financé par les CEE, c’est-à-dire par des versements consentis par les entreprises fortement émettrices de gaz à effet de serre, qui ont la possibilité de financer des actions d’économie d’énergie ou de formation en échange de la délivrance de ces certificats d’économie d’énergie. 

On n’en sait à vrai dire pas beaucoup plus à ce jour sur ce dispositif, et en particulier sur la façon dont les collectivités intéressées peuvent y postuler. 

Seul le Cerema a communiqué, avant-hier, sur ce sujet, en précisant que ce programme « concerne l’ensemble des bâtiments résidentiels et tertiaires des régions les plus exposées au risque de fortes chaleurs » et vise à « garantir un confort thermique dans les bâtiments tout au long de l'année, et lors de période de canicule, en mobilisant des solutions passives ou hybrides. La priorité sera ainsi donnée à l'amélioration du bâti, à l'installation d'équipements de rafraîchissement efficaces et à faible impact ». 

Le programme, indique le Cerema, « s’appuiera sur les collectivités locales pour identifier les besoins spécifiques et assurer une mise en œuvre adaptée aux réalités régionales ». Il sera déployé dans « quatre régions pilotes » particulièrement concernées par les problématiques de chaleur (Paca, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine). 

Il reste donc à attendre les détails concrets qui devraient être diffusés par l’Ademe et qui permettront aux collectivités intéressées par ce programme de candidater.

Rappelons que les services de l’État et l’Ademe ont ouvert un site d’information fort utile destiné aux élus et aux agents des collectivités, Plus fraiche ma ville, qui contient de très nombreuses informations sur la question du rafraichissement des espaces publics des communes. De nombreuses solutions sont décrites (stockage d’eau de pluie, végétalisation, adaptation des bâtiments…). Un module permet notamment d’estimer le coût d’un projet et d’accéder à des recommandations techniques. 






Journal Officiel du vendredi 5 septembre 2025

Ministère de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation
Décret n° 2025-888 du 4 septembre 2025 modifiant certaines dispositions relatives aux régimes indemnitaires dans la fonction publique territoriale
Ministère de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation
Arrêté du 4 septembre 2025 portant notification du prélèvement sur les recettes fiscales des régions, de la collectivité de Corse et des collectivités territoriales de Guyane et de Martinique au titre du dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales institué par l'article 186 de la loi n° 2025-127 du 14 février 2025 de finances pour 2025

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