Édition du vendredi 30 avril 2021

Coronavirus
Dans 20 jours, la réouverture générale
Les dates précises de la levée progressive des restrictions sont maintenant connues : Emmanuel Macron a dévoilé hier son plan en quatre étapes, qui s'étalera entre le 3 mai et 30 juin. Contrairement à ce qui était annoncé il y a quelques semaines, ce plan n'est pas « territorialisé ».

« Les mesures seront nationales », a clairement annoncé le chef de l’État dans l’interview qu’il a accordée à la presse régionale. Sauf reprise très vive de l’épidémie dans tel ou tel département, les mesures annoncées hier soir devraient donc être uniformément appliquées sur tout le territoire. 

3 mai : fin des attestations en journée

La première étape débutera dès lundi prochain, avec la réouverture, prévue depuis longtemps, des collèges et lycées (avec une demi-jauge dans les lycées et en 4e et 3e dans une dizaine de départements). En dehors des établissements scolaires, aucune réouverture de commerces, lieux culturels, etc., n’est prévue. En revanche, la barrière des 10 km sera levée et les déplacements seront à nouveau libres en journée, y compris d’une région à l’autre. Ce sera donc la fin des attestations, mais en journée seulement, puisque le couvre-feu est maintenu à 19 h. 

19 mai : la grande réouverture !

C’est quinze jours plus tard, le mercredi 19 mai, qu’arrivera le jour tant attendu, avec toute une batterie de réouvertures : d’une part, le couvre-feu sera décalé à 21 heures ; d’autre part, les commerces, lieux culturels, stades et terrasses pourront de nouveau accueillir du public. 
Il faudra attendre un peu pour connaître tous les détails de cette étape : par exemple, si la communication de l’Élysée précise que « les commerces » rouvriront le 19 mai, elle ne dit pas si ce sont tous les commerces – en particulier, les grands centres commerciaux – qui seront concernés. 
Les choses sont un peu plus précises en revanche pour les lieux culturels : ce sont bien les « musées, monuments, cinémas, théâtres et salles de spectacle avec public assis » qui vont rouvrir, avec une limite de 800 personnes en intérieur et 1000 en extérieur. Pour l’instant, la communication de l’Élysée ne dit rien sur les jauges qui seront exigées, dans les cinémas ou les théâtres par exemple. Si on connaît le nombre maximal de personnes qui pourront être accueillies, on ignore le pourcentage de remplissage des salles. 
Pour les terrasses, il est précisé que les tablées seront de 6 personnes maximum. D'après nos informations, le ministère chargé du Tourisme a indiqué ce matin que le 19 mai, les hôtels, villages vacances et chambre d'hôtes pourraient assurer un service de restauration en intérieur pour leurs clients. Les casinos pourraient ouvrir à 35%, mais seulement pour les machines à sous.
Le 19 mai, ce sera également la réouverture du public dans les stades et, en général, dans les établissements sportifs de plein air et couverts (avec la même jauge maximale : 800 en intérieur, 1 000 en extérieur). Il faut aussi préparer la réouverture des piscines couvertes et de toutes les enceintes sportives en intérieur. 
À cette date, le télétravail sera toujours recommandé et les rassemblements de plus de 10 personnes sur la voie publique resteront interdits.

9 juin : le retour des salles de sport

Troisième étape le mercredi 9 juin, avec, pour commencer, un décalage du couvre-feu à 23 heures et un « assouplissement » du télétravail. Cette date verra aussi la réouverture des cafés et restaurants en intérieur, la réouverture des salles de sport, l’autorisation des sports de contact. La jauge maximale dans les salles de spectacle passera à 5 000, mais avec « un pass sanitaire » (lire ci-dessous). Les salons et foires d’exposition pourront également reprendre, avec toujours 5 000 personnes maximum. Selon nos informations, les établissements de thermalisme et de thalassothérapie pourraient ouvrir avec une jauge de 35 %.

30 juin : fin des restrictions (ou presque)

Enfin, le mercredi 30 juin, ce sera la levée presque totale des restrictions, avec la fin du couvre-feu et la suppression des jauges dans les établissements recevant du public. Le gouvernement se réserve toutefois la possibilité de « limiter le public présent » pour certains événements, en fonction de la situation locale. 
Les grandes perdantes de ce plan sont les discothèques : seul secteur qui est resté intégralement et continûment fermé depuis le mois de mars 2020, les discothèques seront également les seules à rester fermées après le 30 juin, au désespoir des professionnels qui voient se dessiner la perspective d’un nouvel été sans boîtes de nuit. 

« Freins d’urgence »

Emmanuel Macron a annoncé que ces mesures pourraient ne pas s’appliquer dans certains territoires en cas de flambée locale de l’épidémie : le gouvernement et les préfets appuieraient alors sur des « freins d’urgence » pour retarder localement les réouvertures. 
Trois critères ont été définis pour prendre cette décision : un taux d’incidence supérieur à 400, une augmentation « très brutale » de ce taux et une « menace de saturation des services de réanimation ». Il semble – bien que cela demande à être confirmé – que ces trois critères sont cumulatifs. Autrement dit, un département qui aurait un taux d’incidence de 500 mais dont la tendance serait à la baisse verrait les réouvertures se dérouler aux dates prévues. Il sera important de voir ce point confirmé rapidement. 
Beaucoup de scientifiques s’étonnent, depuis hier soir, de la fixation de ce seuil à 400, rappelant que le taux d’alerte maximale, depuis l’automne dernier, est de 250. Le chef de l’État se défend en arguant que l’apparition des vaccins a changé la donne, puisqu’elle donne « une perspective de sortie durable de la crise », ce qui « change la gestion de l’épidémie ». 

Détails décidés « en concertation »

Comme il avait été annoncé en début de semaine, ce plan dévoilé hier n’est qu’une « matrice », et de nombreux détails restent à déterminer. C’est ce à quoi va servir la « grande phase de concertation » qui débute maintenant : parlementaires, partenaires sociaux, professionnels et élus locaux vont maintenant être consultés – on ne sait pas encore sous quelle forme – pour déterminer dans les détails « l’agenda et les protocoles de réouverture ». Seule annonce à cette heure : l’issue de cette concertation prendra place « au cours de la semaine du 10 mai », et ses résultats seront détaillés « par le Premier ministre ». 

Le pari du « pass sanitaire »

C’est l’invité surprise de ces annonces : Emmanuel Macron est revenu, à plusieurs reprises sur le « pass sanitaire » qui devrait devenir obligatoire pour certaines activités. Si le chef de l’État exclut qu’il réglemente l’accès « aux lieux de la vie de tous les jours » (cinémas, bars, restaurants), le pass sanitaire pourrait devenir obligatoire pour accéder « aux lieux où se brassent les foules » : stades, festivals, grands événements. 
Il s’agirait tout simplement d’un certificat, « numérique ou papier », garantissant qu’une personne est vaccinée ou qu’elle a procédé à un test négatif dans les 48 heures précédentes. Ce dossier, dans la mesure où il concerne « les libertés publiques », devra faire l’objet d’une loi et être discuté par le Parlement, a précisé le chef de l’État. 

Pas de vaccination pour tous

Enfin, Emmanuel Macron a confirmé qu’il n’entendait pas ouvrir la vaccination à toutes les tranches d’âge dans l’immédiat. Seule ouverture, due au fait que l’État dispose « de doses en stocks » : la vaccination va être ouverte, « dès ce week-end », à toutes les personnes de plus de 18 ans en situation de surcharge pondérale « sérieuse » (indice de masse corporelle supérieur à 30). 
Le chef de l’État avoue « ne pas savoir » si 2021 verra la fin de la crise : « Peut-être aurons nous à vivre avec le virus et à nous refaire vacciner chaque année », a-t-il indiqué, précisant se montrer « optimiste » sur la capacité des scientifiques à faire face rapidement à l’apparition de nouveaux variants. 




Sécurité
Insécurité et délinquance : une année 2020 « très atypique »
Baisse des homicides et des vols. Hausse des violences familiales et des viols. Les deux confinements qui ont marqué l'année 2020 ont modifié les tendances habituelles, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure qui constate que « certaines formes de délinquance n'ont pu s'exercer autant [que d'habitude], tandis que d'autres ont pu se renforcer ».

Sous l’effet des mesures de confinement et de couvre-feu, l’année 2020 a connu des « évolutions très atypiques ». C’est le constat fait par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure dans son bilan sur l’insécurité et la délinquance pour l’année 2020 publié hier.
Une année particulière donc, marquée par la crise sanitaire, qui a entraîné la baisse importante de certains indicateurs (vols, cambriolages) et la forte progression d'autres (violences intrafamiliales), « certaines formes de délinquance n’ayant pu s’exercer autant qu’en situation habituelle, tandis que d’autres ont pu se renforcer ».  
Des résultats qui requièrent, toutefois, « des délais supplémentaires pour une interprétation la plus objectivée possible », préviennent les auteurs de ce rapport qui vient compléter et affiner une première photographie publiée en début d’année.

Des violences familiales en forte hausse

Premier enseignement, la forte augmentation des violences intrafamiliales, d’ores et déjà recensée l’an passé et tant redoutée, se confirme. Si « une très légère hausse » des coups et blessures volontaires (sur les personnes de plus de 15 ans) a bien été enregistrée (1 %) par rapport à 2019, le service du ministère de l’Intérieur souligne que c’est bien « en lien avec celle plus importante des violences intrafamiliales » (+ 9 %, après +10 % en 2018 et +14 % en 2019). Car dans le même temps, le nombre de victimes des coups et blessures volontaires hors du cadre familial a diminué « nettement » en 2020 (- 7 %) alors qu’il avait augmenté en 2018 (+ 6 %) et en 2019 (+ 4 %).
Si cette forte progression des violences intrafamiliales a été la règle sur presque tout le territoire - puisqu’elle a été observée « dans la quasi-totalité des départements métropolitains, à l’exception notamment de Paris » - , elle présente une singularité.
Contrairement aux autres indicateurs, le nombre de victimes dans le cadre intrafamilial a progressé lors du premier confinement (+ 5 %) - « malgré un recul en tout début de confinement » - avant d'enregistrer une baisse à partir de l’automne 2020 (- 9 % sur la période du deuxième confinement). En outre, « les niveaux de fin d’année étaient inférieurs à ceux de la fin 2019 », selon les auteurs du rapport.
Reste que, comme à l'accoutumée, les femmes ont été largement majoritaires parmi les victimes de violences intrafamiliales enregistrées (85 %) tout comme les hommes (87 %) parmi les auteurs présumés de ces coups et blessures volontaires ; les trois quarts des mis en cause ayant plus de 30 ans.

Coups et blessures : les communes rurales « moins épargnées »

Plus globalement, en ce qui concerne les coups et blessures volontaires dans leur ensemble, les communes rurales et les petites agglomérations ont été « relativement moins épargnées dans ce domaine de délinquance : l’écart avec les zones les plus touchées est moins important que pour d’autres catégories d’infractions ».
Les coups et blessures volontaires ont ainsi « nettement augmenté dans certaines régions dont le nombre de victimes enregistrées par habitant est inférieur à la moyenne nationale, notamment en Bretagne, en Corse ou en Nouvelle-Aquitaine ». À l’inverse, « d’autres régions qui affichent des taux plus élevés que la moyenne métropolitaine connaissent une baisse des enregistrements de victimes en 2020 comme les Hauts-de-France ou Paris et sa petite couronne ».

Vols, cambriolages et dégradations reculent nettement

Autres « évolutions très atypiques depuis mars 2020 », celles du nombre de vols et de cambriolages qui a connu un « très net recul », grâce aux mesures de confinement et de couvre-feu. Résultat, la baisse a été généralisée pour les vols sans violence contre des personnes (- 24 %), les cambriolages de logements (- 20 %), les vols violents sans arme (- 19 %), les vols d’accessoires sur véhicules (- 18 %), les vols dans les véhicules (- 17 %), les vols de véhicules (- 13 %), les destructions et dégradations volontaires (- 13 %) ou encore les vols avec armes (- 8 %).
Pour ce qui est des vols sans armes, la baisse a été recensée sur l’essentiel des départements en 2020, « la Côte-d’Or étant le seul département qui enregistre une nette hausse ». Cependant, le tiers de ces actes ont eu lieu à Paris ou en Seine-Saint-Denis. Ils ont d’ailleurs augmenté « de manière très marquée avec la taille des unités urbaines ». « En 2020, le taux dans l’agglomération parisienne, à 3 vols pour 1 000 habitants, est 62,6 fois plus élevé que dans les communes rurales, 7,7 fois plus élevé que dans les unités urbaines ayant entre 20 000 et 50 000 habitants et 2,1 fois plus élevé que dans les grandes agglomérations de province de plus de 200 000 habitants », détaille le rapport.
Les vols avec armes ont, eux, été également en « nette baisse » partout… excepté en Nouvelle-Aquitaine, en Bretagne et en Occitanie. Là aussi, ils ont été « fortement concentrés dans les grandes agglomérations » (avec 0,20 vol pour 1 000 habitants, l’agglomération parisienne a un taux 9,5 fois supérieur à celui des communes rurales et 2,9 fois supérieur à celui des agglomérations ayant entre 20 000 et 50 000 habitants).
Pour ce qui est des vols d’accessoires, les niveaux de délinquance ont été « proches entre petites et grandes agglomérations ». Mais, comme pour les autres types de vols, « les grandes agglomérations sont plus exposées que les communes rurales », bien que « l’écart [soit] nettement plus ténu pour les vols d’accessoires sur les véhicules », malgré une diminution enregistrée pour « une très grande majorité des départements » l’an passé.

Homicides en baisse

En ce qui concerne les homicides, l’an passé, le nombre de personnes tuées a légèrement baissé par rapport à 2019, le service du ministère de l’Intérieur ayant recensé 17 victimes en moins. Au total, leur nombre s’est élevé à 863 victimes (dont 7 en lien avec un attentat terroriste).
Parmi celles-ci, « un peu moins d’un tiers sont des femmes », les classes d’âges les plus touchées étant les plus jeunes (les 15-29 ans et les 30-44 ans). Les personnes mises en cause sont majoritairement des hommes avec une « nette surreprésentation » des 18-29 ans. A noter que la Corse et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur avaient les taux d’homicides par habitant les plus élevés.

Viols et tentatives de viols en hausse

Si le nombre de victimes de violences sexuelles a poursuivi la hausse (+3 %) observée les années précédentes, cette augmentation a néanmoins été « beaucoup moins forte » qu’en 2018 (+ 19 %) et 2019 (+ 12 %).
Cependant, la forte hausse observée ces dernières années pour les viols et tentatives de viols s’est poursuivie en 2020 (+ 11 %) les autres agressions sexuelles ayant baissé (- 3 %) après des hausses en 2019 et 2018.
Le « contexte de libération de la parole » expliquerait cette tendance, selon les auteurs du rapport. Fait notable, « la part des victimes ayant porté plainte pour des faits datant de plus d’un an a augmenté de 31 % en 2016 à 39 % en 2020 », le nombre de victimes ayant déclaré des faits commis plus de cinq ans auparavant a, lui, « plus que doublé entre 2016 et 2020 ».
Néanmoins, si le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées a atteint « un point haut » en 2020 (avec près de 55 000 dont plus d’un quart dans le cadre intrafamilial), il « sous-estime encore largement le phénomène ».
Le nombre d’agressions et harcèlements sexuels, ainsi que le nombre de viols enregistrés par habitant, n'a que « peu [dépendu] de la taille des agglomérations ». « Il n’est que légèrement moins élevé dans les petites villes et les zones rurales que sur le reste du territoire », souligne le ministère de l’Intérieur, qui note que « l’Île-de-France et les Hauts-de-France, où les violences sexuelles sont plus souvent enregistrées, sont les deux régions qui affichent une baisse en 2020 par rapport à 2019 ».

Télécharger le bilan.




Infrastructures
Programme « ponts » pour 28 000 communes : la date butoir repoussée au 10 mai
Le programme national Ponts, piloté par le Cerema, va permettre le recensement et l'évaluation des ouvrages d'art dans quelque 28 000 communes. Ce programme commence par une vaste enquête à laquelle les maires sont invités à répondre. Ils ont maintenant jusqu'au 10 mai pour le faire.

« Pour rester ‘’en bonne santé’’, un ouvrage d’art a besoin d’un entretien courant régulier et d’opérations spécialisées », rappelle le Cerema en préambule de son vademecum du programme national Ponts. L’État – en particulier à la suite de la catastrophe de Mirepoix-sur-Tarn, en novembre 2019 et surtout de Gênes, en Italie, à l’été 2019 – a lancé un certain nombre d’initiatives pour recenser les ponts, notamment dans les plus petites communes, et aider à les diagnostiquer. Dans le cadre du plan de relance, 40 millions d’euros ont été débloqués pour financer un plan de recensement et d’évaluation des ouvrages. 

Communes et ouvrages concernés

Ce sont quelque 28 000 communes qui sont éligibles à ce plan, selon des critères liés à la population au potentiel fiscal : sont éligibles les communes dont la population est inférieure à 2 000 habitants et dont le potentiel fiscal est inférieur ou égal à 1 000 000 euros ;  celles dont la population est comprise entre 2 000 et 4 999 habitants et dont le potentiel fiscal est inférieur ou égal à 1 500 000 euros ; et enfin celles dont la population est comprise entre 5 000 et 9 999 habitants et dont le potentiel fiscal est inférieur à 2 500 000 euros.
Les ouvrages concernés sont ceux qui portent une voirie communale ou faisant partie du domaine public communal, ainsi que les ouvrages de franchissement d’une ouverture supérieure ou égale à deux mètres et les murs de soutènement aval portant une voirie communale de plus de deux mètres au point le plus haut. Sont aussi concernés les murs de quais s’ils soutiennent une voirie communale. 
Ne sont en revanche pas concernés les tunnels et tranchées ouvertes, les barrages, les murs de soutènement amont.  
La liste complète des communes éligibles est fournie par le Cerema. 

Enquête et visite d’expert

A priori, toutes les communes éligibles ont reçu un mail venu de l’expéditeur « ne-pas-repondre.enquete-OA@cerema.fr » (les communes sont invitées à bien vérifier la réception de ce mail, qui peut avoir été bloqué dans les courriers indésirables). Il contient les identifiants et mots de passe permettant de se connecter à l’enquête nationale du Cerema. 
Attention, les maires des communes qui n’ont pas de pont sont tout de même invités à répondre à l’enquête, pour le préciser : cela permettra en effet au Cerema d’alimenter sa base de données sur les communes qui possèdent un pont et celles qui n’en possèdent pas.
Au départ, la date butoir pour répondre à cette enquête était aujourd’hui, le 30 avril. Un délai supplémentaire a été décidé : il sera donc possible de répondre jusqu’au lundi 10 mai. Et les élus auraient tort de s’en priver ! La réponse à ce questionnaire permet d’accéder au programme, c’est-à-dire, dans un premier temps, de recevoir la visite d’un expert, qui viendra inspecter l’état du ou des ouvrages d’art (ponts et murs de soutènement). À partir de là, le Cerema fournira aux communes concernées un « carnet de santé » des ouvrages inspectés, et « la trame des étapes de surveillance et d’entretien à réaliser dans les années à venir ». 
Dès cette phase, si l’expert identifie une situation de danger grave et imminent, la commune sera invitée à prendre des mesures d’urgence. 
La deuxième phase du programme consistera en une évaluation plus fine des ouvrages considérés comme sensibles, notamment du fait de leur dégradation ou de l’impossibilité d’accéder à leur structure. À l’issue de cette deuxième phase, les communes concernées recevront un « carnet de santé enrichi ». 

Questions de financement

Attention, le programme national ponts prévu par le plan de relance finance le recensement et le diagnostic. Il n’intègre, en revanche, pas de financements pour la réalisation des travaux. Cette question restera, à l’issue de l’enquête du Cerema, la plus cruciale : les communes qui auront des ouvrages d’art à restaurer vont avoir à faire face à des coûts importants, que le gouvernement, en 2020 encore, a refusé de financer via une ligne dédiée du projet de loi de finances, comme le demandaient les sénateurs. Pour le gouvernement, les crédits existants - notamment la Dsil – peuvent permettre de financer ces travaux. 
Rappelons que selon le rapport du sénateur de l’Eure Hervé Maurey, quelque 25 000 ponts sont en mauvais état dans le pays. Pire, selon un audit réalisé par l’État en 2019 (lire Maire info du 26 juillet 2018), « un pont sur trois » serait à réparer et 7 % des ponts présenteraient un « risque d’effondrement ».

Accéder au site dédié du Cerema.




Jeunesse
Écoles de la deuxième chance, un réseau dynamique malgré la crise
Destinées aux jeunes en échec scolaire, les écoles de la deuxième chance étendent progressivement leur réseau. Le coup de pouce donné à l'alternance dans le cadre du plan de relance « 1 jeune 1 solution » les dynamise certainement. 

Le bilan des Écoles de la deuxième chance (E2C) fait apparaître un maintien de 91 % des activités de formation et d’accompagnement des stagiaires en 2020. Le contexte sanitaire a donc joué mais il n’a pas entravé le fonctionnement de ces structures, destinées aux jeunes de 16 à 25 ans, descolarisés, sans diplôme ni formation. 
 Ils font partie de ceux que l’administration classe sous l’acronyme (anglais) « NEET », qui signifie « ni en emploi ni en études ni en formation ». Ils représentaient près d’1,5 million de personnes en 2020, soit 13,5 % des 15-29 ans en 2020 selon l’Insee. 

Variations

14 188 ont fréquenté l’une des écoles réparties sur l’ensemble du territoire. Le nombre d’entrées diminue sensiblement par rapport à 2019 (- 20 % en 2020), c’est l’un des effets de la crise sanitaire, avec une fermeture administrative de deux mois en 2020 notamment. Cela tranche avec la tendance observée depuis des années, de hausse des inscriptions (+ 6 % en 2019). 
Autre conséquence, « l’alternance en cours de parcours est passée de 35 % en 2019 à 24 % en 2020 ». Mais les sorties positives vers l’alternance en fin de parcours ont, elles, grimpé de 11 % à 15 % en 2020. Le réseau y voit l’impact des politiques en faveur de l’apprentissage.
Autre variation, cette fois due à l’obligation de formation des 16/18 ans depuis la rentrée : les E2C accompagnent davantage de mineurs : « 22 %, soit + 3 points par rapport à 2019, et même + 9 points par rapport à 2018 ». Ils comptent pour près d’un jeune stagiaire sur cinq.
Les jeunes quittent leur E2C avec une Attestation de compétences acquises. Certains reprennent des études, poursuivent une formation, trouvent un emploi. Le taux de sorties positives (sur un emploi, une formation) reste stabilisé à 60 %, indique le réseau des E2C, en léger recul (de 3 points). Les jeunes suivent un parcours de sept mois en moyenne, « mais le principe même de notre accompagnement est de miser sur l’individualisation, s’il a besoin de plus, nous le suivons plus longtemps », explique Carole Fauconnet, coordinatrice de l’antenne de Saint-Michel, dans l’agglomération d’Angoulême. Les jeunes sont là pour découvrir des métiers, effectuer des stages, se remettre à niveau en français, mathématiques et bureautique, afin de se projeter dans un projet, et se préparer à l’emploi ou la reprise d’une formation, en travaillant aussi sur le « savoir-être ». À la fin de leur parcours au sein des E2C, les stagiaires sont encore suivis pendant  près d’une année : « On ne les lâche pas brutalement ». Leur sélection à l’entrée se base sur « leur motivation ».  
Il existe actuellement 135 sites-écoles deuxième chance répartis dans 59 départements (12 régions) et 5 régions ultramarines. Près d’un tiers des jeunes stagiaires vivent dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. La moyenne d’âge est de 20 ans à peine.
Les collectivités sont à l’initiative de leur création, comme dans le Grand Angoulême. Une école y a ouvert fin 2019, appuyée sur le réseau de deux écoles déjà existantes, à Châtellerault et à Niort (E2C Charente Poitou). « Je voyais bien qu’il fallait autre chose sur le territoire que la mission locale », explique Anne-Laure Willaumez, adjointe à la Solidarité et au Soutien aux acteurs associatifs sociaux au maire d’Angoulême, à l’origine du projet avec une autre élue, lors du précédent mandat. Malgré les périodes de confinement, l’école a maintenu un lien avec les jeunes. Elle suit déjà près d’une centaine de jeunes. Elijah fait partie des derniers arrivés, depuis le 29 mars. « On y est encadré, confie-t-il. On apprend à prendre des rendez-vous, à lire un contrat de travail, comment s’habiller, cela motive, c’est concret. On a aussi appris des choses sur des sujets comme le recyclage, des ‘’vieux’’ sont venus nous parler de leurs parcours. Je suis en train d’aimer ma rentrée ! ». 




Urbanisme
Recyclage de friches : UrbanVitaliz, un outil du Cerema au service du bloc local 
Nouveau service du Cerema pour accompagner les projets de réhabilitation de friches, UrbanVitaliz concentre en une plateforme tout ce qu'il faut savoir avant de se lancer. En plein développement, cet outil gratuit devrait rencontrer un vif succès auprès des collectivités volontaires - mais dépourvues d'ingénierie.

Lever les blocages, informer, accompagner : l’outil lancé par le Cerema depuis septembre 2020, baptisé UrbanVitaliz, vise à guider les communes et EPCI dans leurs projets de reconversion de friches. Développé dans le cadre de beta.gouv.fr, l’incubateur de la Direction interministérielle du numérique (Dinum), ce nouveau service – gratuit – concentre en une plateforme toutes les informations nécessaires aux élus du bloc communal pour se réapproprier leur foncier à l’abandon. 
Mise en relation avec les acteurs spécialisés (EPF, CAUE, Ademe, agences de l’eau, DDT...), présentation des dispositifs juridiques et financiers existants, etc. : si l’outil ne peut remplacer un bureau d’études, il permet d’accompagner les collectivités dans la mise en œuvre de tels projets, nécessitant une expertise technique – et une vision à long terme. Selon le type de friches (zones tertiaires, résidences ou cliniques à l’abandon, anciennes usines, stations essence, friches ferroviaires, etc.), les reconversions visées (habitat, coworking, zone d’activité, équipements publics, etc.), et les blocages rencontrés, UrbanVitaliz fournit des recommandations pratiques aux collectivités (contacter un acteur « aidant », envoyer un courrier-type, comprendre l’action d’un assistant à maîtrise d’ouvrage, etc.). 

Mode d’emploi

Pour accéder à ce service, la collectivité doit décrire son projet et ses problématiques sur la plateforme. Elle peut alors se saisir des ressources en ligne, qui peuvent être complétées, selon ses besoins, par des recherches réalisées par l’équipe d’Urban Vitaliz. À la tête des travaux de construction de cet outil, Perrine Rutkowski, agente du Cerema et intrapreneuse du service, relève sa plus-value pour les territoires au marché foncier détendu : « Les petites et moyennes collectivités n’ont souvent pas toutes les compétences techniques en interne pour faire face à ces chantiers qui touchent à des domaines très variés. On se retrouve alors bloqués parce qu'on ne sait pas comment s’y prendre. Pourtant, il existe des acteurs publics variés et compétents, de nombreux dispositifs juridiques et financiers, mais encore faut-il les connaître ! On a donc créé UrbanVitaliz pour combler ce vide, pour les collectivités qui ne savent pas vers qui ou vers quoi se tourner. ».
En construction depuis six mois, UrbanVitaliz est déjà un succès : sur les 20 premières collectivités utilisatrices, les résultats sont éloquents : 80 % d’entre elles ont activé au moins l’une des recommandations du service dans les deux mois. Illustration à l’appui : « Nous travaillons par exemple avec un maire d’une commune d’environ 1000 habitants, pour une friche industrielle avec vocation de logement mixte. Il ne connaissait pas le fonctionnement de l’EPF et n’avait pas pensé à contacter le CAUE. Suite à nos recommandations, des conventions sont en cours de signature avec ces organismes. Nous continuons à suivre la commune et ses besoins qui émergeront », assure Salomé Deschênes, urbaniste pour UrbanVitaliz.
Avec pour objectif une centaine de sites suivis d’ici fin 2021, le service du Cerema est appelé à se développer en associant davantage les acteurs publics experts, voire en faire de véritables parties prenantes de la plateforme. À l’heure où l’objectif du zéro artificialisation nette (ZAN) d’ici 2050 devrait bientôt être gravé dans la loi, UrbanVitaliz arrive à point nommé pour aider les collectivités à gagner du terrain constructible. 
Accéder à la plateforme.







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