Fondé sur des prévisions « optimistes », le budget 2025 laisse « peu de marges de sécurité », selon le HCFP
Par A.W.
Le projet de budget de l'Etat pour 2025 est bâti sur des hypothèses de croissance « un peu optimistes » et offre « peu de marges de sécurité ». C’est ce qu’affirme le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) dans un avis, publié hier, alors que députés et sénateurs se réunissent aujourd’hui, en commission mixte paritaire (CMP), pour tenter de trouver un compromis sur le projet de loi de finances (PLF).
L’instance reconnaît, toutefois, que le PLF pour 2025 « amorcerait l'indispensable trajectoire de réduction du déficit ». Une « urgence », selon le HCFP, dont l’avis porte également sur le budget de la Sécurité sociale (PLFSS) qui vient de revenir à l’Assemblée.
Collectivités : le ralentissement des dépenses « pas acquis » pour 2025
La prévision de réduction du déficit, fixée à 5,4 points du PIB en 2025 (contre 6 points en 2024) par le gouvernement, laisse ainsi « peu de marges de sécurité » puisqu’elle repose sur « des mesures à confirmer dans le cadre du débat parlementaire en cours ».
Pour le Haut Conseil, cette trajectoire est fondée sur « des hypothèses macroéconomiques un peu optimistes » et sur des mesures d’économies « partiellement documentées ». Elle repose également sur la « forte maîtrise des dépenses d'assurance-maladie » et le « net ralentissement des dépenses des collectivités locales », deux objectifs qui ne sont « pas acquis » aux yeux de l’instance indépendante.
Sur ce dernier point, elle rappelle que le gouvernement prévoit « une hausse des dépenses de fonctionnement des collectivités locales de 2 % en valeur par rapport à 2024, soit 1 point de pourcentage de plus qu’au PLF initial (après 4,8 % en 2024 par rapport à 2023) et de 0,6 % en volume ». Le HCFP estime, d’ailleurs, que cette nouvelle prévision – qui tient compte de l’allègement de l’effort réclamé aux collectivités (passé de 5 à 2 milliards d’euros) – est « plus crédible que celle d’octobre dernier » .
Reste que toutes ces hypothèses devront être « étayées par des mesures plus efficaces que celles qui ont été déployées jusqu'à présent, ainsi que sur une gestion stricte des crédits de l'État », assure-t-il, prévenant que « le respect » de la réduction du déficit est un « impératif dans le contexte d’urgence lié au dérapage des finances publiques en 2023 et 2024 ».
« Il est indispensable que la France tienne son objectif de retour du déficit sous 3 points de PIB en 2029 », affirme ainsi le Haut Conseil qui enjoint le gouvernement à se tenir « prêt à prendre les dispositions nécessaires en cas de moins-values de recettes ou de dérapage de certaines dépenses en cours d’année ».
En 2024, l’investissement local revu à la baisse
Sur ce point, on peut rappeler qu’à l’automne dernier, l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait mis sur le dos des collectivités – et de leurs « dépenses dynamiques » – la nouvelle dégradation du déficit, en les accusant de faire dériver les comptes publics de « 16 milliards d’euros » en 2024.
Des chiffres déjà jugés « fallacieux » par les associations d’élus et remis en cause par les parlementaires à l’époque.
Or il s’avère, selon le Haut Conseil, que la prévision de dépenses du pays est en train d’être revue à la baisse par rapport à celle d’octobre. Et cela en raison principalement de dépenses d’investissement des collectivités locales « moins élevées qu’anticipé ». Leurs comptes complets ne seront, cependant, connus qu’en mars prochain.
Résultat, « le ralentissement plus fort que prévu » de leur investissement au second semestre 2024 a ainsi conduit à abaisser de 3,6 milliards d’euros la prévision des dépenses locales.
On peut également noter que le Haut Conseil estime que la prévision de croissance du PIB pour 2025 (+ 0,9 %) par l’exécutif est « atteignable », mais reste « supérieure à celle du consensus des économistes (+ 0,7%) » et « un peu optimiste au vu des indicateurs conjoncturels les plus récents ».
De son côté, l'Insee table sur une hausse « modeste » de 0,2 % du PIB au premier trimestre 2025 et sur une croissance nulle au quatrième trimestre 2024, dans une note publiée ce matin.
Des chiffres en net ralentissement alors que le reflux de l'inflation devrait se poursuivre, l'Insee présageant sa hausse à 1 % sur un an en juin, quand le gouvernement la voit à 1,4 %. Là aussi, « un peu élevée », selon le Haut Conseil des finances publiques.
Budget 2025 : des négociations « en cours »
Depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, l’été dernier, l’incertitude politique pèse sur la croissance et se double d'une crise budgétaire puisque le pays est sans budget pour l’année 2025 du fait de la chute du gouvernement Barnier en décembre dernier. Et le nouvel exécutif, dirigé par François Bayrou, est toujours en négociation avec les socialistes pour faire passer un budget et ainsi éviter la censure.
Alors que la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale a rejeté, hier soir, sans incidence pour l’heure, le projet de budget 2025 de la Sécu (PLFSS), c'est au tour de la commission mixte paritaire de se réunir aujourd’hui pour trouver un texte de compromis sur le PLF. Pour rappel, ce texte avait été amendé par le Sénat qui a adopté, la semaine dernière, un projet de budget qui allégerait l'effort demandé aux collectivités, débloquerait des aides pour la reconstruction en outre-mer et mettrait notamment en place un fonds territorial climat.
La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a assuré, hier, que des négociations étaient bien « en cours » entre les députés et les sénateurs qui se réuniront cet après-midi dans le cadre de la CMP. Une nouvelle étape avant l’adoption définitive d’un budget pour 2025, qui reste encore hypothétique à l’heure actuelle.
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