Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 10 novembre 2021
Gouvernement

Chômage, retraites, travail et nucléaire : ce qu'a annoncé Emmanuel Macron

En dehors de ses annonces sur la lutte contre l'épidémie, le chef de l'État a évoqué hier la situation économique et les mesures que le gouvernement va prendre, ou ne pas prendre dans l'immédiat, notamment sur la question du chômage. 

Par Franck Lemarc

Contrairement à ses précédentes allocutions solennelles, le chef de l’État n’a pas consacré la totalité de son intervention au covid-19 : environ la moitié de son discours a été consacrée à la situation économique et sociale. En partie pour se féliciter des « bons résultats »  de la politique du « quoi qu’il en coûte », et en partie pour annoncer « de nouvelles décisions ». 

Chômage : durcissement des règles

Emmanuel Macron a confirmé que les PGE (prêts garantis par l’État) seraient prolongés jusqu’au mois de juin prochain, et rappelé les mesures de « soutien »  aux soignants et au système hospitalier : il a notamment mentionné les « 500 établissements hospitaliers »  et « les milliers de maisons de retraite »  qui vont être « restaurés et rénovés ». La France est aujourd’hui « en tête des grandes économiques européennes »  en matière de croissance, s’est réjoui le chef de l’État, et le déficit sera « inférieur à 5 % de notre PIB dès cette année »  – ce qui est tout de même, il faut le rappeler, deux points au-dessus de la règle d’or européenne. 

Cette situation doit néanmoins être « consolidée », et pour cela, « de nouvelles décisions », « de grandes décisions »  sont à prendre, a poursuivi Emmanuel Macron. En particulier sur la question du chômage : alors que « notre économie crée des emplois comme jamais », les entrepreneurs « peinent à recruter dans des secteurs comme la restauration, le BTP, les services, l’artisanat ou l’industrie ». Cela « heurte le bon sens », a asséné le président de la République, qui souhaite agir pour que « toutes les offres d’emploi soient pourvues ». 

Emmanuel Macron a voulu balayer d’avance les arguments selon lesquels les difficultés à recruter de ces secteurs seraient dues à de trop faibles rémunérations : « Le travail paye mieux », a-t-il expliqué, entre prime d’activité, « défiscalisation des heures supplémentaires et des pourboires, et baisses d’impôt inédites ». Il a chiffré à « 170 euros par mois »  le pouvoir d’achat supplémentaire gagné par les bas salaires depuis cinq ans – affirmation dans laquelle beaucoup des principaux intéressés et de syndicats ne se retrouvent pas. 

Emmanuel Macron a clairement voulu mettre l’accent sur un manque de motivation de certains chômeurs à rechercher du travail. Il a annoncé « une nouvelle étape »  de la réforme de l’Assurance chômage : « À partir du 1er décembre de cette année, (…) il faudra avoir travaillé au moins 6 mois dans les deux dernières années pour pouvoir être indemnisé, alors qu’aujourd’hui les droits au chômage sont ouverts au bout de quatre mois de travail. »  Et par ailleurs, « les demandeurs d’emplois qui ne démontreront pas une recherche active verront leurs allocations suspendues ». Ce dernier point ne représente pas une annonce à proprement parler, puisque ce dispositif existe déjà, mais le fait d’en parler annonce probablement un durcissement des contrôles à venir du côté de Pôle emploi. 

Toujours sur le terrain social, enfin, le chef de l’État a officialisé l’abandon provisoire de la réforme des retraites (« les conditions ne sont pas réunies pour relancer aujourd’hui ce chantier » ), tout en annonçant ses intentions pour l’avenir – passant à ce moment davantage à un discours de futur candidat. Il estime que « dès 2022 », il faudra « travailler plus longtemps en repoussant l’âge légal », « supprimer les régimes spéciaux et harmoniser les règles entre public et privé », faire en sorte qu’aucune retraite, au terme d’une carrière complète, ne puisse être inférieure à 1000 euros. 

Relance de la construction de centrales nucléaires

Répété à 18 reprises dans une allocution de 27 minutes, le terme de « travail »  apparaît déjà comme le maître-mot de la future campagne du candidat Macron, qui a une fois encore exprimé le souhait de relocaliser le plus possible de productions en France, non seulement pour faire « revenir le travail »  mais pour garantir « plus d’indépendance »  à la France. 

Autre annonce marquante de ce discours : en réponse à la hausse du prix de l’énergie, due en grande partie à la dépendance de la France au marché international sur cette matière, le chef de l’État veut « continuer d’investir dans la production d’énergie décarbonée sur notre sol ». À cette fin, « pour la première fois depuis des décennies », la construction de centrales nucléaires en France va être « relancée », parallèlement au développement des énergies renouvelables. 

À peine deux semaines après la publication du dernier rapport de RTE sur le mix énergétique (lire Maire info du 27 octobre), rapport qui posait sur la table plusieurs scénarios en matière de production d’énergie, Emmanuel Macron a donc fait son choix, et se refuse à engager le pays sur la voie d’un renoncement au nucléaire.

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