Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 5 novembre 2021
Crise sanitaire

Inquiétante flambée de l'épidémie dans toute l'Europe

L'Organisation mondiale de la santé s'inquiète du rythme « très préoccupant » de la reprise de l'épidémie en Europe. Si la France est encore relativement épargnée, les taux d'incidences flambent chez nos voisins. 

Par Franck Lemarc

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« L’Europe est de nouveau l’épicentre mondial »  de l’épidémie de covid-19. C’est le constat peu réjouissant dressé hier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui craint « un demi-million de morts supplémentaires »  sur le continent dans les trois mois qui viennent. 

Flambée en Europe de l’est

Le chiffre du nombre de morts de l’épidémie de covid-19 vient de passer le cap des cinq millions. Cinq millions de morts, dus à une maladie inconnue il y a encore vingt mois, et que d’aucuns qualifiaient, au départ, de « simple grippette ». Ce chiffre effrayant n’est hélas, semble-t-il, pas le dernier, et l’Europe est aujourd’hui confrontée à une nouvelle vague. Certes, celle-ci ne se voit pas encore, ou presque pas, en France, malgré une nette tendance à la hausse ces derniers jours. Mais il suffit de franchir les frontières nord et est du pays pour retrouver, à nouveau, des taux d’incidence très élevés.

En France, le taux d’incidence à l’échelle nationale a repassé tout récemment le seuil d’alerte de 50 cas pour 100 000 habitants. Mais en Allemagne, il dépasse aujourd’hui les 153 – avec des pointes à plus de 600 dans certaines régions comme la Bavière. Le nombre de personnes infectées augmente de 25 % par semaine, outre-Rhin, depuis la mi-octobre, et le pays a enregistré hier presque 34 000 cas supplémentaires, ce qui constitue un record depuis le début de l’épidémie. 

Plusieurs pays du continent européen ont également dépassé ces derniers jours tous les pics épidémiques enregistrés lors des précédentes vagues. C’est le cas de la Croatie, de la Slovénie, de la Grèce, de la Slovaquie, de l’Estonie et de la Russie. D’autres pays comme la Bulgarie, la Biélorussie ou l’Ukraine, sont entre 95 % et 99 % de leur pic précédent, et l’épidémie gagne. 

En comparaison, la France est très loin de son pic de contaminations : avec environ 6000 contaminations par jour, elle est à 11 % du maximum atteint lors de la seconde vague (66 000 contaminations en un jour). Cette situation alarme l’OMS qui note qu’à l’échelle européenne, les hospitalisations liées au covid-19 ont « plus que doublé en une semaine »  et que depuis sept semaines, le nombre de décès quotidiens est à nouveau en hausse (environ 3 600 décès quotidiens sur le continent ». 

L’OMS explique cette nouvelle flambée par « une vaccination insuffisante »  et un moindre respect des gestes barrières. Il faut encore et toujours rappeler que si la vaccination limite drastiquement le risque de développer une forme grave de la maladie, elle n’empêche pas de l’attraper – et de la transmettre ensuite, potentiellement, à des personnes à risque. Le gouvernement a de surcroît rappelé hier que 1,2 million de personnes âgées de plus de 65 ans n’étaient pas vaccinées en France, et sont autant de victimes potentielles du covid-19. Un chiffre qui permet de comprendre pourquoi, à l’échelle européenne, l’OMS dit craindre plusieurs centaines de milliers de décès cet hiver. 

La loi Vigilance sanitaire définitivement adoptée

Pendant ce temps, en France, le projet de loi « Vigilance sanitaire »  a terminé son parcours parlementaire. Comme prévu (lire Maire info d’hier), le Sénat a rejeté sans discussion le texte, en adoptant à une très large majorité une motion de rejet présentée par le sénateur LR de la Manche, Philippe Bas. Ce dernier a eu des mots très durs, en séance, pour le gouvernement et la majorité à l’Assemblée nationale. « Nous ne pouvons pas continuer à animer un débat rendu stérile par votre intransigeance. Le gouvernement largue les amarres du respect de l'État de droit et s'affranchit du contrôle parlementaire. Nous ne pouvons que rejeter dès à présent vos propositions. »  Les autres oppositions n’ont pas été plus tendres, à l’image du socialiste Jean-Yves Lecomte : « Nous déplorons le refus de débattre de l'Assemblée nationale. La ministre elle-même ne sait rien des arbitrages présidentiels, c’est terrifiant sur un sujet qui nécessiterait l’adhésion de toute la population » . Pour Guy Benarroche (EELV), « une fois de plus le gouvernement veut faire cavalier seul, sans concertation. Prenez vos responsabilités et passez en force, ou écoutez-nous. » 

Le gouvernement a décidé de « passer en force » : ce matin, vers 10 h 30, le texte du gouvernement, expurgé de quasiment toutes les propositions du Sénat, a été adopté définitivement par 118 voix contre 89. 

Ce texte ne sera, néanmoins, pas promulgué tout de suite : hier, les sénateurs LR ont annoncé qu’ils déposeraient dès aujourd’hui un recours devant le Conseil constitutionnel « pour s'assurer de la constitutionnalité de certaines dispositions qui nous paraissent attentatoires aux droits et libertés fondamentales ». La course contre la montre est lancée : il ne reste plus que 10 jours avant la fin officielle de l’usage du pass sanitaire prévue par la loi du 5 août.

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