Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 8 octobre 2021
Collectivités locales

L'affichage papier des actes des communes de plus de 3 500 habitants ne sera bientôt plus obligatoire

Jacqueline Gourault, ministre chargée des collectivités locales, a présenté hier, en Conseil des ministres, l'ordonnance relative à la publicité et la conservation des actes pris par les collectivités territoriales. Ce texte vise à « simplifier et harmoniser » le droit, en supprimant notamment l'obligation de publication sur papier des actes. 

Par Franck Lemarc

Ce projet d’ordonnance est né de l’article 78 de la loi Engagement et proximité, qui permet au gouvernement de « modifier les règles relatives à la publicité des actes des collectivités territoriales et de leurs groupements, à leur entrée en vigueur, à leur conservation ainsi qu'au point de départ du délai de recours contentieux ». 

Contrairement à l’usage, l’ordonnance n’a pas été publiée au Journal officiel de ce matin, le lendemain du Conseil des ministres. Le texte définitif n’est donc pas encore disponible, mais la présentation faite par Jacqueline Gourault, en Conseil des ministres, ainsi que le compte-rendu des débats qui ont eu lieu sur ce sujet au Conseil national d’évaluation des normes (Cnen) permettent d’en connaître la teneur. 

L'ordonnance devra faire l'objet d'un projet de loi de ratification dans un délai de trois mois à compter de sa publication.

Simplification réelle

« Le droit actuel ne permet pas aux collectivités territoriales et à leurs groupements de recourir pleinement à la dématérialisation, les formalités de publicité devant obligatoirement être accomplies sous format papier », a expliqué le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, lors de la séance du Cnen du 9 septembre. L’un des principaux objets de l’ordonnance est de remédier à cette situation et de mettre fin à « la sédimentation du droit »  en la matière, qui « impose en effet de multiples obligations telles que la réalisation de comptes rendus, de procès-verbaux, mais également la tenue d’un recueil des actes administratifs, parfois génératrices de doublons ». Le texte vise également à harmoniser le droit de façon à supprimer « les régimes spécifiques pour chaque échelon territorial ». 

Le texte apporte un certain nombre de simplifications bien réelles : en particulier, il supprime l’obligation de compte rendu des séances du conseil municipal, qui pouvait parfois constituer un doublon avec le procès-verbal de séance. Sont également supprimées les obligations de tenir un recueil des actes administratifs (RAA) dans les communes, les départements, les régions et les EPCI, ainsi que l’insertion dans une publication locale des « actes relatifs aux interventions économiques et en particulier aux délégations de service public ».  

L’ordonnance clarifie, par ailleurs, le contenu du procès-verbal des assemblées délibérantes des collectivités locales et son mode de conservation : celui-ci devra désormais être publié « sous format électronique de façon permanente et gratuite », et un seul exemplaire papier devra être tenu à disposition de la population. 

Le texte fixe également « les modalités de tenue du registre des délibérations du conseil municipal ». 

Dématérialisation des actes

Par ailleurs, le texte consacre la dématérialisation de la publication des actes des départements, des régions, des EPCI à fiscalité propre et des communes de plus de 3500 habitants. En d’autres termes, dans ces collectivités, l’obligation d’affichage papier de ces actes est supprimée. Cette mesure paraît « raisonnable », a expliqué le ministère au Cnen, dans la mesure où « 98 % des communes concernées disposent d’un site internet ». 

Pour les communes de moins de 3 500 habitants, les syndicats de communes et les syndicats mixtes fermés, « qui disposent de moyens humains et techniques moindres », le libre choix sera laissé entre affichage papier et publication électronique. Le choix devra être validé par le conseil municipal en début de mandat, « mais pourra être modifié à tout moment ». 

Jacqueline Gourault a également précisé hier que « afin d’assurer l’information des citoyens ne disposant pas d’internet ou ne maîtrisant pas les outils numériques, la publication dématérialisée des actes est assortie pour toutes les collectivités locales concernées de l’obligation de les communiquer sur papier à toute personne qui en fait la demande ». 

Enfin, l’article 8 de l’ordonnance prévoit que les PLU et les ScoT (schémas de cohérence territoriaux) n’entreront en vigueur qu’à partir du moment où ils ont été publiés sur le portail national de l’urbanisme (GeoPortail). 

Ces dispositions entreront en vigueur le 1er juillet 2022.

Les élus entre satisfaction et « réserves » 

Au Cnen, les représentants des élus ont « salué »  la plupart de ces dispositions, qui ont fait l’objet d’une concertation « substantielle »  avec l’AMF en particulier. Ils ont toutefois relevé que la date du 1er juillet 2022 semble « prématurée », eu égard au fait qu’au moins « une cinquantaine »  de communes de plus de 3 500 habitants n'ont pas encore de site internet. Les élus ont donc demandé que le gouvernement tienne compte de cette situation et du fait que les communes ont des moyens en ingénierie « extrêmement disparates ». 

Les représentants des élus se sont montrés nettement moins enthousiastes sur l’article 8 du texte, concernant les modalités de publication des documents d’urbanisme, estimant que ces dispositions « ne doivent pas se faire au détriment de la sécurité juridique ». Si les élus estiment le versement des SCoT et des PLUI sur Geoportail ne pose pas de problème majeur, dans la mesure où ces documents sont portés par des structures « ayant à leur disposition une réelle ingénierie », il n’en va pas de même pour les PLU, portés par les communes. « Subordonner l’entrée en vigueur de ces derniers à leur versement sur le Géoportail apparaît déraisonnable au regard des réalités territoriales », ont jugé les élus, qui ont donc donné un avis défavorable à cette disposition. Les représentants des élus souhaitent que l’entrée en vigueur des documents d’urbanisme « reste conditionnée à leur publication par voie d’affichage »  ou leur transmission à l’État. 

En l’absence de publication du texte au Journal officiel, ce matin, il n’est pas encore possible de dire ce qui reste exactement de ces dispositions dans l’ordonnance finale. Toutefois, les déclarations de Jacqueline Gourault, dans le compte rendu officiel du Conseil des ministres d’hier, laissent peu de place au doute : les élus n’ont pas été entendus sur ce point. La ministre a en effet déclaré : « Les plans locaux d’urbanisme (…) devront désormais être publiés sur le portail national de l’urbanisme en ligne pour entrer en vigueur ». Elle a toutefois ajouté : « La publication selon les modalités classiques (demeurera) possible en cas de difficulté technique avérée. » 

Il faut maintenant attendre la publication de l’ordonnance pour en savoir plus. Maire info reviendra alors sur ce dossier. 

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