Maire-info
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Édition du mercredi 7 juillet 2021
Polices municipales

Les policiers municipaux s'estiment « foulés au pied »

Les principaux syndicats de policiers municipaux ont adressé, lundi, un courrier au ministre de l'Intérieur pour exiger « une amélioration des conditions de travail et de rémunération », assortie de la menace d'une mobilisation « dans la rue » à la rentrée. 

Par Franck Lemarc

C’est sans doute le signe le plus fort de l’absence de dialogue entre l’État et les organisations syndicales représentant les policiers municipaux : cela fait très exactement deux ans, depuis le 9 juillet 2019, que la Commission consultative des polices municipales (CCPM), alors présidée par le maire de Nice Christian Estrosi, ne s’est pas réunie. Alors qu’elle est censée le faire deux fois par an. La CCPM n’a d’ailleurs même plus de président, depuis que l'élection de Christian Estrosi a été annulée par le tribunal administratif de Paris en avril 2020.

Ministre « inaccessible » 

Dans leur courrier adressé au ministre de l’Intérieur – et dont une copie a également été adressée au président de l’AMF, François Baroin – la CFDT, la CGT, l’Unsa et la FA Territoriale dénoncent ensemble « l’immobilisme »  des pouvoirs publics, dans un contexte où les policiers municipaux sont plus sollicités que jamais, entre la menace terroriste et la pandémie, et alors que « la loi sur la sécurité globale a une fois de plus élargi sans compensation financière les pouvoirs des policiers municipaux et gardes champêtres ». 

L’agression au couteau d’une policière municipale à la Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes, le 28 mai dernier, est pour les syndicats une nouvelle preuve « du haut niveau d’exposition aux risques physiques et psychologiques »  des policiers municipaux. Les signataires du courrier estiment également que « jamais les policiers municipaux et gardes champêtres n’ont autant été victimes d’agressions physiques ». 

Dans ce contexte, plusieurs responsables syndicaux dénoncent le manque total de dialogue avec le ministère de l’Intérieur, jugeant le ministre Gérald Darmanin « totalement inaccessible ». Aucune discussion concrète n’a été engagée, depuis un an que l’ancien maire de Tourcoing est installé place Beauvau, « ni sur les carrières ni sur les rémunérations ». Pour dénoncer cette situation, les syndicats appellent tous les policiers municipaux à envoyer, à partir d’aujourd’hui, une « carte postale »  à Gérald Darmanin « pour se rappeler à son bon souvenir ». Avant d’organiser, à la rentrée, « une semaine de rassemblement ». 

Bien que « par nature obéissants », les policiers municipaux ne « supporteront pas plus longtemps d’être foulés au pied par les décideur publics », menacent les syndicats dans leur courrier, en rappelant, pour mémoire, que c’est « dans la rue »  que les policiers municipaux avaient « arraché la sauvegarde de leur cadre d’emploi »  en 1998. « Ne doutez pas », préviennent-ils le ministre de l’Intérieur, que si leurs revendications ne sont pas entendues, « ils descendront dans la rue pour manifester leur fort mécontentement ». 

Beauvau de la sécurité

Rappelons qu’au moment de l’organisation du Beauvau de la sécurité, le gouvernement n’avait ni prévu d’y inviter les représentants des policiers municipaux ni même de consacrer une table ronde à la question des polices municipales, avant que l’AMF n’intervienne sur ce point et insiste sur la nécessité de consacrer un temps d'échange sur la place des polices municipales dans le continuum de sécurité.

Cela paraît donc d’autant plus étonnant que le gouvernement ne cesse de mettre en avant, depuis deux ans, ce « continuum de sécurité »  entre forces de l’ordre nationales et polices municipales.

Au-delà des revendications des policiers municipaux, de nombreuses questions posées y compris par les associations d’élus restent actuellement en suspens, notamment sur la formation et le recrutement des policiers municipaux, et leur coordination avec les forces de sécurité intérieure, dans un contexte de forte augmentation des effectifs et de pénurie grandissante d’agents. Une situation qui ne devrait pas s’arranger avec, à l’automne prochain, la création annoncée de la police municipale de Paris, qui devrait compter au final quelque 5 000 agents. 

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