Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 21 avril 2021
Coronavirus

L'AMF demande que les conditions d'organisation de la rentrée soient communiquées au plus vite

Conditions de la rentrée scolaire, nouvelles professions appelées à se faire vacciner « en priorité », Conseil de défense, restrictions de déplacements internationaux... Le point sur l'actualité covid-19 du jour. 

Par Franck Lemarc

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Alors qu’un nouveau Conseil de défense se tient ce matin à l’Élysée, consacré notamment à l’organisation de la rentrée scolaire et au calendrier de la levée des restrictions, les maires s’inquiètent du manque d’information concernant la rentrée scolaire : à cinq jours de celle-ci, aucune information officielle n’a, pour le moment, été donnée, en dépit d'une première réunion organisée par le cabinet de Jean-Michel Blanquer, hier, avec des associations d'élus.

Rentrée scolaire

« Il ne serait pas acceptable »  que les conditions d’organisation de la rentrée soient communiquées aux maires « seulement vendredi, leur laissant seulement le weekend pour organiser la rentrée scolaire, comme cela a été le cas à de trop nombreuses reprises ». C’est le message ferme qu’a fait passer hier soir l’AMF, après une réunion de sa commission Éducation. Alors que les crèches, maternelles et écoles élémentaires doivent rouvrir leurs portes lundi prochain (26 avril), les élus ne savent toujours pas dans quelles conditions les enfants vont devoir être accueillis. 
L’AMF appelle d’abord au retour de « tous les enfants »  dand les établissements, « compte tenu des risques d’accroissement des inégalités sociales et territoriales et de la nécessité de préserver la santé et le bien-être des enfants ». Elle souhaite également que le protocole sanitaire ne soit pas une nouvelle fois modifié, comme il l’a été déjà à maintes reprises, ce qui a engendré « des impacts organisationnels et financiers parfois difficiles ». 
Autre point d’attention : l’éventuelle mise en place de purificateurs d’air et de capteurs de CO2 – qui permettent de mesurer la concentration en gaz carbonique dans l’air et alertent les professeurs lorsqu’il faut aérer. Plusieurs syndicats enseignants ont lancé une pétition pour exiger l’installation de ces appareils dans les classes – demande relayée par certains partis politiques. Problème : ces équipements sont onéreux et l’État n’a pas mis un centime sur la table pour aider à leur acquisition. Par exemple, le maire de Mornans, dans la Drôme, a témoigné dans la presse d’une facture de 10 000 euros pour l’achat par sa commune de sept purificateurs d’air.
L’AMF estime, dans ces conditions, qu’il n’est « pas souhaitable »  que l’achat de ces appareils soit imposé, vu le « coût d’investissement conséquent ». 
En outre, l’association réitère sa demande de vaccination « au plus tôt »  de tous les personnels travaillant auprès des enfants, « sans conditions d’âge ». Rappelons que pour l’instant, seuls les personnels de plus de 55 ans ont droit à la vaccination, avec des créneaux prioritaires ouverts pour certains d’entre eux (enseignants, Atsem, AESH) mais par pour tous, les agents des cantines ou animateurs périscolaires étant exclus de la liste. L’AMF demande également « un accès facilité à la campagne de dépistage par tests salivaires pour les communes volontaires »  et attend toujours les précisions du ministère de l’Éducation nationale sur le déploiement des autotests pour les personnels des écoles. 

Enfin, l’AMF demande l’établissement rapide d’une concertation sur les conditions d’organisation des vacances d’été et de la reconduction des dispositifs mis en place en 2020.

Nouvelles professions prioritaires… mais pas dans la fonction publique territoriale ?

Annonce importante faite hier par le ministère du Travail : les fameux « créneaux prioritaires »  ouverts dans un certain nombre de centres de vaccination vont être étendus à de nouvelles professions. Après les personnels en lien avec les enfants (en partie), les gendarmes, les policiers nationaux et municipaux, ce sont 400 000 personnes de plus, exerçant une vingtaine de métiers, qui vont pouvoir accéder à ces créneaux prioritaires. Les critères retenus sont : le fait d’exercer en milieu clos, d’avoir une activité qui rend difficile le respect des gestes barrières ou d’exercer une profession identifiée à risques par l’Institut Pasteur. 
Plusieurs de ces professions pourraient concerner directement des agents des collectivités territoriales, en particulier : les chauffeurs et contrôleurs de transports en commun, les agents de nettoyage, les agents de ramassage des déchets et de centres de tri des déchets. Les autres professions visées sont tous les conducteurs routiers, livreurs, chauffeurs de taxi et de VTC, les agents d’entretien, de gardiennage et de sécurité, les employés des commerces d’alimentation (caissiers, vendeurs, patrons), les professionnels des pompes funèbres et les ouvriers non qualifiés de l’industrie agroalimentaire, notamment des abattoirs.
Sauf qu’il semble bien, à la lecture du communiqué de presse du ministère du Travail, que les agents des collectivités ne sont pas concernés par cette mesure, puisqu’à deux reprises, le communiqué parle de « professionnels du secteur privé ». Un travailleur d’une déchetterie employé par une entreprise privée, en délégation de service public, pourrait donc être prioritaire pour la vaccination, et pas le même travailleur s’il est employé en régie ? Le ministère du Travail et celui de la Transformation et de la Fonction publiques, que Maire info a interrogés ce matin, n’ont pour l’instant pas répondu à cette question.  
Si c’était le cas, on toucherait du doigt, encore une fois, le caractère parfois abscons des mesures décidées. Tout comme, du reste, sur le fait que les caissières et les vendeurs de produits alimentaires dans le commerce sont donc « prioritaires » … mais pas les agents des collectivités territoriales travaillant dans les cantines scolaires. Comprenne qui pourra.

Assignations à résidence

En dehors de la question de la rentrée scolaire, le Conseil de défense réuni ce matin se penchera sur celle de la levée des mesures de restriction, qui pourrait intervenir en mai, et peut-être de façon « territorialisée », comme l’a laissé entendre, hier, le ministre Olivier Véran. Par ailleurs, le Conseil examinera la problématique de la mise en place d’une quarantaine obligatoire de dix jours pour les passagers en provenance de certains pays d’Amérique du sud et de la Guyane. Cette quarantaine devrait prendre effet à partir de samedi prochain, et elle n’est pas sans poser de sérieux problèmes juridiques, dans la mesure où elle s’assimile à une assignation à résidence, sans qu’aucun délit ait été commis. L’obligation d’isolement sera prononcée à chaque personne individuellement, par un arrêté préfectoral nominatif, ce qui promet des complications administratives inédites. 
Le gouvernement va également devoir étudier le problème des « trous dans la raquette »  du dispositif, puisque pour l’instant, les vols en provenance de pays comme le Brésil sont suspendus, mais qu’en revanche des voyageurs peuvent parfaitement venir du Brésil vers la France en transitant par la Suisse ou les Pays-Bas. 
Enfin, il est question de calquer les mêmes mesures pour les voyageurs venus d’Inde, où la progression du virus, et en particulier d’un nouveau variant, est fulgurante : entre le 7 et le 20 avril, ce sont 2,5 millions de cas qui ont été identifiés en Inde, contre « seulement »  940 000 au Brésil, considéré pourtant ces dernières semaines comme le pays le plus touché par l’épidémie.

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