Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 5 mars 2021
Coronavirus

Tout comprendre sur la campagne de vaccination et son évolution

À chaque jour sa nouvelle annonce sur les vaccins. Au point qu'il devient difficile de s'y retrouver. Comment va s'organiser « l'accélération » promise hier par Jean Castex ? Qui a droit au vaccin et où ? Qui a le droit de vacciner à ce jour ? Le point complet sur le dossier vaccination.
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« Nous sommes entrés dans une course contre la montre contre l’épidémie. La progression des livraisons va nous permettre de faire monter fortement en puissance la vaccination. »  L’enjeu a été clairement posé par le Premier ministre, hier soir. Et depuis le début de la semaine, le gouvernement communique sur le fait que la campagne de vaccination va maintenant passer au « haut débit ». 

Qui peut se faire vacciner, et où ?

D’annonce en annonce, le champ des personnes ayant droit à la vaccination s’élargit. Alors que la campagne a commencé, fin décembre, uniquement vis-à-vis des personnes de plus de 75 ans, le public qui a droit à la vaccination est à présent beaucoup plus large. 
Peuvent dont être vaccinées, à ce jour (toujours au volontariat) : 

• Toutes les personnes de 75 ans et plus. Celles qui vivent en Ehpad se font vacciner dans l’établissement ; celles qui vivent à domicile peuvent prendre rendez-vous dans un des 1270 centres de vaccination en activité. Selon les informations délivrées hier par le ministère de la Santé à l’AMF, ces centres délivrent environ 84 rendez-vous par jour en moyenne. Ces personnes sont vaccinées avec les produits Pfizer BioNTech et Moderna.

• Les personnes âgées de 50 à 74 ans atteintes de facteurs de comorbidité (obésité, cancer depuis moins de trois ans, insuffisance cardiaque, diabète non maîtrisé…). Les autorités sanitaires ont élargi, cette semaine, la liste de ces facteurs en y intégrant notamment les maladies chroniques du foie. Ce public est vacciné avec le produit AstraZeneca, seulement chez les médecins de ville pour l’instant. 

• Les personnes de moins de 50 ans présentant une pathologie « à très haut risque de forme grave de covid-19 » : cancer en cours de traitement, maladies rénales chroniques sévères, transplantation, polypathologie (au moins deux insuffisances d’organes), trisomie 21… Ces personnes peuvent se faire vacciner en centres de vaccination, où elles sont prioritaires, ou chez leur médecin traitant. 

• L’ensemble des professionnels de santé, « quel que soit leur âge »  – comme l’a clairement précisé le Premier ministre début février. Médecins, infirmiers, sages-femmes, aides-soignants, aides à domicile, tous les professionnels sont concernés et peuvent recevoir le vaccin AstraZeneca. 

Qu’est-ce qui va changer dans les prochains jours ?

La vaccination va pouvoir être effectuée par les sages-femmes, les pharmaciens et les infirmiers. Le décret qui le permet a été publié ce matin. Il dispose que les sages-femmes peuvent prescrire et administrer le vaccin « aux femmes et à l'entourage de la femme enceinte et de l'enfant pendant la période postnatale ». Les pharmaciens d’officine et les infirmiers peuvent prescrire et administrer le vaccin à toute personne en dehors des femmes enceintes (pour les seuls pharmaciens) et des patients souffrant d’allergie à l’un des composants du vaccin.
Ce décret est d’application immédiate. Ces professionnels peuvent donc en théorie commencer à vacciner les publics autorisés dès maintenant, mais les modalités concrètes, a indiqué hier Jean Castex, seront « précisées la semaine prochaine ». 
Le démarrage effectif de cette nouvelle phase dépend des livraisons de vaccins AstraZeneca. Le Premier ministre a déclaré hier que cette vaccination par les pharmaciens commencera le 15 mars pour les personnes de plus de 50 ans atteintes de comorbidités.
Par ailleurs, le gouvernement accélère le calendrier pour les personnes de 50 à 74 ans sans pathologies particulières : alors que la campagne, pour ce public, ne devait commencer qu’en mai, Jean Castex a promis hier qu’elle débuterait « mi-avril ». 
Aucune date n’a été annoncée pour l’ouverture de la vaccination au reste de la population, c’est-à-dire les personnes de moins de 50 ans sans pathologie. Jean Castex a néanmoins fixé un cap, hier : 20 millions de personnes vaccinées mi-mai, et « 30 millions d’ici l’été, soit les deux tiers de la population adulte ». 
Il est à noter qu’hier, le Premier ministre comme le ministre de la Santé ont insisté sur la nécessité, pour les soignants, de se faire vacciner. Balayant les réticences éventuelles de ces derniers, Jean Castex a déclaré que le nombre « insuffisant »  de soignants vaccinés était « anormal », et « compromet notre capacité à lutter efficacement contre le virus ». Le ministre de la Santé, quant à lui, a clairement laissé entendre que si les chiffres restent insuffisants, le gouvernement pourrait prendre des mesures pour rendre la vaccination obligatoire pour les soignants.

Quel est le plan de livraisons ?

Ces prévisions sont naturellement suspendues au respect des délais de livraison par les industriels – Jean Castex l’a rappelé hier. 
Où en est-on ? La France doit recevoir, en mars, 10 millions de doses de l’un des trois vaccins autorisés à ce jour, ce qui est plus, en un mois, que tout ce qu’elle a reçu depuis début janvier (6,6 millions de doses à ce jour). En avril, ce sont 14 millions de doses qui doivent être livrées. Si le vaccin de Johnson & Johnson est bien autorisé d’ici là, mi-mars, il est également prévu la livraison de 2,7 millions de doses de ce produit. 
Ces prévisions permettent d’espérer d’atteindre des objectifs ambitieux. En mars, quelque 1,8 million de doses devraient être livrées chaque semaine, ce qui devrait permettre de parvenir à 60 %, selon les objectifs du gouvernement, la vaccination des plus de 75 ans vivant à domicile. En avril, les 4 millions de doses prévues chaque semaine seront en grande partie distribuées chez les généralistes, dans les plus de 20 000 pharmacies d’officine, ou auprès d'infirmiers volontaires. 

Le retour des vaccinodromes ?

Dans les centres de vaccination, le gouvernement veut également accélérer la cadence. Le Premier ministre a demandé que dès ce week-end, dans les 22 départements sous surveillance, les centres de vaccination restent ouverts même le dimanche – ce qui est tout de même plus difficile à faire qu’à dire. 
L’objectif du gouvernement est d’ouvrir 2,4 millions de rendez-vous dans les centres de vaccination au mois de mars. C’est deux fois plus que la capacité actuelle. Le ministère a indiqué à l’AMF, hier, que les préfets allaient incessamment entrer en contact avec les élus pour étudier les moyens permettant de monter en charge. Une idée est à l’étude : celle de créer des très gros centres, capables de pratiquer plus de 1 000 injections par jour (à comparer aux 84 rendez-vous quotidiens, en moyenne, aujourd’hui). Cela s’appelle des vaccinodromes, et nombreux sont les maires qui alertent depuis longtemps le gouvernement sur la nécessité de préparer au plus vite l’étape de la généralisation de la vaccination … jusque-là en vain. 

Franck Lemarc

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