Maire-info
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Édition du mercredi 18 novembre 2020
Coronavirus

La reprise de l'économie française sera moins forte que prévu l'an prochain

Le rebond de l’économie sera moins fort qu’espéré l’an prochain, a reconnu mardi le gouvernement, car la croissance restera freinée par l’impact du reconfinement et la nécessité de maintenir encore des restrictions sanitaires pendant de longs mois.
Désormais, la croissance est attendue à 6 % l’an prochain contre 8 % auparavant, après une chute historique de 11 % du PIB attendue cette année, a annoncé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire lors d’une conférence de presse.
Cette hypothèse repose sur trois éléments sanitaires : « Un ralentissement de l’activité économique de l’ordre de 12 % »  en novembre avec le reconfinement, « le maintien de règles sanitaires dans les mois qui viennent pour prévenir la reprise de l’épidémie »  et « qu’il n’y aurait pas de troisième confinement en France en 2021 », a expliqué le ministre. Cette nouvelle prévision sera intégrée au projet de loi de finances pour 2021, actuellement en discussion au Parlement.
« La temporalité de la crise a changé par rapport à la représentation qu’on pouvait s’en faire au départ, qui était celle d’un choc considérable mais ponctuel au printemps suivi d’une reprise vive au début et plus progressive ensuite », avait estimé dans la matinée Julien Pouget, responsable du département de la conjoncture à l’Insee, en présentant la dernière note de conjoncture de l’institut. « On s’attend maintenant à ce que l’économie et la situation sanitaire aient partie liée au moins jusqu’à la mi-2021 », avait-il ajouté.
Face à une reprise économique moins forte que prévu et au maintien de restrictions sanitaires sur la durée, certains secteurs risquent de subir encore longtemps les conséquences de la crise, comme l’hôtellerie-restauration ou les clubs sportifs.
Sur le seul mois de novembre l’activité devrait se contracter de 13 % selon l’Insee, mais la chute est de 60 % pour l’hébergement-restauration et 40 % pour les services aux ménages qui incluent les activités de loisirs.

Nouvelles aides
Si le ministre n’a pas débouché l’horizon de ces professionnels en évoquant une date de réouverture, il a assuré que le gouvernement prolongerait son soutien. Ces nouveaux moyens seront intégrés à la loi de finances pour 2021 mais détaillés ultérieurement car le gouvernement y travaille encore, a indiqué Bruno Le Maire.
Outre le chômage partiel ou les exonérations de charges, il a évoqué une modification du fonds de solidarité qui pourrait permettre aux entreprises de choisir une « prise en charge des pertes d’exploitation »  selon « un pourcentage qui reste encore à déterminer », plutôt que les 10 000 euros proposés actuellement.
Le dispositif de soutien aux fonds propres des entreprises, jugé insuffisant par de nombreux économistes, devrait être renforcé. Le gouvernement prévoit des prêts participatifs à échéance de 8 ans (contre 7 ans envisagé jusqu’ici), associés à une garantie publique, ce qui doit encore recevoir l’aval de Bruxelles.
« Nous ajusterons la garantie de l’État à la demande », a assuré Bruno Le Maire, alors qu’il prévoit un maximum de 3 milliards d’euros pour un total de 20 milliards de prêts.
Même chose pour l’aide aux plus démunis, dont la crise accentue les difficultés : « Nous ferons ce qui sera nécessaire », a voulu rassurer le ministre, citant le RSA.

Plan de relance « indispensable » 
Ces mesures aggraveront les prévisions de déficit et de dette pour 2021 mais les nouvelles estimations ne seront connues que début décembre. Malgré tout, Bruno Le Maire espère toujours revenir d’ici à 2022 au niveau d’activité d’avant la crise. Mais ce retour sera « décalé à fin 2022 », a-t-il concédé.
Il compte en particulier sur le plan de relance pour y parvenir, malgré les critiques de l’opposition et d’économistes. Bruno Le Maire a réitéré sa défense d’une stratégie « complémentaire »  entre la relance qui vise à « inventer et promouvoir l’économie du XXIe siècle », et les mesures de protection prises ces derniers mois et encore existantes dans le budget pour 2021.
Estimant que les premières mesures du plan de relance rencontrent « un immense succès », notamment sur l’emploi des jeunes, l’apprentissage ou l’aide à la rénovation des logements, il a affirmé que « le plan de relance fonctionne, il est en cours d’accélération et il est indispensable ». (Marie Heuclin, AFP)

Télécharger la note de conjoncture de l’Insee.

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