Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 8 décembre 2022
Fonction publique

Jeunes et fonction publique : je t'aime, moi non plus ?

Une enquête du syndicat CFDT a permis de donner la parole à des jeunes travaillant dans la fonction publique. Elle pointe les forces et les faiblesses de celle-ci, ce qui ne manque pas d'intérêt pour comprendre le manque d'attractivité de la fonction publique en général, et de la FPT en particulier. Décryptage.

Par Emmanuelle Stroesser

Plus de huit jeunes sur dix travaillent dans la fonction publique par choix, mais seulement moins d’un tiers veut y faire carrière. Ce constat est issu de l’enquête « Focus jeunes »  réalisée chaque année par la CFDT, rendue publique mardi 6 décembre. Cette année, près d’un millier de jeunes de 16 à 30 ans, agents titulaires, contractuels, stagiaires, apprentis y ont répondu, entre octobre et novembre. Dont près d’un tiers issus de la fonction publique territoriale.

Ce constat illustre une tendance imparable : le manque d’attrait de la fonction publique. Il fait écho au constat dressé par les maires lors du dernier congrès de l'AMF, sur les difficultés de recrutement de jeunes agents. « Mais cette enquête conforte aussi notre sentiment – que si nous avons du mal à recruter, une fois les agents en place, ils restent, et cela est positif », réagit Murielle Fabre, secrétaire générale de l’AMF, maire de Lampertheim.

Autre tendance forte soulignée par l’enquête : les conditions de travail difficiles, voire une surcharge. Près de la moitié des jeunes interrogées en font état. Tout comme d’une dégradation des conditions de travail depuis leur entrée dans la fonction publique, pour près de six sur dix. Ils regrettent pour 66,4 % d’entre eux de ne pas avoir les moyens humains et financiers pour réaliser leurs missions. « Cela ne nous surprend pas. Les élus l’expliquent bien et le savent. La bureaucratie galopante, les réglementations qui s’accumulent, les trois années de crises où nous avons été dans la réponse immédiate, etc. Tout devient de plus en plus complexe. Cette tension vécue au quotidien, les agents la vivent en première ligne », commente Murielle Fabre. Quant à la surcharge de travail, « elle peut être liée aux métiers en tension notamment, où nous avons des difficultés de recrutement et qui vont s’aggraver, comme dans le périscolaire ».

Manque de reconnaissance

Autre grief largement partagé, le manque de reconnaissance dans leur travail. En raison notamment de leur statut (apprenti, stagiaire, contractuel). Près de sept jeunes sur dix s’en plaignent. Devant donc les rémunérations, jugées trop basses pour près de six jeunes sur six. La mauvaise image de la fonction publique pèse aussi sur eux, ce qui est sans doute un effet du « fonctionnaire bashing »  dénoncé par les maires pendant le congrès. « Le manque de reconnaissance est lié à la qualité de vie au travail, aux perspectives salariales, tout cela fait partie de l’attractivité. Et des outils dont les employeurs doivent se saisir. Mais dans un contexte éminemment complexe… », juge Murielle Fabre.

Dernières difficultés soulignées par l’enquête : les problèmes de logement (surtout à cause du statut de contractuel et des salaires trop bas) et de mobilité, pour 18 % des jeunes. Deux phénomènes qui se conjuguent pour allonger les trajets domicile-travail.

Un regret, l’enquête ne dissocie pas les trois fonctions publiques. « Or il aurait été intéressant de compléter l’enquête par des questions plus spécifiques à chacune des trois fonctions publiques », souligne Murielle Fabre.

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