Édition du mercredi 19 mars 2003
Le gouvernement relance les contrats emploi-solidarité et veut transformer le revenu minimum d'insertion en revenu minimum d'activité
Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et le ministre des Affaires sociales François Fillon ont annoncé, mardi, un effort supplémentaire de 300 millions d'euros pour tenter d'enrayer la montée continue du chômage.
Ainsi, contrairement à ce qui avait été annoncé lété dernier, le nombre de contrats emploi-solidarité (CES) financés par l'Etat, initialement fixé à 160000, passera à 240 000. En outre, la prise en charge à hauteur de 95% par l'Etat du coût d'un CES pour les jeunes en parcours «Trace» (trajet d'accès à l'emploi) ou en «chantier d'insertion» sera pérennisée.
Deux populations sont particulièrement visées : les jeunes, dont le taux de chômage a augmenté de 0,8% en un an, et les plus de 50 ans, victimes des pré-retraites.
Destinés aux chômeurs de longue durée, les contrats initiative emploi (CIE), créés par Alain Juppé en 1995 et délaissés par Lionel Jospin, seront relancés. Leur nombre va être porté de 55 000 à 80 000 sur l'ensemble de l'année.
Au delà de ces mesures de court terme, le gouvernement a confirmé la mise en uvre de plusieurs promesses de campagne de Jacques Chirac.
Un projet de loi sera déposé "dans les prochaines semaines" au Parlement pour transformer le revenu minimum d'insertion (RMI) en revenu minimum d'activité (RMA). L'objectif est de favoriser la reprise d'activité des RMIstes.
François Fillon a par ailleurs confirmé la création d'ici 2004 de 25 000 contrats d'insertion dans la vie sociale (Civis).
L'ensemble de ces mesures sera financé par les économies dégagées sur le budget général de l'Etat, et non sur les crédits de l'emploi, a promis Jean-Pierre Raffarin. "L'Etat ne fera pas d'économies sur le dos de l'emploi et sur le dos du social", a assuré le Premier ministre, présent à la fin de la conférence.
Pour le reste, le gouvernement a enjoint les partenaires sociaux d'"avancer plus vite" dans leurs négociations sur la création de l'assurance-emploi promise par Jacques Chirac pour garantir le droit à la formation tout au long de la vie. Si les négociations n'aboutissent pas, le gouvernement proposera "en tout état de cause" les modifications législatives nécessaires au Parlement dès cet automne, a menacé le ministre des Affaires sociales.
Attendues, ces mesures d'urgence, qui relèvent largement du traitement social à court terme, ont été jugées «insuffisantes» par les syndicats réunis au ministère des Affaires sociales pour la Conférence nationale pour l'emploi.
Alors que les plans sociaux se multiplient, le gouvernement entendait démontrer qu'il ne restait pas impuissant face à l'inquiétude numéro un des Français et répondre au vu de Jacques Chirac d'une "mobilisation nationale" pour l'emploi.
Depuis mai 2001, le chômage est reparti à la hausse en France. Fin janvier, 2,32 millions de personnes étaient à la recherche d'un emploi, soit 9,1% de la population active. Le ralentissement de la croissance et les conséquences de la guerre en Irak laissent augurer une nouvelle dégradation de la situation de l'emploi dans les mois à venir.
Face à cette situation critique, le gouvernement se trouve plutôt démuni en ces temps d'économies budgétaires. En raison de l'ampleur du déficit - 3,4% du PIB en 2003 - et des sanctions envisagées par Bruxelles, les marges de manuvre sont plus que réduites.
Après les plans sociaux qui ont défrayé la chronique ces derniers mois, le gouvernement s'est engagé à doubler le plafond de sa participation au financement des cellules de reclassement des salariés touchés par les plans sociaux.
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