Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 23 octobre 2012

Interview. Yves Blein, député du Rhône, maire de Feyzin et président d'Amaris : « C'est une page qui se tourne »

Maire-Info
Dans le cadre de PPRT, l’annonce de la prise en charge des travaux de sécurisation des particuliers à 40% par l’État est une excellente nouvelle pour vous ?
Oui, c’est un aboutissement heureux. 40% est un niveau de crédit d’impôts qui permettra, si on l’ajoute aux engagements des industriels et ceux des collectivités locales, de couvrir 90% de la dépense pour ceux qui ont à faire des travaux. Cela va permettre de rentrer dans une mise en Å“uvre concrète pour les riverains des sites Seveso. C’est donc une excellente nouvelle. Il faut bien comprendre que c’est avant tout un problème social : les gens qui habitent près des sites à risque, ce n’est pas pour y faire de l’investissement immobilier ! Ce sont les plus souvent des ménages peu fortunés, qui seraient dans l’impossibilité de faire les travaux sans une aide conséquente. Et d’ailleurs, les gens en faisaient – à juste titre je pense – une question de principe, et nous disaient que ce n’étaient pas à eux de payer, que dans ce cas, ils ne feraient pas les travaux. Ce crédit d’impôt à 15% était donc un vrai frein.
Maintenant, il ne reste qu’un petit bout de chemin à faire – les 10 derniers pour-cent – pour lesquels il faut laisser la place à la discussion locale. Le plafond de dépenses étant de 20 000 euros, cela ne représente plus que 2 000 euros, c’est faisable.

C’est aussi une bonne nouvelle pour les élus ?
Oui. Cela annonce une bonne coopération entre les élus d’Amaris et le gouvernement. Nous avons l’impression que le gouvernement a vraiment pris conscience de la situation, nous avons été reçu très rapidement par la ministre de l’Écologie Delphine Batho. Pour nous, c’est une page qui se tourne, et un climat de discussion qui va permettre de discuter sur d’autres évolutions de la loi.

Quelles évolutions attendez-vous ?
D’abord, il faudrait réfléchir à ce que la contribution des entreprises industrielles aux travaux des particuliers, qui est aujourd’hui volontaire, entre dans la loi – plutôt que de devoir négocier au cas par cas, comme nous le faisons aujourd’hui.
Deux autres sujets restent en chantier. D’abord, le fait que les activités économiques dans les zones à risque sont soumises aux mêmes prescriptions que les habitations. Pour nous, cela n’a pas de sens : dans les habitations, il y a des bébés, des personnes âgées, on y vit et on y dort, il est donc tout à fait normal que des travaux de sécurisation importants soient exigés. Mais dans les entreprises, il n’en va pas de même, on peut former les gens, les évacuer facilement. Pourtant, les mêmes mesures s’appliquent que pour le logement, mais sans aide ! Cela peut représenter d’énormes difficultés financières pour les petites entreprises. Ce problème n’a pas été vu clairement au moment de la loi. Il faut des mesures différenciées.
L’autre chantier concerne les emprises foncières des entreprises Seveso qui sont actuellement gelées, ce qui veut dire qu’elles ne peuvent pas s’étendre si elles désirent développer leur activité. C’est un vrai sujet : surtout dans la période que nous vivons, il n’est pas normal qu’une entreprise qui souhaite développer son activité – et donc développer l’emploi – ne puisse pas le faire. Il faut donc permettre à ces entreprises de pouvoir s’étendre et mobiliser du foncier.
Propos recueillis par F.L.

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