Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 5 juillet 2004
Décentralisation

« Pas question pour les élus socialistes d'être condamnés soit à augmenter les impôts locaux, soit à baisser un certain nombre de services », affirment les élus locaux PS

Cent jours après son succès aux élections régionales et cantonales et moins d'un mois après avoir gagné les européennes, le Parti socialiste a réuni plusieurs centaines de ses élus à Paris pour défendre la décentralisation, "une grande idée de la gauche", et dénoncer celle mise en place par le gouvernement Raffarin. Oubliant pour un jour leurs dissensions internes au sujet de la Constitution européenne, les socialistes ont voulu marquer tout ce qui les unit, en défendant leurs engagements pour la "participation démocratique", nom qu'ils donnent à la décentralisation "sinistrée" par l'actuel gouvernement. Une unité affichée avec une photo de famille prise à l'issue de cette réunion, les élus ceints de leur écharpe tricolore et rassemblés autour de la direction du parti. Ce rassemblement des élus socialistes, premier du genre organisé à l'initiative de Laurent Fabius, numéro 2 du PS et secrétaire national aux élus et aux territoires, a également été l'occasion de critiquer tous azimuts la politique du gouvernement Raffarin, "toujours là malgré la clarté du vote et la limpidité du message" des électeurs, selon les mots de François Hollande, secrétaire national. "La situation est insupportable", a lancé Laurent Fabius, en accusant la droite de "parler de responsabilité mais de pratiquer surtout la défausse". "Nous devons émettre une protestation solennelle" contre cette politique qui se "défausse sur ses prédécesseurs, ses successeurs, sur les salaires et sur les collectivités", a-t-il assuré. De fait, tous les intervenants ont dénoncé la politique de transferts de compétences de l'Etat vers les régions, non compensés selon eux par un transfert suffisant de moyens financiers. Pas question pour les élus socialistes d'être condamnés "soit à augmenter les impôts locaux, soit à baisser un certain nombre de services". Pour sa part, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, parlant du "rapt de l'Etat", a été très direct: "Nous devons demander (au gouvernement) d'appliquer la Constitution et de nous rembourser ce qu'il a déjà dérobé aux citoyens en 2004". S'adressant au "réseau d'élus locaux le plus important de France" qui "donnent un visage quotidien à nos convictions socialistes", M. Fabius a tracé trois pistes de travail autour de la "démocratie territoriale" pour "contrer la casse territoriale opérée par la droite": la simplification administrative "pour sortir de l'enchevêtrement actuel", la solidarité tant pour la fiscalité que pour les services publics et la participation en amplifiant le rôle des "comités de suivi des engagements pris". Le PS, généralement décisionnaire dans la plupart des grandes collectivités françaises – la gauche dirige 20 des 22 régions métropolitaines, mais aussi près de la moitié des départements et une petite majorité de communes de plus de 10 000 habitants-, ne veut pas pour autant se contenter de critiquer. Son premier secrétaire a lancé un appel à "se mobiliser comme jamais" car, a-t-il assuré, "c'est maintenant que nous préparons l'alternance". "C'est un moment important", a-t-il dit car "c'est notre dernier acte politique fort avant la pause estivale", dont le gouvernement va profiter pour "passer en force sur tous les dossiers au coeur de nos campagnes électorales". "Nous n'exerçons pas le pouvoir, nous ne le partageons pas, nous le subissons" et, alors que "nous vivons une douloureuse fin de règne (...) le cynisme a atteint des excès que nous ne pouvons pas admettre en démocratie", a-t-il assuré.c

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