Maire-info
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Édition du mardi 11 juin 2013
Énergie

Précarité énergétique : le médiateur de l'énergie tire le signal d'alarme

Le médiateur national de l’énergie, Denis Merville, publie aujourd’hui son rapport d’activité 2012. D’une forme originale, ce volumineux rapport de 200 pages est construit sous la forme d’un abécédaire qui, de « acquis » à « zoom » en passant par « bonus-malus », « Linky » ou « surendettement », détaille l’activité de la médiation nationale au cours de l’année dernière.
Le constat de Denis Merville — également président de la commission environnement et développement durable de l’AMF — est clair : la précarité énergétique s’aggrave d’année en année. Ce sont aujourd’hui, selon lui, 8 millions de personnes qui ont des difficultés à régler leur facture d’énergie. Et le vote de la loi Brottes, qui a doublé le nombre de bénéficiaires des tarifs sociaux, n’y changera pas forcément grand-chose rapidement : le médiateur a déclaré à l’AFP que les barrières administratives et techniques ne permettront pas à la loi de trouver une concrétisation pour les ménages concernés avant l’hiver prochain, voire le suivant.
Quelques chiffres : selon le rapport, le nombre de dossiers traités par le médiateur liés à des difficultés de paiement est passé de 15% en 2011 à 18% en 2012. Par ailleurs, 42% des ménages – selon une enquête menée auprès des consommateurs – «
affirment avoir restreint leur chauffage au cours de l’hiver dernier ».
Denis Merville invite donc les pouvoirs publics à « prendre le problème à bras le corps », et recommande plusieurs mesures pour traiter la question de la précarité énergétique : « plus de visibilité » sur les tarifs, avec des hausses planifiées longtemps à l’avance plutôt que des rattrapages plus ou moins aléatoires ; mais surtout l’instauration d’un « chèque-énergie ». « Les tarifs sociaux ne sont pas un outil suffisamment efficace pour faire reculer la précarité énergétique », écrit le médiateur. « Le nombre de leurs bénéficiaires réels peine à dépasser la moitié du nombre d’ayants-droits. » Il propose donc d’instaurer un chèque énergie, dispositif qui serait doté d’un fonds d’un milliard d’euros – à comparer aux quelque 200 millions que coûtent les tarifs sociaux.
Denis Merville propose également que, comme cela existe dans le domaine bancaire par exemple, il soit créé un « fournisseur de dernier recours », pour les consommateurs dont la situation financière ne permet pas de trouver un fournisseur, et pour éviter que des ménages se trouvent tout simplement privés d’électricité ou de gaz – l’énergie étant, pour Denis Merville, « un bien essentiel dont l’accès doit être garanti aux plus vulnérables ». 

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