Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 21 décembre 2015
Logement

Mal-logement : tous les indicateurs au rouge

La Fondation Abbé-Pierre a rendu public, en fin de semaine dernière, ses derniers chiffres du mal-logement. Sans surprise, hélas, ils sont très mauvais : dans presque tous les domaines étudiés, la situation s’aggrave. Il y a aujourd’hui 3,8 millions de personnes mal logées et 12,1 millions de personnes « fragilisées par rapport au logement ».
Ces données ont été obtenues en croisant les chiffres de l’enquête nationale logement de l’Insee et les propres chiffres de la fondation. Il en ressort que la crise du logement s’aggrave, non seulement à cause d’une offre insuffisante, mais également à cause de l’aggravation de la situation économique de certains ménages, qui ont un logement mais pour qui la part occupée par le loyer devient démesurée par rapport à leurs revenus.
Ce sont donc 3,8 millions de personnes qui sont touchées par le mal-logement, dont presque 900 000 n’ont aucun logement et 640 000 sont hébergées chez des tiers de manière contrainte. 2,9 millions de personnes vivent « dans des conditions très difficiles »  (sans confort élémentaire, dans des logements très dégradés, etc.). Enfin, toujours dans la catégorie du mal-logement, 934 000 personnes vivent en « surpeuplement accentué »  (c’est-à-dire qu’il leur manque « deux pièces par rapport aux normes de peuplement » ).
Au-delà de ce « noyau dur », il y a 12 millions de personnes qui sont en situation de « fragilité »  du point de vue du logement : situation de surpeuplement modéré, situation d’impayés de loyer ou de charges, copropriétés en difficulté…
En termes d’évolution, les chiffres sont plus qu’inquiétants. Les seuls indicateurs qui sont au vert concernent les personnes qui vivent sans salle de bain ni toilettes : ces logements ne représentent plus que 0,7 % du parc, en diminution de 40 % depuis 2006. Pour le reste, le mal logement s’aggrave dans tous les domaines. De 2001 à aujourd’hui, le nombre de SDF a augmenté de 50 % ! Le nombre de personnes hébergées chez des tiers a crû de 19% dans les dix dernières années ; celui des victimes du surpeuplement, de 17 %. D’autres chiffres sont plus alarmants encore. Le pourcentage des personnes déclarant avoir froid à leur domicile a augmenté de 72 % en vingt ans. Il atteint presque 20 % des personnes interrogées en 2013 : 11 millions de personnes sont touchées par ce phénomène que ce soit parce qu’ils restreignent le chauffage à cause du prix de l’énergie ou à cause de la mauvaise isolation de leur logement, ou les deux.
Autre chiffre en forte augmentation : celui des personnes dites « en taux d’effort financier excessif ». Il s’agit des personnes qui consacrent plus de 35 % de leurs revenus à leurs dépenses de logement. Leur nombre a augmenté de 42 % de 2006 à aujourd’hui, et il représente aujourd’hui 5,3 millions de ménages. En cause, le double effet de la hausse des loyers et de la stagnation, voire de la baisse, des revenus. Selon l’Insee, les dépenses de logement ont augmenté de 3,1 % par an entre 2002 et 2013, et même de 5,5 % en HLM… très au-dessus des 1,15 % d’augmentation annuelle des revenus constatée par l’Insee.
Dernier élément – qui ne va pas non plus, c’est le moins que l’on puisse dire, dans le bon sens : l’offre de logements sociaux n’augmente pas assez pour compenser, même partiellement, cet appauvrissement de la population. Dans les cinq dernières années, le nombre de demandeurs HLM en attente depuis plus d’un an a augmenté de 24 %. Dans la même période, le nombre de locataires de HLM ayant accédé à la propriété s’est effondré de 27 %.
F.L.
Télécharger l’étude de la fondation Abbé-Pierre.


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